Le Président de la République était hier devant 130 professionnels de l’information, 48 journaux, 21 radios, 12 correspondants de presse, 7 envoyés spéciaux et 23 autres invités pour parler de ses difficultés, ses échecs, ses succès et ses ambitions pour le Mali.
Selon le président ATT, ce devoir de rendre compte permet de se parler et de lever quelques équivoques. A trois ans, dira-t-il, vouloir planter un bilan est un exercice pas facile.
D’entrée de jeu, le Président Amadou Toumani Touré fera l’apologie de l’expérience inédite de gestion consensuelle du pouvoir tentée depuis son investiture en juin 2002.
Selon lui cette expérience a donné au Mali une stabilité intérieure et la paix sociale. «La gestion consensuelle du pouvoir que j’ai souhaité et qui a porté des fruits est à saluer» dira-t-il.
Parlant de son ambition pour le Mali qui tourne autour de deux points essentiels à savoir : le mieux être des populations et le développement durable de notre pays ; ATT estime que des synergies ont été créées pour mieux exploiter les routes, les pistes, les puits, les adductions d’eau, les logements sociaux, l’électrification rurale, les périmètres irrigués, la lutte contre le Sida, l’Education, l’emploi surtout l’emploi des jeunes, la lutte contre la corruption.
Avec la nouvelle loi d’orientation agricole, ATT ambitionne de transformer l’agriculture sociale en une agriculture industrielle. Il se propose aussi de revaloriser les engrais de Tilemsi pour mettre en valeur nos Monts et pistes.
Cependant force est de reconnaître que nos efforts sont confrontés à des limites tant du point de vue de nos ressources propres que de l’aide au développement qui tarit de plus en plus.
Nous sommes confrontés à des adversités qui se caractérisent par d’énormes pertes de nos ressources et des manques à gagner. «Des facteurs exogènes ont fortement ralenti la marche du pays : crise ivoirienne, baisse du cours du Dollar, flambée du prix des hydrocarbures, l’arrêt précoce de la saison des pluies et l’invasion acridienne qui a provoqué un déficit céréalier de 500.000 tonnes en 2002 et 345.000 tonnes en 2004», a indiqué le chef de l’Etat.
Le coton aussi a connu une baisse drastique de 43 % de son cours sur le marché mondial. Le bras de fer avec nos partenaires techniques au développement a causé au trésor Malien une moins-value de 37,8 milliards de F Cfa uniquement sur le point de l’aide budgétaire et la perte de 18 milliards sur les prévisions budgétaires qui auraient pu faire tourner certains services et des petites sociétés.
Cependant malgré, cette morosité, des «efforts importants ont été faits au niveau des salaires et avantages». Sur le plan de la grille salariale, la révision a donné une incidence financière de 10 milliards F Cfa, pour les B1 et B2 plus d’un milliard et pour l’alignement des contractuels sur le salaire des fonctionnaires l’Etat a débloqué 1 milliard 200 millions de F Cfa.
D’autres fonctionnaires ont bénéficié de 1 milliard 300 millions ; les avancements gelés ont coûté à l’Etat 5 milliards de F Cfa. Ce sont donc 20 milliards de F Cfa qui ont été payés par l’Etat Malien moins les indemnités, les régularisation et les ajustements.
Quant à la masse salariale, elle a triplé entre 2002 et 2005.
Les personnes âgées ont aussi vu leur pension mensualisée. Les allocations familiales ont été revalorisées.
Depuis l’arrivée de ATT en juin 2002, la croisade contre la corruption et la délinquance financière a été relancée.
La Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration a produit 359 dossiers ; l’institution du Vérificateur générale commence à bouger : 9 vérificateurs sur les 11 ont prêté serment.
Les Pôles économiques et financiers ont été mis en place à Kayes, Mopti, Commune III du District de Bamako.
Le Contrôle général des services publics a été renforcé. Son budget de fonctionnement a augmenté de 65 %.
Les véritables motifs de satisfaction se trouvent au niveau du Programme multisectoriel de lutte contre le Sida. ATT est parvenu à obtenir à travers ce programme une enveloppe financière de 75 milliards de F Cfa pour la distribution gratuite des médicaments anti-retroviraux ; la multiplication des centres de dépistage anonyme dans toutes nos régions et la multiplication du nombre de centres de Conseil.
Son insatisfaction ?
«Ce sont les deux saisons hivernales non réussies que nous avons connu entre 2002 et 2005».
Birama Fall
09 juin 2005