1- Les entreprises locales doivent-elles réclamer leur part ?
Cette profonde mutation, par son dynamisme, entraîne tous les secteurs industriels et commerciaux, aussi bien formels qu’informels, comme pour attester le célèbre proverbe qui veut que « Quand le bâtiment va, tout va ».
Dans ce gigantesque et important dédale de développement national, quelle part est réservée aux entreprises nationales? Tout simplement, que vaut la valeur ajoutée sur le plan social, seul et unique moteur d’une véritable croissance socio-économique?
Le rêve, en cours de conception
Il y a bientôt deux décennies que, programme d’ajustement structurel obligeant, le Mali a l’instar de plusieurs pays africains s’est engagé dans un programme de réalisation de projets de développement urbain. Un vaste programme qui ambitionnait de relancer l’économie nationale par la dynamisation du secteur privé, le rehaussement de la capacité technique et technologique et la création d’emplois pérennes. Avec bien sûr le concours, l’implication et l’assistance des institutions de Bretton Woods: le FMI et la Banque mondiale.
Oh, quand cette manne fait rêver…!
Ainsi, à l’image de plusieurs pays africains, le Mali a souscrit à cette politique dans l’espoir de faire décoller les secteurs de l’habitat et trouver une solution intermédiaire à la fuite de ses cerveaux et au chômage sans cesse croissant de sa population laborieuse. La construction de bâtiments et d’infrastructures, représentant une part importante des investissements, était supposée s’inscrire dans cette politique salutaire. Depuis, de nouvelles réalisation ont poussé de partout: des lotissements tramées et viabilisés aux programmes et campagne de promotion immobilière en passant par la construction de petites ou grandes maisons
… et nous échappe !
A qui a profité cette manne? Aux entreprises nationales ou étrangères. Au Mali, qui a construit des routes telles que la voie express? La nouvelle route de l’aéroport? Les multiples voiries et réseaux divers de Bamako? Quelles sont les entreprises et bureaux d’études qui ont exécutés les 1er & 2ème projets urbains? Dois-je citer le projet de développement urbain et décentralisation?
A quelle proportion les nationaux ont-ils pris part à ces divers projets? A l’examen de ses multiples réalisations une forte tendance se dégage plutôt pour les entreprises étrangères, même si certaines sont de droit malien.
Notre pays est-il l’unique en Afrique dans ce domaine?
Le Mali ne se distingue pas en Afrique par cette singularité. Posez-vous la question: Qui a mené le chantier du métro du Caire? Qui a conduit les gigantesques chantiers d’Abuja, la nouvelle capitale du Nigeria? Qui a construit la Grande mosquée de Rabat? Et la Grande basilique de Yamoussokro? Pour ne citer que ces quelques exemples.
Quid de la part des nationaux?
Les professionnels locaux réclament leur part. Encore faut-il qu’ils arrivent à surmonter leurs multiples handicaps et embûches. Ces innombrables freins, et non des moindres dans l’acte de bâtir, se nomment: absence de surface financière, manque d’équipements, méfiance des institutions nationales et internationales de financement, absence totale de volonté politique exprimée et encore moins de tentative de soutien aux cadres nationaux, etc.
Et quelles raisons évoquent-on?
Il arrive très souvent que l’on entende parler de compétences, de savoir-faire et de sérieux dans les approches des africains. Le chat va t’il continuer à se cacher toujours derrière la souris? Non en effet il est difficile d’évoquer toujours l’incompétence des africains. N’a t’on pas fait les mêmes écoles en occident ou en orient?
Autre raisons?
On évoque souvent la qualité des ouvrages réalisés. La petite réponse à cela est que: la majorité des travaux des entreprises étrangères est réalisée en sous-traitance par les nationales. Aussi faut-il retenir que le personnel d’exécution de ses entreprises étrangères est lui national.
Autres raisons?
Alors que va t-on évoquer encore?
(à suivre)
01/12/2004
Cheich Abd El Kader, architecte