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Avouons-le tout de suite, l’azoospermie est une cause d’infertilité. Elle est définie comme l’absence de spermatozoïde dans l’éjaculat (le fluide éjaculé lors de l’orgasme masculin, selon la littérature). Mais un peu d’explication s’impose pour mieux comprendre. Les médecins expliquent que dans l’éjaculat de l’homme, il doit y avoir des millions de spermatozoïdes. Celles-ci représentent le gamète de l’homme, tout comme l’ovocyte constitue le gamète de la femme. C’est la rencontre du spermatozoïde avec l’ovocyte qui va donner l’embryon avant de devenir le futur bébé. L’un sans l’autre ne peut donner d’embryon.

Le Dr Djedi Kaba Diakité, gynécologue-obsétricien de la Clinique Kabala explique que le spermatozoïde est une cellule haploïde (qui a une paire de chromosome), issu d’une cellule diploïde (disposant deux paires de chromosome). Pour le scientifique, il est très clair qu’un enfant qui n’a pas atteint l’âge de la puberté ne peut donner de spermatozoïde parce que c’est à partir de ce stade que les spermatozoïdes apparaissent par un processus appelé spermatogenèse (production des spermatozoïdes) qui dure 72 jours. Le praticien qui fait autorité dans les sciences gynécologiques et dans l’assistance médicale à la procréation (AMP) explique qu’avant, on avait soutenu l’hypothèse d’un processus cyclique comme les menstrues chez la femme. Mais la science à découvert que chez l’homme, c’est un processus continu, certains arrivent à termes, d’autres suivent. Sans donner de statistiques exactes, il dit que la maladie touche de nombreux hommes. Avant, on donnait l’impression qu’être atteint d’azoospermie, c’était mourir avant l’heure que de ne pas pouvoir satisfaire à une aspiration à la parenté.

Il y a deux formes d’azoospermie, notamment celle sécrétoire (non obstructive) où l’homme ne produit pas de spermatozoïde. Cette forme comporte aussi deux variantes, notamment celle d’un déficit hormonal. La deuxième forme d’azoospermie est excrétoire (obstructive) où, les spermatozoïdes sont produits mais ne sortent pas.

à l’origine de la pathologie, les spécialistes incriminent d’abord la bilharziose qui, mal traitée va détruire des cellules au niveau des testicules. Ainsi, les hormones secrétées par l’hypophyse pour ordonner aux testicules de fabriquer les spermatozoïdes ne répondent plus. L’oreillon, une maladie virale qui se manifeste par gonflement des parotides (des parties près de l’oreillon) qu’on appelle en langue bamanakan, « kénké kokoya » peut aussi provoquer l’azoospermie. Les oreillons chez les jeunes garçons vont démolir les mêmes cellules réceptrices.

Le Dr Djedi Kaba Diakité s’empresse de préciser qu’il existe, désormais, un vaccin contre les oreillons. Les pédiatres savent qu’il faut vacciner les enfants, notamment les garçons avant un an pour les immuniser contre ou même s’ils contractent un oreillon, cela n’aura pas d’effet sur leur fertilité à long terme. Le toubib ajoute que les maladies sexuellement transmissible peuvent impacter les testicules et causer des problèmes pour la formation des spermatozoïdes.

Dans la forme obstructive de la maladie, les infections peuvent boucher les canaux déférents chez l’homme à l’opposé des trompes chez la femme. On peut être fertile mais quand ces canaux sont bouchés, on peut avoir une azoospermie secondaire. En outre, des interventions chirurgicales de la hernie inguinale peuvent être à l’origine, parce que dans la bourse de la hernie, passent les canaux déférents, très fins, on peut donc les disséquer ou les attacher. Enfin, il y a aussi des causes génétiques. Le diagnostic est très simple.

On procède à un spermogramme (analyses du sperme). Si après toutes les méthodes de centrifugation qui visent à séparer des particules très fines dispersées dans un liquide, on ne trouve pas de spermatozoïde, on répétera le spermogramme dans un intervalle de trois mois après. Si la deuxième analyse confirme, en ce moment on pourrait dire qu’il y a une azoospermie. On a recours aussi à l’échographie des testicules. Le médecin gynécologue parle également de la cryptozoospermie, une forme cachée.

Dans ce cas, le sujet atteint peut donner deux à trois fois les spermes sans qu’on n’y trouve de trace de spermatozoïde. Mais à la quatrième fois, on peut retrouver une centaine ou deux cents spermatozoïdes. Il explique que les normes du spermogramme ont évolué. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il faut une concentration de 15 millions de spermatozoïdes par millilitres de sperme ou 39 millions de spermatozoïdes dans l’éjaculat.

La maladie est bien codifiée. Avec un spermogramme couplé à un dosage hormonal, on peut apprécier la forme d’azoospermie et assurer le traitement. Pour lui, la prise en charge, c’est la fécondation in vitro (FIV) avec une micro injection. Chez ces hommes, il faut faire une exploration épididymo-testiculaire (EET), c’est-à-dire qu’on fait un prélèvement au niveau de l’épididyme (une partie du système producteur masculin), il faut ensuite disséquer une partie du testicule pour prélever les tissus et rechercher des spermatozoïdes.

Une fois ceux-ci trouvés, on procède à leur congélation et on conserve pour permettre au sujet d’avoir une banque de spermatozoïdes qu’on peut garder toute une vie. Le sujet peut y recourir et avoir des enfants mais seulement par FIV. Dr Djedi Kaba Diakité explique que la conservation des spermes coûte cher parce qu’elle est faite à base d’azote liquide (un produit très cher), à moins 196 degrés.

Les hommes affectés par un déficit hormonal (une variante de la forme sécrétoire) peuvent recevoir des injections de gonadotrophine et devenir fertiles. Mais le traitement est très coûteux, parce qu’on y dépense, au bas mot, 35.000 Fcfa par semaine sur une durée de 6 mois à 2 ans, voire plus. La prise en charge de l’azoospermie requiert des capacités, notamment une formation en andrologie (science de la fertilité de l’homme), savoir faire l’exploration épididymo-testiculaire, avoir un personnel formé à la congélation et décongélation des spermatozoïdes.

Bréhima DOUMBIA

Source: L’Essor