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En signe de protestation contre la visite de l’homme qui a initié un projet de loi discriminatoire sur l’immigration en France, une vingtaine de députés maliens ressortissants de la région de Kayes regroupés au sein d’un Collectif ont animé une conférence de presse le 15 mai dans la salle Aoua Kéïta de l’Assemblée nationale.

Ces députés qui ont à leur tête le doyen Dr Abdoul Bâ sont déterminés à assener à la face de Nicolas Sarkozy, lors de sa visite prévue au Mali les 17 et 18 mai, la preuve de leur indignation.

Plusieurs ressortissants maliens ont été victimes d’expulsion en France et la loi Sarkozy sur le point d’être adopté ce jour même par le Parlement français apportera, si elle était adoptée, des mesures encore plus draconiennes.

Nicolas Sarkozy, homme d’Etat français, ministre de la République ambitionne à la succession de Chirac et incarne donc la somme des malheurs des immigrés africains en général et malien en particulier. Car une majeure partie d’entre eux se réclamant de notre pays sont ressortissants de la première région, Kayes.

Raison pour laquelle ces élus du peuple sont le porte flambeau de la lutte contre « l’immigration choisie » que la France veut imposer pour éviter de subir l’arrivée massive et sans discernement des africains en France.

A cette conférence de presse des députés, se sont joints les militants de l’Association des expulsés maliens et du collectif de soutien aux expulsés. C’est ainsi qu’au-delà des députés de Kayes, d’autres députés étaient dans la salle comme Assarid Ag Imbarcaouane député de Gao en vue d’une action solidaire. Un ancien expulsé de l’Angola en 1996, Ousmane Diarra, commerçant de son état préside cette association des expulsés maliens et a tenu à participer à cette conférence de presse des députés.

D’autres militants de l’Association étaient là comme le Dr Oumar Mariko, secrétaire général du parti Sadi. Le Collectif des députés de la région de Kayes (Codeka) par la voix de l’honorable Dr Abdoul Bâ estime que la période du voyage de Nicolas Sarkozy est mal choisie au moment où le projet de « loi anti-immigration » dont il est l’initiateur est en discussion devant l’Assemblée nationale française.

Le Collectif a rappelé le rôle important joué par les peuples d’Afrique dans les guerres de libération de la patrie française. « Nous nous sentons indignés par cette visite et pensons que la venue de Nicolas Sarkozy en ce moment dans notre pays relève purement et simplement de la provocation à l’endroit du peuple malien« , soutient le Collectif des députés.

Nicolas Sarkozy a été déclaré persona non grata au Mali par ces députés qui entendent défendre ainsi les intérêts du peuple malien à travers les populations de la région de Kayes. « Nous invitons Monsieur Sarkozy à respecter sa propre logique et à considérer son voyage sur le Mali en ce moment comme indésirable« .

Selon les députés, la loi anti-immigration de Nicolas Sarkozy, qui risque d’empirer la précarité des Maliens de France, est non seulement contraire aux conventions internationales sur l’immigration signées par la France mais aussi à la dimension de l’amitié et de l’estime mutuelle qui existent entre les peuples français et maliens.

Les députés du Collectif ont appelé leurs collègues parlementaires de la France, pays ami du Mali à s’opposer à la mise en place d’une politique d’immigration sélective dans leur pays. Le représentant de Jubilé 2000 à cette conférence est sans ambages : « il y aura des actions visibles à l’arrivée de Sarkozy« .

Une concertation a suivi la conférence de presse et a réuni l’association malienne des expulsés (Ame), le Collectif de soutien aux expulsés et le Collectif des députés élus dans la région de Kayes. Ce groupement a décidé d’élargir leurs actions aux associations de défense des droits de l’homme, à la société civile et aux partis politiques.

A cet effet, un programme d’action contre la visite de Sarkozy au Mali est établi et prévoit une marche et un sit-in. La marche de protestation est prévue pour le mercredi 17 mai, le rassemblement est prévu à partir de 16 h à la Bourse du travail.

L’itinéraire va de la Bourse du travail à l’Ambassade de France en passant par la place de l’Indépendance, la Primature, le ministère des Finances, le ministère de la Communication et la Station Shell sur le Square Patrice Lumumba.

Le sit-in prévu le jeudi 18 mai à 15 h a lieu face à l’entrée principale de l’hôtel de l’Amitié.

Boukary Daou

17 mai 2006.