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En 47 ans d’Indépendance, et en 17 ans de démocratie, la situation politique au Mali oscille entre le devoir de perpétuation des souvenirs de la vieille garde et son identité, et le désir de plus en plus affiché de la jeune génération de rompre avec ces souvenirs. La situation est ainsi telle que tout reste figé, avec, à la clé, des jeunes perdus et confus, se déménant comme de beaux diables en vue de s’assurer des lendemains meilleurs.

Une situation due à la complicité coupable de la génération dite “avant-gardiste de l’indépendance nationale”, et celle dite du “mouvement démocratique ”. Ces deux générations, qui ne font en fait qu’une (l’une étant fille de l’autre), sont celles qui, depuis 47 ans, se partagent le pouvoir avec une sorte de tour de passe-passe .

Au fond, les différentes tendances se sont toujours livrées une guerre âpre pour le contrôle de l’appareil d’Etat. Si ce lien de consanguinité apparente, n’est donc pas à décrier, le fait que cette classe cosmopolite (composée d’acteurs de l’indépendance et ceux de l’ouverture démocratique) ne soit toujours pas parvenue à assurer un meilleur avenir au Mali, encore moins garantir une source d’aisance ou de bonheur aux jeunes d’aujourd’hui, peut nous conduire à un conflit de génération.

A moins que le glas de ce conflit ne soit déjà sonné, avec une nouvelle race de jeunes politiques déterminés à mettre une croix sur le passé, pour ne regarder enfin que vers l’avenir. En la matière, la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM), un parti politique essentiellement, sinon à 100%, composé de jeunes, peut jouer un rôle de pionnier, dans ce besoin de rupture d’avec le passé pour l’édification d’un Mali qui progresse (au sens propre du terme), et pour une jeunesse qui s’assume.

En effet, le président de la CODEM, en l’occurrence l’honorable Housseiny Amion Guindo, est de loin le cadet des responsables de partis politiques. Sa jeunesse est tout aussi incarnée dans le parti, et ne doit pousser personne à se méprendre sur le dynamisme et la capacité d’analyse de l’homme, encore moins sur sa sa vision pour le Mali.

Cela est d’autant plus vrai qu’il est parvenu à fédérer, autour de sa personne et de son idéal, des jeunes aussi engagés que désintéressés, qui entendent compter d’abord sur leurs propres forces pour consolider leurs assises. Ce qui est déjà un grand pas de franchi, dans le sens de l’affirmation politique des jeunes.

En effet, on a beau accuser la vieille garde et sa “fille ” de se confondre dans la préservation et la perpétuation de ces “souvenirs ”, il reste avéré qu’elles ont toujours puisé leurs forces dans la manipulation et l’asservissement des jeunes.

Pour la nouvelle génération, la nouvelle donne serait donc un renoncement au miroir des alouettes brandi depuis 47 ans, sans que les jeunes du Mali s’y voient progresser d’un iota. Chômage, précarité de l’emploi, manque de formation, pauvreté et dépendance sont, parmi tant d’autres, les maux qui déciment la jeunesse, avec à la clé, un avenir toujours incertain.

Conséquence : la psychose face à ce tableau sombre, et la peur d’accepter leur sort, un sort dont ils refusent d’être les façonneurs, dans lequel ils ne se reconnaissent pas, et qui pousse pas mal de jeunes à aller vers une quête du bonheur dont ils s’estiment être en droit, où qu’il se trouve : dans la mer comme… dans le feu.

L’immigration, légale ou clandestine, n’est que le reflet d’un mal de vivre en Afrique. Mais les jeunes y sont-ils exempts de tout reproche ? Assurément non, car qui refuse de s’assumer s’abîme : telle est la loi de la nature. Il devient donc rassurant que les jeunes aient pris conscience de leur passivité, de leur laxisme et de leur lassitude d’avoir tant encassé, pour finalement prendre toute leur responsabilité face à leur destin.

Le ton est déjà lancé. Reste maintenant à savoir s’ils sont prêts à subir tant d’endurances pour aller jusqu’au bout? C’est finalement cela la question, qui ne se pose pourtant plus en terme de légitimité -ceux qui sont aux affaires n’étant pas plus méritants qu’eux-, mais plutôt en terme de sacrifice. Dans tous les cas, cela prendra le temps qu’il faudra. Mais tôt ou tard, la rupture tant crainte et par la vieille garde, et par la jeune génération, interviendra.

Adama S. DIALLO

08 Juillet 2008