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… et la colonie s’installa

L’histoire nous enseigne que : “Lorsqu’en 1883, les troupes de Borgnis-Desbordes débouchèrent sur le Niger, au pied de l’escarpement de grés entaillé par un court ravin, un village au bout occupait sur la zone étalée entre le fleuve et l’emplacement actuel du marché rose et de l’artisanat”. C’était Bamako, la ville indigène, carrefour de commerce et d’échanges sur les routes de la cola et du sel.

Déjà, Bamako ne comptait qu’un millier d’habitants et rien ne le distinguait des autres villages de la région, notait Gallieni lors de son passage.

Depuis, la ville a connu une explosion démographique sans précédent. En l’espace d’un siècle, la cité des Niaré s’est métamorphosée pour acquérir rapidement et de façon déconcertante le statut d’une ville sahélienne coquette et belle en plein coeur de l’Afrique de l’ouest.Coquetterie et beauté, qui aujourd’hui, ne sont que vestige et nostalgie d’une autre époque ou d’un autre siècle.

Et cette “métamorphose”…

En se métamorphosant, au début des indépendances, la ville de Bamako s’est étalée démesurément en dépassant de façon désordonnée et inorganisée ses limites supposées naturelles qui sont le fleuve et les collines environnantes, sans aucun respect des principes fondamentaux qui ont concouru en sa création.

Le drame est, qu’il n’a point été tenu compte des grandes questions urbanistiques qui ont guidée les hygiénistes lors de l’établissement des lignes et plans directeurs de la future cité des trois caïmans.

De nos jours, les quartiers de la “Vieille Ville”, notamment Bozola, Niaréla et Bagadadji, se caractérisent par une forte concentration de population (environ 500 à 600 habitants par hectare) alors que la moyenne pour la ville de Bamako varie entre 150 et 200 habitants à l’hectare.

A noter au passage, que la taille des grandes familles dans la Vieille ville peut être très souvent de plus de 50 personnes. Oui, vous avez bien lu 50 personnes.

Ce surpeuplement s’explique en grande partie par le regroupement de la grande famille, sous forme de Dynastie.

Et que retient t-on de la « V V » d’aujourd’hui ?

De nos jours, on constate que la Vieille Ville (V V) a à la fois donné et emprunté beaucoup à l’héritage colonial.

Bien que relativement récent, il a été un socle sur lequel s’est greffé, superposé entremêlé ce qui a été de bien dans l’architecture coloniale.

A tord ou à raison, des éléments de la V V, tels que la gouttière, les auvents et l’orientation des pièces, sont plusieurs fois mis en exergue et très souvent revendiqués par les urbanistes, les architectes, et tout ceux qui sont dans la mouvance du BTP.

Si l’on sait que le malien est le 1er architecte de sa maison, les premiers responsables de cette métamorphose de notre environnement sont les techniciens, souvent confondus avec les propriétaires.

En effet, dans l’élaboration de leurs œuvres, les spécialistes que nous sommes, tout en cherchant à tenir compte du savoir faire ancestral, ménagions et souvent avec laxisme les clients au détriment de toute déontologie professionnelle. Ce qui est regrettable et préjudiciable, hélas !

Et ce tissu urbain …

rès hydride, il doit être repensé en faisant des choix qui ne font pas l’objet de critiques violentes et en excluant la langue de bois.

Ce qui ne va pas sans faire table rase des préjugés et accepter de s’assumer et de façon responsable afin que, comme il est évident, la Vieille Ville, à l’instar de Ségou, nous redonne l’occasion cette fois d’exercer notre métier avec un profond respect de considérations professionnelles et économiques.

Alors voulez vous participer à une visite guidée par la Vieille Ville ? Alors faites-moi savoir, et vous serez agréablement surpris.

23 août 2005

Bibliographie:
-Archive et bibliothèque nationale
-Les cahiers d’Outre-Mer, no 1, 3è année. Bordeaux 1950, Jean DRESCH

Crédit photo:
Collections Fortier et personnelle

Cheich Abd El Kader, architecte

abdelkader@afribone.net.ml

abdelkader@Koulikoro.net.ml