Partager

L’Alliance pour la Démocratie au Mali-Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (ADEMA-PASJ), qui a dirigé le Mali pendant 10 ans (1992-2002), vit présentement une énième crise de son évolution.En effet, le parti de l’Abeille, est menacé par une autre scission, due à l’entêtement de certains de ses barons de vouloir régler des comptes avec le président de l’Association des Municipalités du Mali (AMM), M. Abdel Kader Sidibé, maire de la Commune III et candidat à sa propre succession pour un second mandat à la tête de l’AMM.

Et pourtant, la crise pouvait être évité si le choix de Boubacar Bah dit “Bill” comme candidat du parti, avait été fait de façon démocratique et dans la transparence. Au départ, le président de l’ADEMA, M. Dioncounda Traoré, également président de l’Assemblée Nationale, qui a fait semblant de jouer au spectateur, exécute en ce moment le rôle de sapeur-pompier.

Afin de convaincre Kader de retirer sa candidature au profit de Bill, Dioncounda, selon certaines sources, a accordé une audience au maire de la Commune III du District de Bamako, le mercredi 17 mars 2010 à l’Assemblée Nationale. Est-il utile au moment que Kader justifie les raisons de sa candidature ?

Pourquoi Dioncounda ne sait-il pas lever tôt avant que la bataille ne commence ? Comme on le dit en Bambara : ni kèlè kumbora, Mariba-yassa don tè o gna. Traduction : quand la guerre éclate, la danse du “Mariba-yassa” ne pourra rien servir. Autrement dit, prévenir vaut mieux que de guérir.

La menace de sanction contre Kader, est-ce la solution ?

Face à la persistance du maire de la Commune III d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire son élection à la tête de l’Association des Municipalités du Mali dans les règles de l’art, les partisans de Bill brandissent l’arme de la sanction disciplinaire contre Kader.

Le même baton risque de frapper Adama Noumpouno Diarra, maire de la commune rurale de Kourouma et candidat des municipalités de la région de Sikasso pour la présidence de l’AMM. Mais, Adama N. Diarra, selon certaines sources, serait prêt à soutenir Kader, qui lui aurait réservé un poste stratégique au cas où ils (les deux hommes) gagneraient la bataille.

Les adversaires de Kader soutiennent que celui-ci a été élu en 2004 pour la première fois comme président de l’AMM dans les mêmes conditions qui prévalent aujourd’hui. Les partisans de Bill rappellent que le maire du District d’alors, feu Moussa Badoulaye Traoré, était candidat à l’époque au même titre que Abdel Kader Sidibé.

Mais puisque le maire de la Commune III était le candidat désigné du parti, Moussa Badoulaye (paix à son âme) se serait plié par discipline. Est-ce à dire que Kader est “indiscipliné” ? Nous ne saurons l’affirmer car, les arguments développés par Abdel Kader Sidibé pour justifier sa candidature, sont d’ordre statutaire et règlementaire de l’AMM et non politique.

En effet, lors d’une conférence de presse qu’il a animé au siège de l’AMM, le 12 mars 2010, en compagnie des maires signataires d’une déclaration datant du 23 janvier dernier à Mopti, il ressort que le problème de l’AMM est né de l’ingérence de l’ADEMA et de ses alliés politiques de circonstance dans les affaires d’une association apolitique et laïque.

Il faut rappeler que les maires signataires de la déclaration de Mopti sont entre autres : Mme seck Oumou Sall, maire de Goundam, Oumar Bathily, maire de Mopti, Adama N. Diarra, maire de Kourouma

Le statut et les objectifs de l’association

En effet, l’article 6 de l’AMM stipule que “l’Association des Municipalités du Mali a pour but de participer à la sauvegarde de la libre administration des collectivités territoriales et à l’approfondissement de la démocratie locale”.

L’article 7 parle des objectifs de l’Association qui sont entre autres :

– contribuer au renforcement de la décentralisation,

– renforcer les capacités de ses membres,

– promouvoir l’administration communale,

– favoriser la participation de tous les acteurs locaux au développement de leurs communes,

– servir d’interface entre les communes et les pouvoirs publics d’une part, entre les communes et les partenaires d’autre part, promouvoir la coopération entre les communes maliennes d’une part et d’autre part entre celles-ci et les communes ou organismes d’autres pays ayant les mêmes objectifs.

La jurisprudence Malienne de l’ADEMA

Dans l’histoire politique du Mali, on retient que le Pr. Aly Nouhoum Diallo a été durant (1992-2002), le président de l’Assemblée Nationale. Durant son premier mandat au perchoir (1912-1997), Dioncounda était au gouvernement. A la faveur des législatives de 1997, il fut élu député à l’Assemblée Nationale.

En ce moment, il était l’un des vice-présidents de l’ADEMA et Aly Nouhoum Diallo, secrétaire politique du parti. De ce fait, il voudrait être le président de l’Assemblée Nationale. Mais Alpha Oumar Konaré, président de la République à l’époque, lui a dit qu’Aly Nouhoum Diallo n’a pas démérité durant son 1er mandat et qu’il n’y a aucune raison de ne pas le reconduire pour un second mandat.

Depuis, l’ADEMA a toujours reconduit ses missionnaires qui le méritent.
C’est pourquoi ADEMA Sangaré à la mairie du District, Oumarou Ag Ibrahim au Haut Conseil des Collectivités entre autres ont été reconduits à la tête de leurs structures respectivement.

Dès lors, une jurisprudence s’est installée en règle d’or à l’ADEMA. Pourquoi ne pas reconduire Abdel Kader Sidibé à la tête de l’AMM pour un second mandat ? En tout cas, le dernier congrès de l’ADEMA lui a adressé une motion de félicitation pour le bon travail qu’il a accompli à la tête de l’AMM.

Quel bilan pour le premier mandat de Kader ?

Le président sortant de l’Association des Municipalités du Mali, M. Abdel Kader Sidibé, a un bilan qui milite à la faveur de sa reconduction. Depuis 2004 et bien avant même, il a initié des projets en direction des communes de l’intérieur.

Le dernier projet qu’il a initié avec le gouvernement, est
“l’intercommunalité”, qui vise à regrouper plusieurs communes autour d’un projet mais qui sera mis en œuvre dans chacune des communes qui la compose.

C’est à partir de 2010 que “l’intercommunalité” rentrera dans sa phase active. Dans un premier temps, le projet coûtera 10 milliards F CFA et créera plus de 2 000 emplois. Il touche à tous les cercles du Mali.

Abdel Kader Sidibé, qui a été l’un des acteurs de ce projet, mérite qu’il soit là au moment de son exécution.

De tout ce qui précède, Dioucounda Traoré était suffisamment averti. D’ailleurs, dans une correspondance datant du 12 juin 2009, Abdel Kader Sidibé lui faisait savoir qu’il est candidat à sa propre succession pour un second mandat après que le premier soit couronné de succès.

Dioncounda le pompier-pyromane

Il fut d’ailleurs le premier à faire acte de candidature pour la présidence de l’AMM, ensuite, Boubacar Bah et Adama N. Diarra. Mais finalement, le dossier de candidature du maire de Kourouma, a été rejeté pour cause de forclusion parce qu’il n’a pas été déposé dans le délai. Seuls Kader et Bill restaient dans la course au nom de l’ADEMA.

De façon arbitraire, un groupe de cadres influents du PASJ a imposé Bill comme candidat avec la bénédiction du Président de l’ADEMA. Alors, pourquoi Dioncounda fait semblant de jouer au pompier alors que c’est lui même qui a allumé le feu qui brûle aujourd’hui le PASJ ?

Daba Balla KEITA

19 Mars 2010.