Ce qui explique que les actes posés, s’ils ont contribué à l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations, sont considérés toujours comme étant en deçà des attentes, non pas des seules populations mais aussi des autorités qui ont la main à la pâte. Qu’à cela ne tienne, ces temps-ci, les critiques vont bon train, au point que certains affirment que le changement attendu est en cours, alors que d’autres estiment que le pays va mal. Sur quoi se fondent-ils pour faire une telle affirmation ?
LE FONDEMENT DES CRITIQUES
L’arrivée d’ATT aux affaires a surpris certains qui n’envisageaient pas qu’il bénéficierait du soutien d’une frange importante de la classe politique. Cela devenu réalité, les divergences de vues n’ont pas tardé à apparaître. Il s’est développé, en effet, une polémique au sein de la classe politique et de la société civile au sujet de l’absence d’opposition politique.
L’unanimité se fait rarement sur les questions d’intérêt national et la situation politique nationale, bref sur la gouvernance actuelle du pays. Cela est démocratique, mais intervient surtout quelques années après l’investiture d’ATT qui a bénéficié de la confiance de la classe politique au deuxième tour des élections présidentielles.
On comprend dès lors que ce sont surtout ceux qui faisaient de grands calculs et qui ont été frustrés de n’avoir pu atteindre leurs objectifs qui représentent le lot des insatisfaits et des mécontents, alimentant la critique en toute circonstance. Cela s’explique par le fait qu’ils semblent ignorer tout ce qui a été réalisé de concret à l’avantage des populations.
Les gros efforts en cours dans le cadre du désenclavement intérieur et extérieur, de l’aménagement des périmètres irrigués, de la promotion des investissements et de la réhabilitation de certaines sociétés ne les intéressent guère. Or, il s’agit d’activités indispensables dans le cadre de la bonne gouvernance démocratique. En effet, on a pu constater qu’il s’agit là de projets en cours d’exécution soutenus par les partenaires techniques et financiers du Mali.
POURQUOI UN TEL SOUTIEN ?
La réponse est simple, les efforts des autorités maliennes et des partenaires au développement sont focalisés sur la mise en oeuvre de projets à impact durable qui participent activement à l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations, à moyen et long terme. Le concept de développement durable s’appuie justement sur ces deux périodes. Au-delà donc de ces aspects, celui qui intéresse le plus de Maliens aujourd’hui concerne la gestion du quotidien : ce que l’on gagne et dépense au jour le jour, les attentes.
Les attentes renvoient à la demande sociale, surtout celle exprimée, et à sa prise en charge progressive par les autorités. C’est surtout par rapport à cela que les divergences prennent place au sein de l’opinion publique nationale. Quantifier de telles oeuvres s’avère difficile dans le cadre de la gestion des affaires publiques dans un pays en développement, où pratiquement dans tous les domaines de la vie socio-économique et politique il y a beaucoup à faire.
Ce sont, en effet, ces difficultés qui ont été à l’origine des événements de Janvier à Mars 1991. La victoire de ce qu’on a appelé révolution du 26 Mars 1991 n’est autre chose qu’un repère historique, le point de départ d’une autre façon de gérer les problèmes de la cité. Dans ce processus, le pouvoir de la transition démocratique, sous la houlette du CTSP, a posé des jalons.
L’ADEMA-PASJ qui lui a succédé a commencé la mise en oeuvre des réformes et actions de développement. Un exercice qui s’est avéré plus difficile qu’on ne croyait et cela est dû à la multiplicité des fronts de combat du pouvoir d’alors. Un pouvoir fait toujours des choix dans ces conditions, et ceux opérés par l’ADEMA prenaient peu en compte le social durant le premier mandat du Président Alpha Oumar Konaré. Il l’aura compris en dédiant son second mandat au social sans parvenir à faire grand chose dans ce domaine.
Au contraire, un accent particulier a surtout été mis sur les chantiers du développement avec la création des infrastructures de la CAN 2002. Toutes choses qui ont beaucoup contribué à renforcer le bilan de la gestion du pouvoir par l’ADEMA. La crise scolaire, quant à elle, est demeurée sans solution pendant la décennie. S’il y a eu des efforts d’amélioration des conditions de vie et de travail des populations, ils n’ont concerné que certaines couches socio-professionnelles, notamment les fonctionnaires, qui ont bénéficié d’augmentations de salaires dont le payement des salaires à leurs indices actualisés.
Le reste de la population, notamment les paysans, éleveurs, artisans, travailleurs du secteur privé entre autres, ont peu bénéficié des efforts du gouvernement dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie surtout que lors du premier mandat de l’ADEMA, tous étaient confrontés aux conséquences drastiques de la dévaluation du franc CFA, à savoir le renchérissement du coût de la vie, des prix du transport dont les incidences sont grandes sur le portefeuille des populations.
Nous sommes allés aux élections générales de 2002 dans un tel contexte où encore le climat politique était tendu, malgré les efforts des uns et des autres en faveur de la décrispation de la situation politique. Et depuis les élections générales de 2002, grâce au consensus politique que certains repoussent pourtant, la crispation de la situation politique est à présent un triste souvenir. Ce qui explique qu’il y a eu des avancées remarquables au plan politique où d’ailleurs les réformes se poursuivent de façon consensuelle avec la participation de l’ensemble de la classe politique.
Par rapport spécifiquement aux attentes, comme il fallait s’y attendre, il y a certes eu des acquis, mais toujours considérés en deçà des espérances. Cela veut-il dire qu’il y a eu moins d’actes concrets et de résultats ou alors parce que les populations sont simplement impatientes ? Il semble que c’est l’impatience de voir le changement s’opérer à tous les niveaux en un laps de temps qui règne aujourd’hui.
Or cela ne peut relever que du miracle. Sinon le pouvoir actuel a pu accorder, à son tour, des avantages aux fonctionnaires et aux conventionnaires de l’Etat. De même, plusieurs syndicats qui animaient, ces temps-ci, le front social, ont obtenu la satisfaction de nombre de leurs revendications. A cela , il faut ajouter les acquis et la poursuite des efforts dans le cadre de la réduction des tarifs, coûts et prix de certains produits et services, notamment l’eau, l’électricité, le téléphone, les communications téléphoniques.
Au-delà de ces aspects, les logements sociaux que le pouvoir ATT est en train de promouvoir sont un aspect important de la prise en compte des préoccupations des populations. Les aménagements hydro-agricoles viennent renforcer ces acquis, mais il faudra du temps pour percevoir leur impact.
D’autre part, la promotion de l’emploi des jeunes à travers les structures comme l’APEJ et les sociétés qui se créent ou sont en voie de réhabilitation pourraient se révéler salutaires pour les jeunes. Cela n’empêche pas le constat qu’au sein de la population générale il y a des difficultés chez plusieurs couches socio-professionnelles.
Dans les conditions actuelles de la gouvernance, on espère bien que cela est surtout dû au fait que les caisses de l’Etat enregistrent moins de détournement et que les ressources sont utilisées de façon plus judicieuse, rationnelle dans l’intérêt exclusif des populations.
Moussa SOW – 21 février 2005