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La nuit, en longeant certaines rues de Bamako, on se sent en confiance, surtout lorsqu’on y voit non loin de soi, la lumière d’un véhicule.

Erreur, erreur ! Il y a peut être dans ce même véhicule qui nous inspire tant confiance, le danger qu’on a tout le temps fui depuis qu’on est dans la capitale.

La preuve vient d’être donnée par un coup de filet réussi du Commissaire Boubacar Konaté du Vè arrondissement de Bamako qui a mis le grappin sur des bandits dangereux qui opèrent à bord d’une voiture BMW de couleur noire, vitres teintées.

Cette affaire n’a rien d’un roman policier. Les faits sont réels et le feuilleton suit son cours normal avec des faits insolites.

La courbe ascendante qu’a pris la pyramide de l’insécurité à Bamako, par le fait du banditisme et le vol qualifié, a amené les autorités à rendre systématique les patrouilles de nuit.

Ce 25 janvier 2006, le Commissariat du Ve arrondissement, à l’instar de toutes les autres unités de Bamako est sorti à la recherche d’un éventuel malfaiteur.

Les résultats de la patrouille que conduit l’équipe du Commissaire Boubacar Konaté dans la zone Aci 2000 allaient être fructueux.

En effet près du cimetière de Lafiabougou, l’attention des éléments de patrouille – le Chef de la Brigade de recherche l’Inspecteur Sidiki Koné, l’Inspecteur Souleymane Goita et autres – a été attirée par une voiture noire stationnée.

Il y avait une seule personne à bord et au volant, le moteur en marche. Il était 3 heures et demi du matin.

Pendant que le Commissaire Konaté et ses hommes s’affairaient à demander les pièces de l’individu, du véhicule et les raisons de sa présence à cette heure indue, un cri déchira la profondeur de la nuit à 50 mètres de là.

Ce cri qui provenait du bâtiment de la direction administrative et financière (Daf) du ministère du Plan, était celui d’un homme qui demandait secours. Le gardien de la Daf était ligoté et couché dans les toilettes.

Les bandits, au nombre de quatre, après avoir escaladé les murs, l’avaient braqué, maîtrisé, avant d’emporter six motos selon ses propres explications aux policiers.

En réalité parmi les six motos neuves parquées dans la cour de la Daf, les bandits ont emporté les quatre Yamaha Japonaises et laissé les deux DT.

Notre équipe a libéré et soulagé le gardien avant de lancer la poursuite ”, explique le Commissaire Konaté. Au moment où ils portaient secours au gardien ligoté, le chauffeur de la BMW, Fafré, a profité pour prendre le large.

A seulement 200 mètres du lieu du forfait, sur le tronçon de Djicoroni, la patrouille aperçut des éléments du gang en train de pousser les fruits de leur butin qu’ils n’étaient pas prêts à lâcher si facilement.

Se sentant rattrapés, les bandits n’hésiteront pas à ouvrir le feu, avant de prendre la clé des champs sous le feu nourri des agents de patrouille, en renonçant à trois motos.

Les échanges de coup de feu entre bandits et policiers ont occasionné l’implication de plusieurs autres unités dans la gestion de cette opération.

Toutes les unités de la rive gauche ont mis en branle leur système de recherche, apportant ainsi du renfort au Commissariat du Ve arrondissement.

Dans leur fuite, ils disparaîtront à l’Est dans la zone de recasement du quartier de Djicoroni à l’Aci.

Retour au lieu du vol pour constats après avoir embarqué les motos abandonnées par les fugitifs. La BMW a été fouillée avant d’être tractée au Commissariat du Ve arrondissement où elle se trouve encore.

A l’intérieur du véhicule se trouvaient le numéro d’immatriculation arraché, les documents du véhicule, une jacquette et une casquette de la garde nationale.

Certains de ces éléments ont permis d’identifier le nom et la maison du propriétaire. Après vérification, cette maison sise à Kalaban Coro (rue non codifiée, face à Kébé 8147) était inhabitée et son gardien Boubacar Diarra n’y était que de nuit.

Il sera traqué et pris par le Commissariat du XIIe arrondissement. La perquisition de la maison a permis d’identifier le gardien et de retrouver une paire de cisaille et deux
arrache- clous ou pieds de biche.

Le portable retrouvé sur le gardien Boubacar Diarrra a été déterminant dans la suite de l’enquête. Autant qu’une boîte noire après un accident d’avion.

Les numéros retrouvés dans le compteur des appels téléphoniques ont été passés au peigne fin.
Ainsi le lien a été vite établi entre le gardien et les bandits. Les informations ont conduit à un certain Gilbert Dakouo résident à Garantiguibougou près du marché.

Il a été arrêté et son portable confisqué. La nuit du 25 janvier, le gardien a communiqué avec Gilbert 2 heures avant le vol. De fil en aiguille, la filière a été remontée jusqu’au présumé chef du gang surnommé “ Papa le malien ”.

Ami de Gilbert Dakouo, Papa le malien a été le plus malin du groupe. Après l’échec de leur opération, il a immédiatement déménagé de la maison où il était arrivé en location, il y a seulement 10 jours en payant plusieurs mois d’avance.

Le contrat de cette location a été retrouvé sur son ami Gilbert qui nie avoir tout lien avec Papa le Malien. Cependant, la mère de Gilbert affirme connaître ce bandit de grand chemin qu’elle a toujours chassé de chez lui pour empêcher une mauvaise fréquentation à son fils qui étudiait déjà au lycée.

Pour l’heure, seuls le gardien Boubacar Diarra et Gilbrert Dakouo ont été écroués. Les autres sont dans la …. ville. Ils sont au nombre de quatre dont Papa le Malien semble être le chef du gang.

Comment mettre la main sur eux, alors qu’ils sont déjà avertis, quand on sait qu’un homme averti en vaut deux ?
La solution, selon le Commissaire Boubacar Konaté, c’est par l’information. Selon lui, « la meilleure police c’est le peuple« .

Il invite donc les populations à coopérer avec la police pour démanteler les réseaux de bandits à travers la capitale.

Boukary Daou

31 janvier 2006.