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C’est en souvenir aux victimes et aux déportés des événements douloureux d’avril 1989 de la Mauritanie que le nouveau bureau, mis en place après la réinstallation de son ancien président au Canada, a jugé utile de prendre à bras le corps les problèmes des réfugiés mauritaniens au Mali afin de trouver des alternatives à leur calvaire quotidien.

Dix sept ans de présence au Mali et sur tout le long du fleuve Sénégal, les réfugiés mauritaniens se sont retrouvés dans cette situation à la suite d’un incident survenu le 9 avril 1989 entre éleveurs mauritaniens et cultivateurs sénégalais dans le village de Diawara qui avait fait des morts et même des prisonniers, côté sénégalais.

C’est le début d’un calvaire avec sa série de cruautés ponctuée par le rapatriement réciproque des deux pays (le Sénégal et la Mauritanie) et concomitamment des négro-mauritaniens seront expulsés vers le Mali et le Sénégal.

A partir de cette date jusqu’en 1992, des milliers de négro-mauritaniens seront expulsés de force du territoire mauritanien. Ces expulsions auraient été précédées, accompagnées et suivies d’exécution sommaires, d’arrestations, de viols, de vols de biens et de destruction de documents d’identification.

On comptait parmi ces expulsés des fonctionnaires de l’administration, des intellectuels, des propriétaires terriens de la vallée du fleuve Sénégal, des bergers nomades.

Ces réfugiés étaient estimés à l’époque à 60 000 au Sénégal et 15 000 au Mali. Dix sept ans après, ils vivent toujours les mêmes difficultés avec la particularité de n’être ni malien, ni mauritanien car certains d’entre eux ne disposant jusque là d’aucun document d’identification.

Ils vivent dans la misère avec son cortège de maladie et de pauvreté. Ces réfugiés n’ont ni terre à cultiver, ni bétail à élever, encore moins de fonds pour mener de petites activités génératrices de revenus.

N’eût été la bonne volonté des autochtones maliens qui leur prêtent des lopins de terres à cultiver, ces réfugiés ne seront que de simples martyrs sans repères.

C’est pour toutes ces raisons et bien d’autres que les deux responsables du nouveau bureau de l’AREMMA que nous avons rencontré, le président Cheick Oumar N’Diaye et le secrétaire général adjoint Amadou Racine Gallo, ont décidé de rompre le silence.

Ils en appellent à la communauté internationale pour qu’elle assume ses responsabilités vis-à-vis de la Mauritanie afin que cette dernière reconnaisse sa part de responsabilité et s’assume.

« La Mauritanie doit être mise devant les faits comme c’est le cas pour les autres pays ayant violé les droits humains« , indiquent-ils.

Les deux hommes ne s’arrêtent pas là : ils demandent aussi au HCR et aux autorités maliennes à travers la Commission Nationale chargée des Réfugiés (CNCR) d’agir afin de mettre fin à cette situation de « laissés pour compte » des réfugiés mauritaniens.

Plus que jamais, ces hommes et ces femmes largués de force sur les territoires malien et sénégalais tiennent à leur patrie, la Mauritanie.

Ils exigent aujourd’hui l’organisation de leur retour sous l’égide des institutions internationales et régionales en collaboration étroite avec les Etats et les Ongs, le recouvrement de leur citoyenneté ; et la restitution de leurs biens spoliés où à défaut une juste indemnisation.

Mais dans l’immédiat, en attendant leur retour et en raison de la situation difficile qu’ils vivent, l’AREMMA sollicite le recensement et l’immatriculation des réfugiés mauritaniens au Mali afin de connaître l’effectif actuel car reconnaissent-ils, depuis 1989 il y a eu des départs, des décès et des naissances.

Enfin, l’Association demande le retour de l’assistance alimentaire et médicale plus l’appui à l’éducation.

Faudra-t-il rappeler que la majeure partie des réfugiés mauritaniens se trouvent dans la première région du Mali (Kayes) et que seulement une quarantaine de familles vivent à Bamako.

Idrissa Maïga

02 mai 2006.