4- Des tentatives, ces expériences osées !
Il y a de cela plus d’une décennie sous la direction de M. Cheick Sadibou Cissé de l’Ordre des Architectes du Mali (OAM) a fait aux autorités compétentes des propositions de solutions alternatives au logement des maliens en particulier.
Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts : des solutions maisons sandwichs de l’architecte et homme d’affaires sénégalais » Goudiaby » en 1991 aux 1008 logements en 2004 (toutes deux initiatives de ATT) en passant par la cité de Garantiguibougou (solution Alpha Oumar Konaré) en attente toujours de leur inauguration.
L’ennemi du lièvre lui reconnaîtra néanmoins sa vitesse
Depuis toujours, nos gouvernants ont exprimé au plus haut niveau de l’Etat leur volonté actuellement exprimée de vouloir résoudre le problème de l’habitat pour le ménage malien.
Même si nos mémoires sont encore fraîches et se souviennent des solutions de Alpha et de Amadou, il serait juste de rappeler celles de leurs illustres prédécesseurs :
– la colonisation française, avec les opérations » cité » : cité des infirmiers (au quartier de Quinzambougou), cité des enseignants (au quartier de Bolibana), cité des fonctionnaires (magnifiques villas ministérielles sur la route de Koulouba) et cité des docteurs (la pâté de maisons qui s’étale du restaurant San toro à l’hôtel les hirondelles) ;
– après les indépendances, le régime de l’US-RDA a entamé avec les opérations immobilières pionnières de la SEMA si je ne me trompe, la suite de la réalisation de la cité pour des enseignants ;
– le régime militaire qui a cédé la place au parti unique UDPM a continué avec les opérations SEMA. Il faut reconnaître à leur actif aussi, la tenue des premiers états généraux ou forums sur la question du logement au Mali, de l’opération Dix immeubles du quartier de Faladiè, totalisant 80 appartements ainsi que des opérations PUM de Magnambougou et de Baco Djicoroni.
Sommes nous jamais rassasiés et responsables pour autant ?
Il faut reconnaître que ces opérations de charme se sont manifestées au niveau de la capitale Bamako, laissant les villes orphelines. Un acquis très important reste aussi la recherche de la technologie et des matériaux de construction effectuée par les gouvernants à des degrés divers.
Malgré ces multiples efforts, les ménages sont toujours nécessiteux en surface habitable : la population est sans cesse grandissante et les villes se peuplent de jour en jour de manière désordonnée et incontrôlable.
Cela, témoigne-t-il de l’échec des professionnels que nous sommes face à nos responsabilités ? Avons-nous su prodiguer les solutions adéquates ? Si oui, avons-nous été écouté ? Des questions entre autres, qui méritent un examen de conscience de notre part, nous les professionnels autoproclamés.
Et si on appréciait et conjuguait les efforts consentis et à fournir !
De multiples efforts ont été fournis par tous les acteurs du processus de construction. Bien que parfois timides, ces efforts sont un fait réel et historique. Il faut les saluer c’est vrai mais en saisir l’occasion, qui est unique d’ailleurs, pour mobiliser toutes les énergies potentielles à la fois des:
– institutions nationales (départements et services techniques, associations diverses, ordres professionnels et secteurs informels),
– opérateurs économiques (financiers, aménageurs, constructeurs, industriels du bâtiment et connexes),
– ménages (aspirant sous diverses formes au logement en tant que propriétaires, locataires, épargnants).
Comment y parvenir de façon utile?
Pour y parvenir à notre avis, il faut poser le problème de l’habitat de façon intégrale, c’est à dire en ne le dissociant pas du problème urbain sur toute l’étendue du territoire, mais plutôt en le plongeant dans le contexte socio-économique du pays, et ce pour toutes les couches de la population.
A la lancinante question… ?
Comment procurer à chaque ménage malien un logement décent, correct, et agréable au moindre coût pour lui, en tant que propriétaire ou locataire, dans un cadre de développement intégré et sécurisé, rationnel et fonctionnel, sain et agréable aux moindres coûts pour la collectivité urbaine concernée et pour l’état?
… sa réponse … :
En élaborant une stratégie consensuelle engageant l’état, les institutions professionnelles, les opérateurs économiques et la société civile.
Il nous semble que cette stratégie, tant demandée, souhaitée et indispensable, doit passer forcément par l’organisation d’états généraux du BTP.
Les 3 H : Head, Heart et Haud
L’aspect consensuel est important car en effet toutes grandes réalisations impliquent nécessairement les 3 H (Head, Heart et Haud).
Il faut se souvenir que la technique seule n’aurait pas suffit à la construction des pyramides d’Egypte, de même que la seule volonté des Pharaons non plus, encore moins le seul système institutionnel mobilisateur (despotisme et esclavage hélas!).
Seuls les 3 H intégrés par la forte puissance mobilisatrice des Pharaons y ont suffi
A problème national, solution concertée !
La solution de tout grand problème national a deux composantes:
– une politique, et
– une, technique.
Abréviations
BTP – Bâtiments et Travaux Publics
OAM – Ordre des Architectes du Mali
ATT – Amadou Toumani Touré
US RDA – Union Soudanaise Rassemblement Démocratique Africain
SEMA – Société d’Equipements du Mali
UDPM – Union Démocratique du Peuple Malien
PUM – Projet Urbain du Mali
(à suivre)
28/12/2004
Cheich Abd El Kader, architecte
–abdelkader@afribone.net.ml
–abdelkader@Koulikoro.net