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Le Président de la République, Amadou Toumani Touré, a procédé, le samedi 6 février, au lancement des travaux de construction du barrage de Taoussa. C’était en présence du Premier ministre, Modibo Sidibé, d’une dizaine de ministres dont Mamadou Igor Diarra de l’Energie et de l’eau, d’une quarantaine de députés, du Président de la Banque islamique de développement, chef de file des bailleurs de fonds, des ambassadeurs, des gouverneurs des régions du Nord et de plusieurs invités de marque.

Les populations de Gao, Bourem et Taoussa ont réservé un accueil des plus chaleureux au Président ATT et à sa délégation. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le jeu en valait la chandelle.

En effet, il s’agissait du lancement des travaux du plus grand chantier de génie civil engagé dans les régions du Nord de notre pays depuis son accession à l’indépendance en 1960. «Ce qui était une légende, puis une histoire, est devenu aujourd’hui une réalité» a déclaré un ressortissanr du Nord qui avait caressé ce rêve 50 ans durant.

La cérémonie de ce samedi 6 février a commencé par une lecture du Saint Coran au cours de laquelle, l’imam de Taoussa a formulé des bénédictions pour la réussite des travaux tant attendus par les populations bénéficiaires.

A la suite de l’imam, l’honneur est revenu au préfet de Bourem, Mohamed Sangaré, de souhaiter la bienvenue aux hôtes.

Selon lui, cette cérémonie signifie la concrétisation d’un rêve et le début d’une réalité qui marquera à jamais et de façon profonde la vie des populations de la région.

«Ce barrage crée, à n’en pas douter, la plus grande opportunité pour un développement durable des régions du Nord Mali et singulièrement du cercle de Bourem. Il permettra de minimiser les effets néfastes des aléas climatiques et les déficits alimentaires qui en découlent et de mettre fin à l’exode massif des bras valides pour peu que les populations acceptent de s’investir dans le cadre des nouvelles opportunités qui seront offertes» a soutenu le préfet de Bourem.

La concrétisation de ce projet datant de la période coloniale a été rendue possible grâce au soutien indéfectible de la Banque islamique de développement (BID) dont le Président, le Docteur Ahamad Mohamed Ali, est un ami du Mali car, il fait de tout ce qui concerne notre pays, son affaire personnelle.

C’est pourquoi, il a dit haut et fort, sa joie de participer à cette fête en ce jour historique et en ce lieu béni de Taoussa. Après avoir adressé ses sincères remerciements au chef de l’Etat pour avoir traduit, selon lui, en actes concrets les grandes aspirations des populations, le Président de la BID de noter que «ce barrage permettra d’assurer la sécurité alimentaire et les besoins en eau et en électricité».

Très touché par la chaleur de l’accueil, l’hôte du Président ATT n’a pu s’empêcher d’ouvrir son cœur : «Au nom de la BID, nous vous signifions notre gratitude pour l’accueil dont nous sommes l’objet. Le privilège que vous nous faites, M. le Président, en nous associant à cette fête nous marque profondément. Cela est d’autant plus important que l’événement est placé sous votre présidence, ce qui prouve votre attachement à votre pays et à son développement».

Il ne fait aucun doute que la réalisation du barrage de Taoussa permettra de faire face à des besoins fondamentaux des populations. Et cela a effectivement attiré l’attention du Docteur Ahamad Mohamed Ali : «M. le Président, votre combat pour un Mali nouveau nous inspire de l’admiration pour vous. Sachant que ce barrage permettra de satisfaire les besoins essentiels des populations, la BID ne ménagera aucun effort pour sa réalisation».

Le ministre de l’Energie et de l’eau, Mamadou Igor Diarra était l’homme le plus heureux de cet événement.

En effet, depuis son arrivée à la tête de ce département stratégique, il ne cesse de lui imprimer sa marque. Si bien que l’eau potable et l’électricité qui étaient, jusque là, considérées comme un luxe, sont en train de devenir accessibles aux populations rurales.

Après avoir salué les partenaires techniques et financiers pour leur accompagnement, le ministre Diarra a fait ressortir les principaux avantages liés à ce barrage qui renferme tant d’espoir.

«La centrale du barrage fournira 118 GWh /an, avec une puissance installée de 25 MW couvrant ainsi 87% des besoins à terme de la zone du projet notamment Gao, Bourem et Bamba, besoins estimés à 137 GWh».

En aval, le barrage permettra le maintien d’un débit minimal garanti de 75 m3/sec jusqu’à la frontière ainsi qu’une relative régularisation des crues. En amont, la création de la retenue du barrage entraînera un déplacement latéral des populations et une extension accompagnée d’un déplacement des zones de pâturages et de cultures de submersion.

D’autres impacts positifs non moins importants sont attendus sur les transports avec la construction de la route Taoussa-Gao en passant par Bourem et la complémentarité fleuve-route au niveau du port de Taoussa, ainsi que sur l’artisanat agro-alimentaire et le commerce. Ainsi, le taux d’activité de la population rurale passera de 42% à 97% avec des revenus monétaires par famille passant de 50.000 FCFA/an à 500.000 FCFA/an.

Les infrastructures routières, énergétiques et sociales, réalisées dans le cadre du projet, contribueront à la lutte contre la pauvreté et amélioreront les conditions de vie des populations.

«Après Felou et après ce 5ème barrage dont les travaux seront lancés, mais aussi avec les deux autres en gestation à savoir Kenié et Gouina, notre pays est sur la voie de se classer au 3ème rang des 15 pays de la CEDEAO disposant de plus d’infrastructures hydro-électriques, avec une véritable expertise d’exploitation nationale qui n’a cessé de se consolider au fil des ans» a déclaré le ministre de l’Energie et de l’eau.

«Avec la pose de la première pierre du barrage de Taoussa, le Président ATT vient de concrétiser, après le pont de Wabaria, un deuxième acte pour lequel les populations du Nord lui seront éternellement reconnaissantes» a déclaré un politique local.

Qualifiant la cérémonie comme étant un hymne à la paix, le Président Amadou Toumani Touré a lancé une invite à la réconciliation des cœurs et des esprits. Ainsi, a-t-il déclaré : «La paix devient une simple profession de foi lorsqu’elle n’est pas adossée à un processus de développement pouvant atténuer les facteurs de conflits et offrir de réelles perspectives aux communautés pour la satisfaction de leurs besoins essentiels».

Appréciant les immenses efforts déployés par la BID pour le développement de notre pays le Président ATT a tenu à lui exprimer la reconnaissance de l’ensemble du peuple malien.

Le barrage de Taoussa et ses ouvrages annexes comprennent, entre autres, une digue en enrochement à noyau étanche de 800m de long, un quai de 100mx5, deux lignes haute tension (90 kv) de longueurs respectives 90 et 120 km, un évacuateur de crue de 10 passes ayant une capacité totale de 3300 m3/s.

Le projet est d’un coût global de 130 milliards de FCFA pour lequel, en plus de la participation de l’Etat du Mali, les appuis sont assurés par : la Banque islamique de développement, le fonds saoudien, le Fonds koweitien, la BOAD, la BADEA, le Fonds de l’OPEP, la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO, le Fonds d’Abu Dhabi, la Banque mondiale et la Banque import export de la Chine.

Diakaridia YOSSI

09 Février 2010.