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Le bandit était venu tranquillement à la banque comme un client ordinaire. Personne parmi les gardes à l’entrée n’avait prêté attention à son aspect tout à fait ordinaire. C’était monsieur tout le monde. Le sac qu’il portait à la main n’avait rien de particulier, même aux yeux de l’agent de sécurité le plus sourcilleux. En cette heure de grande affluence, il est passé sans encombre jusqu’au guichet au fond, du côté gauche, sans éveiller les soupçons.

Avait-il fait un repérage des lieux ? On ne sait, mais il lui a été loisible sans attirer les regards d’accéder au premier guichet. Là, la caissière Fatoumata Kanakomo a eu la frayeur de sa vie en se retrouvant nez à nez avec le canon du gros pistolet du bandit braqué sur elle !

Que pouvait-elle faire d’autre sinon obéïr à la voix menaçante de son vis-à-vis au visage dur qui lui intimait l’ordre de remplir le gros sac qu’il lui tendait ? Toute tremblante elle se mit à entasser les liasses de grosses coupures de 10.000 et 5000 francs dans le sac. Il voulu avoir le même scénario avec la tenancière de la caisse N 2, mais celle-là resista.

C’est là qu’il tira pour dissuader. Toute chose qui finit par éveiller les soupçons du caporal chef Mahamadou Doumbia, un garde de la Compagnie Territoriale du District posté à l’intérieur de la Banque avec une vue panoramique sur les guichets d’en face. Ce qui explique que la banque est bien sécurisée.

Sans aucune hésitation, il se dirigea vers la caisse. Le malfrat voulut s’esquiver, mais le garde lui intima de jeter son sac et son arme. Instinctivement il tourna l’arme vers l’agent de sécurité, le doigt sur la détente. Ce dernier, sentant le danger, déclencha immédiatement une rafale de son pistolet mitrailleur qui fracassa une vitre et la main du bandit. Le sang gicla sur le carrelage. Le bandit ne voulait toujours pas se rendre le sac des billets accroché à son corps.

Le garde très lucidement, ordonna au chef de caisse Bouaré qui suivait, tétanisé par les événements, de dégager de la ligne de mire, alors que son supérieur et chef de poste le Sergent-chef Sidi Amadia venait à la rescousse.
Le braqueur, avant de tenter quoi que ce soit d’autre reçut une rafale de l’arme du garde Mahamadou Diallo.

Il s’écroula en hurlant, son sang répandu de plus belle sur le carrelage. Pendant ce temps, à l’intérieur de la Banque, c’était la panique totale. Tout le monde s’était jeté à terre pour ne pas recevoir une balle perdue, la main sur la tête.

Quelque temps après, les renforts vinrent de toutes parts car toutes les forces de police et même la gendarmerie de la brigade Territoriale avaient été alertées.

Le bandit, les os fracassés par les balles, saignant de toutes ses blessures, a été ramassé par les forces de sécurité et conduit à l’hôpital. De son premier interrogatoire il ressort qu’il n’avait apparemment pas de complice posté à l’intérieur de la banque ni en dehors alors qu’il accomplissait son forfait.

Les enquêtes sont en cours pour savoir la véritable identité du malfrat. Mais en attendant, selon les informations que nous avons recueillies, l’auteur de cet acte de banditisme se nomme Mamadou Ogoboro Timbely, né en 1961 et serait élève coranique.

Comment cette tentative audacieuse a-t-elle été possible? L’audace de l’homme s’explique en partie par les innombrables gris-gris retrouvés sur lui. Après son arrestation, il a été privé de tous ces gris-gris.

Beaucoup de gens pensent que son malheur vient du fait qu’il a cru que cet arsenal pouvait lui permettre d’être miraculeux et d’atteindre par conséquent son objectif. Il aura donc appris à ses dépens que cela n’était pas la meilleure manière de se faire de l’argent

Cette affaire ne trouble pas outre mesure l’esprit de M. Daffé, PDG de la BDM.SA. Tout en saluant l’acte courageux du caporal chef Mahamadou Doumbia dont la bravoure et la lucidité devant le danger ont certainement permis de sauver des vies humaines, M. Daffé a estimé que cette tentative était voué à l’échec, tant les mesures de sécurité mises en place, sont rationnelles, sérieuses et optimales : l’alarme est immédiate et les forces de l’ordre équipées pour intervenir dans les minutes suivantes. En un mot comme en cent, ses clients peuvent dormir tranquilles.

Leur argent est en totale sécurité à la BDM.SA.

Oumar COULIBALY

17 Mars 2005