En quête d’un nouveau contrat de confiance avec le peuple malien, Amadou Toumani Touré tient aujourd’hui ses adversaires à une distance respectable. Jouant à proposer le contraire de ce que le président sortant propose, les autres candidats oublient qu’on attend d’eux une autre alternative au « Mali d’ATT » qu’ils dénoncent tant.
« Un Mali qui gagne ».
Au-delà du slogan de campagne, c’est le challenge qu’Amadou Toumani Touré propose aux Maliens. Un Mali qui gagne est avant tout un pays réconcilié avec lui-même et réuni par un nouvel espoir comme aux premières heures de l’indépendance. Un Mali qui gagne est celui où les jeunes trouvent assez d’opportunité d’épanouissement socioéconomique sur place pour penser à mettre leur vie en péril en voulant coûte que coûte traverser les mers vers un hypothétique bonheur.
Ce Mali est celui qui intègre le concert des nations sans aucun complexe. Un Mali qui gagne c’est celui où les dirigeants sont conscients de leur rôle de guide, de leurs devoirs et de leurs responsabilités à l’égard de ceux qu’ils gouvernent. C’est tout le contraire de ceux que nous connaissons aujourd’hui. Le challenge d’ATT repose avant tout sur le choix des hommes, des cadres chargés à mettre en pratique son projet de société.
Et c’est ce qui lui a le plus manqué pendant son premier mandat, « ATT est un dirigeant éclairé qui a de réelles ambitions de développement pour son pays. Mais, il est mal servi. Ceux en qui il a placé sa confiance, ne sont pas à la hauteur de ses ambitions pour le Mali », nous disait récemment un diplomate. Il est clair que l’homme, qui n’a pas été formé dans le moule politique traditionnel, a dû fermer les yeux sur beaucoup de lacunes au nom du consensus. Cela a beaucoup nui à ses actions, à ses initiatives.
Mais aujourd’hui, son point fort dans la campagne pour la présidentielle du 29 avril prochain, c’est qu’il est constant dans son option politique. Sa vision est fondée sur une seule valeur : l’unité ! Cela fut le socle du consensus politique. Elle est aussi le soubassement du futur Mali qu’il veut bâtir.
Comme formulée dans le Projet pour le développement économique et social (PDES), l’ambition majeure du candidat Amadou Toumani Touré pour les cinq prochaines années, est d’atteindre un taux de croissance de 7 % au moins par an ; de faire du Mali une puissance agro-pastorale et de promouvoir une gouvernance de qualité.
Le choix des hommes
« Ce sont là autant de défis qui, pour être victorieusement relevés, demandent les éclairages de nos expertises et de nos compétences dans tous les domaines du savoir. C’est donc autour de cette vision et de cette ambition que je vous invite sur le chemin du Mali qui gagne qui est le socle d’une exhortation qui m’est chère », souligne-t-il dans Le Contrat, le quotidien en ligne de sa campagne.
L’autre atout d’ATT, c’est qu’il est en train de prendre tous ses adversaires au dépourvu. A part quelques maladresses lors de l’ouverture de sa campagne au Centre international des conférences de Bamako, il fait montre d’une réelle maîtrise de sa vision politique.
Contrairement à ce que beaucoup s’attendait, il ne mène pas sa campagne en termes d’acquis, mais de défis à relever, du chemin à parcourir ensemble pour faire de notre pays un havre de paix. Point de polémique ou d’invective. Point de « recettes miraculeuses », mais des propositions plus réalistes que celles qu’on entend dans d’autres chapelles.
L’efficacité de sa communication est aussi un autre atout d’ATT par rapport à ses concurrents. Le PDES, les 21 raisons de réélire ATT, La lettre aux Maliennes et aux Maliens et la Lettre réponse à la pétition des universitaires sont autant de documents qui mettent en évidence « une vision précise, claire et pertinente de l’ambition que ATT nourrit encore et toujours pour son peuple, pour son pays, pour sa nation ».
« La politique, c’est pour résoudre les problèmes de la cité et le pouvoir n’est rien d’autre qu’un moyen », a dit ATT au lancement de sa campagne. Il est vrai que le pays vit aujourd’hui une conjoncture financière très éprouvante pour la majorité des populations. N’empêche que, pendant les cinq dernières années, des solutions ont été recherchées aux problèmes des Maliens. Les résultats sont certes à relativiser parce que les couches visées n’ont pas toujours bénéficié des retombées attendues.
Face aux problèmes des Maliens, le président sortant a dit « ce qu’il faut faire, pourquoi le faire, comment le faire, avec qui le faire, quand le faire ». Les défis mis en évidence sont réalistes et réalisables. Toutefois, s’il est élu, ATT ne doit plus oublier que l’efficacité de ses projets à assurer le bien-être des Maliens dépend du niveau de conscience et de la moralité des hommes et des femmes qui auront la mission de les relever.
Autrement dit, une politique de développement ne vaut que par la compétence et l’honnêteté de ceux ou celles qui sont choisis pour l’exécuter.
Moussa Bolly
16 avril 2007.