Créée pour promouvoir l’habitat social, la BHM SA avait suscité beaucoup d’espoir. Malheureusement, l’incompatibilité entre les ressources allouées à cette structure et ses missions ne lui a pas permis de combler les attentes des uns et des autres.
Le changement de PDG opéré en fin d’année avec le remplacement de Mamadou Baba Diawara par Mamadou Baba Sylla n’a rien amélioré. Au contraire, la situation se dégrade de jour en jour. Comme ce mardi 22 février aux environs de 10 heures où une quinzaine de personnes attendait impatiemment dans le hall pour faire un retrait.
Soudain, la cloche sonne et le détenteur du ticket 179 se dirige vers le guichet n°2 pour s’entendre dire qu’il n’y a pas d’argent. Il sera orienté vers la caisse n°4 devant laquelle étaient groupés 5 autres personnes. Très fâché, le client, qui était venu pour un retrait a décidé, séance tenante, de fermer son compte en raclant le fond de la caisse. Le caissier lui a indiqué que s’il veut le faire, il doit aller de l’autre côté puisqu’une telle opération ne s’effectue pas à son niveau.
Le client s’énerve de nouveau avant de s’exécuter. Notre voisin de droite s’écrie et lâche que « c’est la dernière des banques du Mali ».
Entre temps, un adolescent, employé de commerce de son état, fait irruption dans la salle et déclare : » depuis 4 jours, je fais des vas et vient pour un million de FCFA. Je ne peux pas comprendre que dans une banque, je dépose de l’argent et au moment où je veux utiliser ce montant, on m’annonce qu’il n’y a pas de sou. Cela est inadmissible. Cette situation tue les affaires et discrédite les banques de façon générale. Il est grand temps que l’Etat malien prenne ses responsabilités « .
Très étonnés par ces propos, nous avons approché le même caissier pour lui demander s’il est vrai « qu’on ne peut pas faire un retrait d’un million de FCFA » quand bien même le compte est bien garni. Sa réponse a été négative avant de préciser que « si c’est un compte d’épargne, il n’est pas possible de faire un troisième retrait dans le mois ».
Plus loin, nous avons aperçu un député MPR, venu vérifier si le virement du salaire est fait. Nous nous sommes approchés de l’homme qui n’a pas manqué de fustiger les lourdeurs au niveau de la BHM.
Aussi, nous a t- il confié » qu’à partir du mois prochain, je quitte cette banque. Elle n’est pas sérieuse et si tu veux en savoir davantage, il faut prendre contact avec le député Menta de Bandiagara. Il a un contentieux sérieux avec cette banque « .
En nous retirant, nous avons croisé devant le portail une collègue à qui nous avons demandé amicalement de faire un retrait important et d’apporter notre part.
Elle nous a répondu que son compte est peu garni et qu’elle est d’ailleurs venue pour le fermer. Elle se plaint de la lourdeur des opérations bancaires. » Quand tu viens à la BHM, tu perds toute la journée alors que tel n’est pas le cas dans les autres banques de la place « . Auparavant, un haut cadre de la BHM nous avait expliqué que « le PDG actuel ne travaille pas et ne prend aucune initiative pour renflouer les caisses de la BHM ». Alors qu’au même moment des banques similaires de la sous- région arrivent à lever des fonds importants à l’étranger.
Le même responsable nous a révélé que la boite vit grâce au trésor public qui alimente chaque semaine ses caisses à hauteur de 250 millions de FCFA. » Tous nos grands clients nous ont quitté. Il ne nous reste plus que les salariés. A ce rythme la BHM va droit au mur. Malheureusement, aucune solution durable n’est toujours pas envisagée. Le plus facile a consisté à diminuer les avantages voire le salaire des employés. Cela n’est pas une bonne chose » à t- il fulminé.
En clair, la BHM SA est en train de mourir à petit feu malgré son maintien artificiel par le Trésor public. Et les clients se précipitent tous les jours pour vider le minimum qui reste dans les caisses de cette banque avant qu’elle ne déclare officiellement faillite
Chahana TAKIOU – 23 février 2005