Prévu la mi-août 2008, le sommet des chefs d’Etat qui doit regrouper le Mali, la Libye, l’Algérie, le Niger, le Tchad peine à trouver son chemin alors que le processus de réconciliation est relancé au Mali.
Le processus de réconciliation est relancé au Mali avec le rebelle Ibrahim Ag Bahanga et la réunion des chefs d’Etat africains que devait abriter Bamako la deuxième quinzaine du mois d’août ne pouvait que renforcer ce processus et l’élargir à d’autres pays comme le Niger, le Tchad.
Cette rencontre, qui serait une sorte de Sommet des pays sahéliens, devrait permettre l’examen des problèmes de sécurité et de développement dans la bande sahélo-saharienne menacée par un terrorisme islamiste. De plus, elle est, de nos jours, objet de toutes les convoitises et lieux de prédilection de tous les trafics notamment de la drogue et des armes.
Le président Amadou Toumani Touré, initiateur de ce projet, a invité l’Algérie, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso, la Mauritanie et la Libye. Tous ces pays partagent, en raison des liens des frontières qui les unissent, une multitude de problèmes aussi inextricables les uns que les autres ; à savoir : le trafic de drogue, la contrebande de divers produits, le banditisme, l’immigration clandestine, les mouvements de rébellion et surtout la pauvreté. Et le terrorisme qui est venu se greffer à ces différents problèmes sociaux complique davantage la situation.
Le redéploiement de l’ex-GSPC en une branche d’Al-Qaïda au Maghreb expose tous ces pays, y compris ceux du Sud à des menaces de déstabilisation. L’épisode du rapt des deux touristes autrichiens et bien d’autres démontrent à suffisance ainsi que la circulation d’un nombre incontrôlé d’armes dans la sous-région ouest-africaine.
Si l’annonce de la rencontre de Bamako a suscité l’intérêt jusqu’à la plus grande instance internationale (ONU), qui a émis le souhait d’y prendre part. Reste à savoir quelles en sont les raisons qui font que la rencontre, annoncée à grande pompe, n’a pas encore eu lieu. En effet, réunir des chefs d’Etat n’est pas une tâche aisée, mais pour un problème aussi crucial qui menace toute une sous-région, voire l’Afrique, les chefs d’Etat se devaient de bousculer leur calendrier.
A l’évidence, cette façon de résoudre, par le biais d’un sommet sous-régional, le problème du Nord malien et du banditisme dans la bande sahélienne en général, n’est pas du goût de tous les pays concernés.
Mésententes
“Cette rencontre doit permettre de développer une approche commune des problèmes qui affectent la bande sahélienne en vue de proposer des actions concrètes”, avait déclaré, il y a quelques semaines, le diplomate algérien, Saïd Djinnit, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest (Unowa).
L’Algérie entend d’ailleurs pendre l’initiative d’instaurer la paix au Mali et pour ce faire, sa diplomatie fait preuve de dynamisme aussi bien dans la libération récente des personnes détenues que la tenue des pourparlers entre rebelles et gouvernement. La capitale Alger avait abrité les 18, 19, 20 et 21 juillet 2008 la réunion sur l’évolution de la situation dans la région de Kidal et procéder au suivi-évaluation de l’Accord d’Alger du 4 juillet 2006.
A l’issue de cette réunion, gouvernement malien et rebelles avaient souligné la pertinence et la validité de l’Accord d’Alger, la poursuite de la consolidation de la paix, de la sécurité et du développement dans la région. Si l’Algérie estime que les crises au Sahel doivent trouver leur réponse dans le cadre d’une approche globale et concertée entre les différents acteurs de cette immense région désertique, mais riche en uranium et pétrole, il n’en est pas pour les autres pays.
Au-delà de la mésentente survenue suite à l’ouverture d’un consulat de la Libye à Kidal, l’Algérie et la Libye ne font pas une même lecture de la crise du Nord-Mali. Cela n’est d’ailleurs pas surprenant parce que ce sont deux Etats qui n’ont pas les mêmes intérêts. Aussi le sommet de Bamako serait-il remis aux calendes grecque. Son report ou en tout cas sa non-tenue en mi-août comme prévu en est une prémisse.
En attendant, l’Etat malien devra s’efforcer de libérer les otages encore entre les mains de Bahanga. Il serait utopique de penser que le chef des rebelles Ibrahim Ag Bahanga va laisser en liberté tous ceux ce qui lui restent de plus précieux n’ayant pu encore conquérir un seul pouce du territoire où il ferait régner sa loi. Parce qu’un prisonnier de guerre constitue un véritable trophée.
Aussi, les quelques otages qui restent entre les mains, constituent-ils des cartes maîtresses qu’il pourrait jouer à tout moment pour faire du chantage sinon du marchandage. Mais, comme le Mali n’est pas comme les USA, la Russie, la France ou encore une autre puissance mondiale qui peine à voir un de ses fils entre les mains de terroriste et donc lutte bec et ongle pour le faire sortir de cette situation, le sort de ces pauvres soldats dépend, pour l’heure, de la seule volonté de Bahanga.
Denis Koné
18 Septembre 2008