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Créée pour permettre l’accès des plus démunis au crédit bancaire, la Banque malienne de solidarité (BMS-SA), après six ans d’existence, est loin d’avoir démérité. Elle est même en train de devenir un pôle d’excellence, malgré des difficultés qu’elle sera obligée de résoudre.

Au bilan clos au 31 décembre 2007, la Banque malienne de solidarité (BMS) présente au plan des ressources, une mobilisation d’épargne auprès de la clientèle de 32,567 milliards de F CFA.

Les dépôts privés, selon le bilan, s’élèvent à 14,341 milliards de F CFA et les dépôts publics à 12,846 milliards de F CFA. Dans les emplois, l’encours des crédits à la clientèle s’est établi à 20,921 milliards de F CFA. Le résultat d’exploitation au 31 décembre 2007 a été de 1 milliard 33 millions de F CFA.

« C’est la première fois que la BMS atteint un résultat significatif hors subvention » , affirme le PDG. De sa création à l’exercice 2007, l’Etat subventionnait la Banque à hauteur de 500 millions de F CFA par an. Cette subvention a pris fin en 2007.

« Toutes les demandes émanant du système financier décentralisé ont été satisfaites, les crédits qui leur ont été accordés se sont élevés à 7,8 milliards de F CFA », affirme le PDG de la BMS, Babali Bah. En compagnie de son conseiller Dominique Traoré, il a animé le lundi dernier, le séminaire du Réseau des journalistes économiques du Mali sur « Banque et solidarité : le défi du financement de la solidarité ».

En plus des SFD, les concours de la Banque sont allés essentiellement aux associations et coopératives pour la plupart en milieu rural, les femmes, les jeunes, les commerçants détaillants et les PME/PMI.

La BMS a vu le jour en septembre 2002. Elle a été crée « pour lutter contre la pauvreté et favoriser l’accès des populations défavorisées (femmes, jeunes), au crédit ». La BMS s’inscrit dans le cadre de l’exécution du plan d’action de la micro finance, qui prévoit l’augmentation des ressources destinées aux systèmes financiers décentralisées (SFD). L’expérience et les acquis de cette structure étaient au centre d’une rencontre le lundi dernier au siège la Banque mondiale, entre la BMS et le Réseau des journalistes économiques du Mali.

Contrairement à beaucoup d’autres structures, et du fait de sa raison sociale, la BMS fixe à 10 % l’apport personnel, un taux d’intérêt variant entre 7 et 13 % est appliqué et utilise souvent les SFD pour atteindre des populations cibles éloignées. Elle est également présente à Kidal et dans des zones où, a priori, les populations n’ont pas accès aux services bancaires.


Un rayonnement national

Le capital de la BMS qui est de 4,2 milliards de F CFA se répartit entre les systèmes financiers décentralisés (72 %), l’Etat malien et ses démembrements (20 %), d’autres actionnaires maliens (4 %) et une Agence française de crédit solidaire (Sidi, 4 %).

La BMS a la particularité de « refinancer le système financier décentralisé pour les crédits à court et moyens termes ; aider l’Etat et ses démembrements dans leurs processus de désengagement comme dans la micro finance ; financer les PME/PMI (hors secteur transport) existant ou en création pour promouvoir l’initiative privée », entre autres.

Elle a également pour mission, par rapport à la réglementation bancaire de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), de consentir des prêts de toutes natures, des cautions et des avals ; « participer au placement, à l’émission et à la distribution d’actions et autres titres et valeurs de toute nature …

La BMS cible particulièrement les jeunes diplômés chômeurs, « possédant une aptitude entrepreneuriale et un esprit d’initiative » ; des catégories sociales vulnérables (groupements de femmes, personnes âgées, handicapées et autres) et ayant « la capacité d’exercer une activité génératrice de revenus ».

« Malgré la particularité de ses missions , soulignent les conférenciers, la BMS SA ne bénéficie d’aucune dérogation par rapport aux termes de la réglementation bancaire. Nous sommes tenus, au même titre que toutes les banques de la région UMOA, au respect des ratios prudentiels de la Bcéao ainsi que les ratios de gestion qui comptent parmi les plus importants ». Ces ratios sont : le coefficient de liquidité ; le ratio de fonds propre et le ratio de rentabilité.


Pour Babali Bah et son conseiller, « malgré ces résultats encourageants, il faut reconnaître que des difficultés importantes existent ». Ces difficultés portent sur :

– la qualité des dossiers qui freinent l’extension des activités de crédit ;

– les difficultés de remboursement dont la principale cause sont la quasi-impossibilité de suivre des clients évoluant pour la plupart dans des activités économiques informelles, rendant corollairement irréalisable la domiciliation des recettes ;

– le manque de ressources adaptées au financement des activités ;

– la fin de la subvention de l’Etat.

« Ces difficultés nous conduiront à rechercher des clients des banques classiques pour nous assurer du respect de tous les ratios prudentiels et de gestion, tout en continuant d’assurer notre rôle social » , affirme le PDG.

Alexis Kalambry

17 Septembre 2008