A Bamako, l’insécurité a encore de beaux jours devant elle. Il est aujourd’hui difficile, voire impossible de passer un jour sans assister ou apprendre un acte de banditisme : vol à main armée, braquage sur les routes, meurtre… aussi bien en centre ville que dans les quartiers périphériques.
A Sokorodji, en Commune VI, à quelques jours de la fête de ramadan, deux individus ont attaqué un atelier de couture non loin de la mosquée, défiant les fidèles en tirant à balle réelle en l’air.
Malgré l’intervention de certaines bonnes volontés, les malfrats ont pu s’échapper avec une moto de marque « Jakarta ».
Au même moment à Lafiabougou en Commune IV, en plein jour, la gérante du restaurant « Nuage blanc » a été froidement abattue dans sa chambre.
Dans ce même quartier, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, une bande de quatre délinquants a tenté de voler une moto « Jakarta » aux environs du carré dénommé « Faye ka karé » non loin de la mosquée.
Armés de pistolets de fabrication artisanale, ils se sont attaqués vers 4 h du matin à un cycliste en tirant en l’air pour dissuader les éventuels intervenants.
Prendre le taureau par les cornes
Malgré sa peur-panique, la foule a pu maîtriser le cerveau de la bande. N’eut été l’intervention des éléments du 5e arrondissement, il serait lynché par une foule nombreuse et surexcitée. Les trois autres ont pu prendre leurs jambes à leur cou.
Selon le commissaire du 5e arrondissement, Boubacar Konaté, les quatre mousquetaires, qui se sont spécialisés dans les braquages, ne sont pas à leur coup d’essai.
A ses dires, ils sont recherchés activement par la police. Pour lui, la collaboration de la population est capitale dans l’éradication du phénomène.
Il y a quelques mois un journaliste a été agressé par des coupeurs de routes à Sénou. La liste n’est pas exhaustive.
Que ce soit à Niamakoro ou Sikoroni en passant par Banconi jusqu’à Garantiguibougou, on peut affirmer sans se tromper que Bamako est devenue le véritable QG des bandits sans foi ni loi.
Face à cette recrudescence de l’insécurité, l’on est en droit de se poser des questions quant aux causes réelles du phénomène. L’incivisme, le libertinage, l’effritement de l’autorité et l’impunité y sont pour quelque chose.
Le département de la Sécurité intérieure et de la Protection civile est fortement interpellé. Des stratégies doivent être élaborées pour circonscrire la criminalité, qui va crescendo.
La lutte contre l’insécurité est étroitement liée à la lutte contre les armes légères et de petit calibre et surtout la moralisation des autorisations de port d’arme.
Idrissa Sako
29 novembre 2005.