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Si l’on en croit l’AFP, le très tristement célèbre bandit Ibrahim Bahanga, s’est engagé à arrêter ses attaques contre l’armée et les paisibles populations maliennes. Et c’est le rebelle repenti, Iyad Ag Ghaly, qui a offert ses bons offices entre l’Etat malien et le bandit des grands chemins.

Si cette médiation était acceptée par les autorités maliennes – il y a tout lieu de croire qu’elle sera acceptée par nos dirigeants – elle pourrait aboutir, dans les jours, à venir à la libération de la trentaine d’otages militaires que le bandit détient toujours. En échange de quoi, Bahanga pourrait bénéficier de l’amnistie et retourner paître ses troupeaux de chèvres et de moutons.

En attendant que l’idée de commettre un autre coup ne vienne le visiter. La paix sera-t-elle pour autant définitivement revenue au Nord ? Il est permis d’en douter sérieusement. D’abord, en tenant compte du passé de l’homme Bahanga qui s’est récemment illustré à travers une série d’actions violentes soldées par la mort d’une trentaine de personnes.

Il s’agit des deux douaniers et d’une dizaine de civils tués, des forains et des militaires qui ont sauté sur les mines posées par lui. En remontant dans le temps, c’est le même Bahanga qui avait enlevé, en 1999 sous le second mandat du président Alpha Oumar Konaré, plusieurs militaires pour obtenir que son village, situé au nord-est de Kidal, soit érigé en commune.

Ayant obtenu satisfaction, il avait, dès lors, daigné libérer les otages. Un tel homme ayant pris goût au chantage  » armé  » comme le moyen le plus sûr d’arriver à ses fins pourra-t-il s’arrêter en si bon chemin ? On peut encore douter. D’autant qu’il s’enivre des faiblesses de l’autorité centrale laquelle s’empresse de lui offrir, à chaque occasion, la satisfaction de ses caprices sur un plateau d’argent.

En clair, cette fuite en avant des pouvoirs publics donne aux bandits armés le temps de se renforcer tant sur le plan psychologique que matériel, militaire et diplomatique. L’usage par Bahanga et ses compagnons de bandits de mines anti-chars – des armes de guerre sophistiquées et très chères qui ne sont vendues qu’aux Etats – est un fait nouveau qui mérite qu’on lui accorde une attention particulière.

Soit, ces armes viennent du pillage du camp de Kidal lors des événements du 23 mai 2006, auquel cas l’on est en droit de penser que les «  rebelles  » n’ont pas rendu toutes les armes de guerre. Soit, Bahanga les a acquises grâce à sa «coopération» avec les rebelles nigériens du MNJ, ou, troisième hypothèse, qu’il jouit d’une complicité en haut lieu, probablement de la bénédiction ou d’appuis de la part de puissances étrangères.

Il est grand temps que le gouvernement prenne, enfin, des initiatives salutaires au lieu de se contenter de gérer les méfaits d’individus sans foi ni loi. Il doit, en fait, intégrer une gestion prospective du dossier Nord-Mali. Dans cette optique, les propositions du PARENA ne sont pas totalement dénuées d’intérêt.

Il s’agit principalement de la mise en place auprès du président de la République d’une cellule stratégique composée de professionnels et chargée de veiller à l’unité et à l’intégration nationale et d’une concertation sans exclusive avec tous les voisins et tous les pays frères concernés par la question du Nord.

Sur ce point précis, la coopération avec le Niger s’avère nécessaire, à l’instar des «  rebelles  » qui viennent de créer, tel qu’il a été annoncé la semaine dernière par le beau-père de Bahanga, Hama Ag Sidahmed, l’Alliance -Touareg-Niger-Mali, une union entre les entre les ex-rebelles touareg du Mali et leurs homologues du Niger.

Conformément à cette nouvelle politique, l’Etat malien doit se doter de stratégie et de matériel appropriés – il s’agit surtout des fameux hélicoptères blindés – pour mener une lutte sans merci contre le banditisme à l’état pur, grossièrement camouflé sous le manteau de la rébellion.

Yaya SIDIBE



Hassan Fagaga rejoint son cousin Bahanga
Iyad et Diagouraga à Tinzhawaten

C’est désormais confirmé par de multiples sources : Hassan Fagaga, le leader historique du soulèvement du 23 mai 2006, sanctionné par quatre morts et l’attaque des deux camps militaire à Kidal a repris le maquis. En effet, de source proche de l’Alliance du 23 mai pour le changement et la démocratie, c’est le vendredi 31 août, aux environs de 21 heures que le déserteur de l’armée, pour la énième fois, Hassane Fagaga est arrivé à Tinzhawaten.

Il a ainsi regagné son cousin de la même tribu (les Ifougoumissènes) que lui. Il y est arrivé en compagnie semble t-il d’une dizaine de soldats, la plupart étant de sa tribu et de son village natale, Tin – Essako.

L’objectif de ce faux colonel de l’armée malienne est clair : apporter un soutien militaire au terroriste Bahanga et marchander les dizaines d’otages qu’il a entre les mains.

Le ralliement de Fagaga n’a pas étonné les autorités de Kidal, elles qui savent bien que depuis longtemps, il ne cessait de dénoncer la lenteur dans l’application des accords d’Alger. C’est ce que le PARENA de Tiébilé Dramé appelle l’immobilisme du gouvernement.

En tout état de cause, rien ne saurait justifier le comportement de Ibrahim Bahanga qui continue de tuer des civils et militaires innocents (un communiqué du ministère de la Défense et des Anciens combattants, signé par le ministre Mamadou Clazié Cissouma, annonce un bilan de dix civils tués et de deux militaires décédés).
Le gouvernement a promis un dénouement rapide de la situation. Cela passera nécessairement par la libération des « otages sains et saufs« .

Ce qui pourrait expliquer la présence de Iyad Ag Aghaly, cet autre leader de la rébellion de 1990 et des évènements du 23 mai 2006, très influent et écouté dans l’Adrar des Iforas. Pour la circonstance, il est accompagné par le Contrôleur Général de police, Mahamadou Diagouraga, qui se trouve être le président du Comité de suivi des Accords d’Alger. De source digne de foi, ces deux personnalités sont allées à Tinzhawaten pour d’abord demander la libération des otages et ensuite la fin des hostilités contre les positions militaires et même civiles.

Comment parviendront – ils à convaincre le désormais duo Bahanga et Fagaga ? Utiliseront – ils la valisette ? On peut y croire. Dans ce cas, quel sera le sort de ces bandits armés ? Resteront – ils impunis ? Si la réponse est positive, c’est que le problème n’est pas résolu. C’est donc une nouvelle bombe à retardement.

Ce qui est sûr, c’est que la carotte, à elle seule, ne pourra jamais être un facteur de paix et de stabilité dans cette partie du Mali. Il faudrait absolument le bâton aussi et savoir manier avec élégance les deux à la fois quand il le faut. Si la lecture de la situation exige des frappes, l’Etat doit s’assumer. Il doit davantage s’assumer dans la prévention en agissant correctement dès que les prémisses sont visibles.

L’attentisme, auquel le gouvernement actuel nous a habitué, a montré ses limites. Il faut rompre avec cette méthode et innover tant sur le plan du développement de cette région que sur le plan sécuritaire.


Chahana TAKIOU


Mali: l’ex-rebelle touareg Bahanga s’engage à cesser ses offensives


L’ex-rebelle touareg malien, Ibrahim Ag Bahanga, a reconnu être l’auteur des attaques suivies d’enlèvements de soldats maliens les 26 et 27 août et s’est engagé à ne plus attaquer l’armée, même si ses motivations demeurent floues à l’heure de négocier avec ses pairs.

Iyad Ag Ghaly, chef du mouvement des ex-rebelles touareg maliens de l' »Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement« , a affirmé vendredi à l’AFP que Ag Bahanga avait reconnu être à l’origine des attaques menées en début de semaine dans le nord du pays, qui se sont soldées par l’enlèvement d’une quarantaine de soldats.

« J’ai pu rentrer en contact téléphonique avec lui (Bahanga). Il a pris l’engagement de ne plus attaquer les positions de l’armée et de ne plus tenter d’enlever d’autres militaires« , a également assuré M. Ag Ghaly.

Selon des témoignages concordants, l’armée malienne, qui a déployé des patrouilles dans les trois régions du nord du pays (Tombouctou, Gao et Kidal), n’a conduit aucune opération depuis cette annonce faite dans la nuit de jeudi à vendredi, notamment du fait de fortes averses qui se sont abattues sur la région au cours des dernières 48 heures.

M. Ag Ghaly a par ailleurs, expliqué qu’il devait se rendre vendredi 31 août dans le nord du Mali pour aborder « la libération pacifique des otages » avec son ancien camarade de lutte.

Le 26 août, 15 militaires ont été attaqués et enlevés à Tédjérète (nord-est) par un groupe armé qui a ensuite pris la direction du Niger voisin. Le lendemain, un convoi militaire a été pris dans une embuscade près de la frontière algérienne (nord) par des hommes armés qui ont saisi des véhicules et enlevé plus d’une vingtaine de militaires.

Ces deux attaques n’ont fait aucun blessé, ont indiqué à l’AFP des sources contactées sur place.
Neuf militaires ont été libérés par l’armée mercredi 29 août. L’armée avait alors indiqué qu’une trentaine de soldats étaient encore retenus. Jeudi 30 août, un autre groupe de trois militaires a réussi à échapper à ses ravisseurs.

M. Ag Bahanga est un ex-leader rebelle touareg qui, selon plusieurs observateurs, serait opposé à la paix conclue par ses pairs avec Bamako en 2006. Aucune source n’a, toutefois, pu déterminer les raisons qui ont conduit l’ex-rebelle à s’attaquer aux soldats maliens.

En mai, les hommes de Ag Bahanga avaient déjà lancé une offensive contre un poste de sécurité près de la frontière nigérienne, faisant dix morts (huit assaillants et deux militaires).

Plusieurs sources touareg avaient alors évoqué des querelles de leadership au sein du mouvement et des désaccords sur la paix signée en juillet 2006 avec Bamako, qui prévoit un programme de développement de la région parallèlement au désarmement des ex-rebelles.

En 1999, le même Ag Bahanga avait déjà enlevé plusieurs militaires pour obtenir que son village, situé au nord-est de Kidal, soit érigé en « commune rurale« . Il avait obtenu satisfaction après avoir libéré les otages.

La semaine dernière, son beau-père Hama Ag Sidahmed a annoncé la naissance de l’Alliance-Touareg-Niger-Mali (ATNM), une union entre les ex-rebelles touareg du Mali et leurs homologues du Niger, dont les opérations armées ont connu un regain d’activité depuis février.

Jeudi, Amada Ag Bibi, porte-parole du mouvement des ex-rebelles maliens, a formellement démenti l’alliance et dénoncé les attaques de ces derniers jours, assurant que « la violence ne règle aucun problème« .

En marge de ces évènements, dix civils ont été tués et plusieurs blessés jeudi dans la même zone lorsque le camion les transportant a sauté sur une mine posée, selon le ministère de la Défense, par les hommes de Ag Bahanga.

L’ex-rebelle touareg malien, Ibrahim Ag Bahanga, a reconnu être l’auteur des attaques suivies d’enlèvements de soldats maliens, les 26 et 27 août, et s’est engagé à ne plus attaquer l’armée, même si ses motivations demeurent floues à l’heure de négocier avec ses pairs.

03 septembre 2007.