Dans un document intitulé « quand l’insécurité masque les exigences incontournables de démocratisation de l’Adagh », Zeidane Ag Sidalamine, secrétaire général de l’ex-Fpla, opposé à la recrudescence de la violence au Nord, tente d’expliquer ce qui se passe actuellement à Kidal.
Le 28 mai 2006, Zeidane Ag Sidalamine secrétaire général de l’ex-Front populaire de libération de l’Azawad (Fpla), a publié sur le site de Kidal Info une réflexion intitulé « quand l’insécurité masque les exigences incontournables de la démocratisation de l’Adagh« .
Dans ce document, il a clairement indiqué que les attaques et l’occupation provisoire par des déserteurs de l’armée malienne du camp militaire de Kidal ne sont pas des actes dignes d’un Etat de droit et d’une armée républicaine.
Selon lui, cette situation est d’abord le concentré des problèmes sociaux internes de l’Adrar. Précis, Zeidane estime que la problématique de l’après Intalla et la survie de la gouvernance tribale Ifoghas minée par des luttes intestines, ne sont pas étrangers à ce qui se passe actuellement dans le septentrion malien.
Il a indiqué que le regain de violence armée dans la région de Kidal s’explique par le rôle et la place des anciens chefs politico-militaires de l’ex-mouvement populaire de l’Azawad (MPA) dans le partage et l’exercice démocratique du pouvoir politique au niveau de l’Adrar.
Mieux, l’ancien responsable du FPLA estime que le Mali et la région de Kidal sont victimes des séquelles du conflit qui a opposé en 1994 l’armée révolutionnaire de libération de l’Azawad (ARLA) au mouvement populaire de l’Azawad (MPA), renforçant les craintes de vengeance de l’ARLA sur le MPA à travers le commandement militaire actuel de Gao (assuré par un Imrad de Ménaka et membre de l’ex-ARLA) et celui de Menaka (assuré par un Ifoghas de Kidal, membre du MPA).
Zeidane a mis l’accent sur la volonté d’autonomisation des ifirgoumissènes de Tin-Essako contre le pouvoir sans partage du député Adéma-PASJ, Mohamed Ag Intalla. Selon lui, Ibrahim Bahanga et le lieutenant colonel Hassane Fagaga sont issus de la fraction Ifirgoumissène de Tin-Essako.
Pour expliquer ce qui se passe dans le pays des hommes en bleu, il a levé le voile sur le sentiment supposé ou réel de la tribu Ifoghas de ne plus faire partie du centre de décisions de la région de Kidal au regard de l’émergence des pouvoirs et contre pouvoirs démocratiques et citoyens et la naissance de certaines forces politiques autonomes (Femmes, Imrad et Iklans qui échappent à l’ordre traditionnel local Ifoghas).
Si Zeidane est convaincu que la pauvreté et la vulnérabilité économiques de la région de Kidal peuvent être allégées, il est cependant formel : « les choix controversés de l’Etat malien en matière de gestion et d’administration de la région de Kidal créent et nourrissent le syndrome d’une instabilité structurelle« .
Par ailleurs, le secrétaire général de l’ex-FPLA a indiqué que l’occupation de Kidal ne surprend pas, compte tenu des avantages et de la confiance accordée au MPA par l’Etat malien depuis 1991. Mieux, il a estimé que cet état de fait a entraîné d’autres contestations et dissidences à caractère tribal et régionaliste.
Selon lui, le pillage du bataillon de Ménaka par son commandant issu du MPA avant de déserter prolonge l’impunité des combattants ou intégrés du MPA.
L’ancien responsable du FPLA pense que ceux qui ont attaqué ou occupé Kidal et pillé Menaka violent l’esprit du Pacte national et de la lettre de la flamme de la paix.
Cependant, il a estimé que le problème actuel tel qu’il est posé relève de la compétence de l’Etat sans occulter ou entraver les négociations pour sauver des vies humaines innocentes prises injustement en otage.
Assane Koné
30 juin 2006.
Nord – Mali : l’armée appelle au calme
Au moment où certains éléments du groupe des assaillants regagnent les camps militaires, l’armée malienne cherche à calmer les esprits. Au cours d’un point de presse la Direction des Informations et des Relations publiques des Armées, à travers son directeur, le Colonel Abdoulaye Coulibaly, a présenté l’approche de l’armée nationale face aux événements survenus à Kidal.
En effet, après l’attaque des garnisons du Nord, la semaine dernière, la psychose d’une réaction violente s’était emparée des habitants de la région. Mais, assure le Colonel Coulibaly, la mission de l’armée est de travailler à l’instauration de la paix et de la sécurité.
C’est pourquoi, il estime que l’armée est en train de sensibiliser largement les militaires au sein des unités pour que ces derniers ne fassent pas d’amalgame entre ceux qui ont attaqué et ceux qui sont restés fidèles au pays.
S’agissant de la situation actuelle de la ville de Kidal, le Colonel Coulibaly affirme que Kidal et ses environs sont totalement sous contrôle de l’armée régulière et que le calme commence à régner.
Contre toute attente, l’armée malienne a surpris plus d’un car beaucoup de personnes s’attendaient à une riposte aveugle des forces loyalistes. C’est dans ce climat de confiance cultivé par l’armée nationale que certains éléments insurgés ont tourné casaque.
Selon des sources militaires, certains assaillants ont commencé à rejoindre leurs garnisons depuis le 27 mai. La plupart des déserteurs, partis de peur des représailles de l’armée et des intimidations de leurs congénères, ont été « emballés » dans le mouvement.
Ceux qui sont retournés dans les casernes ou tout simplement dans les villes – comme à Kidal où 5 sur les 10 déserteurs sont revenus – se réjouissent de la manière dont ils ont été accueillis par leurs frères d’armes.
L’approche de l’armée serait-elle en train de porter ses fruits ? En tout cas, les stratèges loyalistes veulent éviter ce qui s’est passé en 1991 où toutes les ethnies blanches ont été prises à partie dès au cours de la rébellion.
Pour donner confiance aux populations civiles, les renforts envoyés dans la région sont dirigés par El Hadj Gamou, un officier intégré qui dirige la première région militaire du Mali.
Depuis le début de cette crise, l’armée n’a eu cesse de donner des informations sur sa position qui consiste à promouvoir la paix et surtout la sécurité des personnes.
Tout porte à croire que l’armée a déjoué les visées sombres des assaillants qui souhaitaient probablement une panique générale dans la région face aux forces loyalistes.
Hélas, ces dernières ont compris le jeu. Mieux, elles ont même sécurisé les proches des insurgés dont ceux du trublion Fagaga.
Ismaïla Diarra
30 mai 2006.
Situation à Kidal : les notabilités prônent la voie pacifique
La semaine dernière, au moment où éclataient les événements à Kidal (attaque d’un camp militaire par des assaillants armés), de nombreux notabilités et chefs de fractions de la localité étaient à Bamako pour diverses raisons. Ces événements ont, semble-t-il, pris de court nombre d’entre eux. Les premières surprises passées et après des contacts avec les autorités sur place à Bamako, certains de ces notabilités et chefs de fractions ont aujourd’hui regagné Kidal selon un ancien haut responsable des MFUA (Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad) que nous avons contacté hier.
Selon lui, ce retour à Kidal de ces notabilités et chefs de fractions a deux raisons fondamentales.
Premièrement, rassurer les populations qui avaient fuit en masse la semaine dernière suite à l’arrivée dans la ville des éléments de l’armée nationale.
Aujourd’hui encore, certains Kidalois errent dans la nature. Les notabilités et chefs de fractions ont décidé d’aller sur place épauler les autorités locales en vue de sensibiliser les populations pour leur retour en ville.
Deuxième explication : certaines notabilités et chefs de fractions projettent déjà une médiation. Ce qui explique leur retour également.
Dans cette éventualité, les regards sont surtout tournés vers Intalah, chef de la Tribu des Ifoghas.
Très écouté et respecté, ce vieil homme a interrompu des soins médicaux intensifs qui l’avaient conduit dans la capitale peu avant les événements de la semaine dernière.
De part le passé, il avait été sollicité pour différentes médiations dans différents conflits au Nord.
Dans la présente situation, le vieux Intalah est appelé à jouer un rôle déterminant pour un retour au calme.
Pour le responsable du Mfua, il urge d’entamer des négociations afin d’éviter le pire.
Selon lui, aussi bien que les autorités, les notabilités et chefs de fractions, les amis du Mali et bien entendu les insurgés ont le devoir d’éviter le chaos à notre pays.
C.H Sylla
30 mai 2006.