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Explosion à la grenade à Kidal, explosion à la voiture piégée à Tombouctou…La situation reste toujours tendue dans ces deux villes du nord du Mali. Le jeudi 26 septembre dernier, à la veille de l’attentat, le Mnla et d’autres groupes armés avaient élevé le ton, dénonçant les multiples difficultés de la mise en œuvre de l’accord de Ouagadougou, causées par le non-respect par la partie malienne de ses engagements. Alors qu’il n’en est rien.

Conséquence de leur mécontentement, deux hommes de la Garde nationale assurant la sécurité de l’agence de la Banque malienne de solidarité (BMS) à Kidal, ont été blessés dans une attaque à la grenade. Au moment où les condamnations de cette attaque lâche pleuvaient de tous les côtés, des terroristes d’Aqmi en profitaient pour frapper Tombouctou au cours d’un attentat-suicide contre le camp militaire de la ville tuant plusieurs personnes et blessant de nombreux militaires. Exprimant ainsi une volonté délibérée de saboter le processus de paix et de dialogue enclenché ( avec la libération des rebelles par les autorités maliennes).

L’Etat doit-il continuer à accepter ces chantages et ces actes barbares de ces groupes armés ? Dans un communiqué publié à Ouagadougou le 28 Septembre 2013, le Chargé de communication du CTEA, Porte-parole du MNLA, Mossa Ag Attaher, a dénoncé l’attentat de Tombouctou, mais reste muet sur celui de Kidal. Il prend le monde comme une garderie d’enfants, pour mieux faire du chantage, active quelques marionnettes et accuse les islamistes, leurs amis de tous les jours, avec qui ils travaillent surement en harmonie.

L’armée malienne cantonnée, retrait des troupes tchadiennes…

Gouverneur cantonné, administration casernée, la station de la radio nationale entre les mains du Mnla, résidence du Gouverneur occupée. L’armée malienne est toujours cantonnée à Kidal (contrairement à l’accord cadre, qui stipule que ce sont les forces des groupes armés qui doivent être cantonnées). Ils ont ainsi profité du cantonnement de l’armée malienne pour permettre aux terroristes d’Aqmi et d’autres bandits armés d’envahir une fois de plus nos villes et commettre des attentats. Comment peut-on expliquer que c’est le Mnla qui menace et qu’Aqmi attaque et tue ?

Le double jeu du Mnla est évident. Aucune négociation n’est possible avec ces terroristes qui détiennent surement les otages français quand on sait qu’ils ont été les premiers à découvrir le cadavre d’un otage. Un véhicule en temps de guerre ne doit pas se retrouver devant un camp militaire sans un contrôle préalable. Comment expliquer la situation à Kidal ?

Il y a une quinzaine de jours, une centaine de militaires tchadiens avaient quitté leur position à Tessalit pour rejoindre Gao en signe de protestation contre le non-paiement des primes liées à leur participation à la guerre, mais aussi à l’absence de relève. Depuis, ils sont rentrés chez eux. Le président tchadien Idriss Deby avait pointé du doigt l’ONU dans cette affaire, appelant la Minusma à assumer ses responsabilités.

Quel rôle jouent la Minusma et la force Serval ?

Les accords de Ouagadougou clarifiaient le cantonnement des rebelles touaregs qui se pavanent librement en ville pendant que les forces armées maliennes sont cantonnées. Dans ce contexte, la France et l’Onu devraient demander au MNLA de déposer les armes et cantonner leurs combattants. Le ton avait été donné le mois dernier, quand une délégation gouvernementale avait essuyé des jets de pierres lors d’une mission à Kidal, devant les yeux complices de la Minusma et de Serval. Même ici à Bamako, personne n’avait levé le petit doigt et pourtant c’était un signal donné par les combattants du Mnla. C’est normal que le citoyen lambda se pose la question de savoir le rôle de la Minusma et de l’opération Serval au Mali…

Clarisse NJIKAM

cnjikam2007@yahoo.fr

L’Indépendant du 3 Octobre 2013