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Ibrahim Ag Bahanga, qui a troqué son siège de conseiller national contre la Kalachnikov, ne semble pas disposé à faire la paix. Comment parvenir à une paix définitive entre Bahanga et ses ouailles de hors la loi qui « tirent désormais sur tout ce qui bouge ? C’est la question qui taraude l’esprit de nombreux Maliens qui voient dans les actes de tuerie une défiance ouverte à l’autorité de l’Etat et une méprise affichée pour la vie humaine.

Certes, le message délivré par le président de la République, Amadou Toumani Touré, depuis la Cité des Rails où il présidait l’ouverture de la Biennale artistique et culturelle a été compris par les Maliens, mais, une fois encore, l’autorité s’est montrée par trop flexible. Sans avoir l’intention de jeter de l’huile sur le feu ni d’attiser une haine viscérale envers le tueur de Bahanga et sa troupe « d’exécuteurs », nous nous faisons le devoir de rapporter ce que la rue en pense.

Pour de nombreux Maliens, c’est parce que les parents et proches parents du locataire de Koulouba sont jusque-là épargnés par les bandits que l’Etat ne fait rien, que nos autorités sont inertes, voire montrent des signes d’impuissance ou en tout cas d’incapacité à arrêter Bahanga. Un seul homme contre toute une armée ?

Sans les suivre dans cette logique, il faut tout de même reconnaître que les Maliens auraient souhaité plus de fermeté dans le discours du chef de l’Etat. Non satisfait d’opérer dans la région de Kidal, Bahanga semble maintenant décidé à étendre ses attaques inopinées sur toute l’étendue du territoire national et les récentes attaques, qui se sont déroulées à quelques centaines de km de la capitale Bamako, sont une raison pour les paisibles populations de Ouatagouna, San, Zégoua ou Siby de se faire de soucis.

D’ailleurs, il nous revient que des participants à la Biennale artistique et culturelle qui souhaiteraient rentrer chez eux seraient toujours bloqués à Kayes. Ils auraient peur de regagner leur ville et village respectif sous peine de se voir attaquer en cours de chemin. Sans jouer à l’alarmiste ou encore à l’oiseau de mauvais augure, il est temps que l’Etat prenne encore ses responsabilités pour assurer la sécurité des populations, puis de convaincre les Etats voisins à se défaire de ce trafiquant de drogue comme le désignent les autorités.

A notre connaissance, aucun Etat, à l’heure où la chasse est engagée à l’échelle mondiale contre les passeurs de drogues et autres pirates de mer, n’aimerait accorder l’asile politique encore moins couvrir un narcotrafiquant. Or, dans ses sales besognes, il est permis de douter que Bahanga n’ait pas des appuis étrangers et venant de pays se disant amis du Mali.

Denis Koné

31 décembre 2008