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Le terrain politique malien présente depuis le lendemain des élections un visage atypique caractérisé par un branle-bas de toutes les formations politiques. L’élection du Général Amadou Toumani Touré, un candidat indépendant, à la présidence de la République serait-elle à la base de ce regain de vitalité ? Les partis politiques sont-ils en train de faire leur autocritique ?

Au sortir des élections de 2002, qui ont vu la victoire d’un candidat indépendant sur des formations politiques vieilles de 10 ans, les partis politiques se ront résolus à comprendre que sans une bonne organisation leurs efforts seraient vains. C’est pourquoi désormais sur le qui-vive, ils ne ratent aucune occasion pour faire une revue de troupe en vue des prochaines échéances. Ainsi depuis un certain moment, presque tous les partis ont tenu leur congrès statutaire et organisé des journées de concertation avec les élus. Ce nouveau chantage portera-t-il ses fruits ?

Ces activités traditionnelles qui caractérisent la vie de toute formation politique ont été émaillées ces derniers temps par des décisions importantes. Rompant avec les vieilles habitudes de l’opposition classique, la classe politique a rangé dans les tiroirs les querelles interpersonnelles et les critiques stériles pour chanter à l’unisson « vive le président! » Ce slogan opportuniste qui traduit la relative tranquillité qui prévaut de nos jours n’est il pas circonstanciel ? Le soutien des partis politiques au président ATT est-il sincère ?

Le moins que l’on puisse dire est que bien qu’ayant pris cette option, les formations arrivées au coude-à-coude avec ATT au 2e tour sont en train de mieux se structurer de nos jours pour se faire une place au soleil en 2007. C’est par exemple le cas de l’ADEMA-PASJ, du RPM, du PARENA, mais d’une autre manière de l’URD du candidat déchu de l’ADEMA Soumaïla Cissé.

Il n’est un secret pour personne que depuis la tentative de la refondation, de l’ADEMA originelle lancée en novembre 2003 en la faveur de laquelle certains ténors du MIRIA (Siaka Bagayoko, Tiémoko Sangaré, Mahamedoun Dicko) et du RPM (Lanseni Balla Kéïta, Bocar sall, Mme Zourèye) ont regagné leur famille originelle, c’est toute la classe politique nationale qui est en mouvement. Les contacts ne cessent de se multiplier pour tantôt débaucher des militants tantôt charmer des partis tout entiers. C’est le cas de la fusion en vue de l’ADEMA-UDD-CND-PARENA qui risquerait d’intéresser nombres de partis en quête d’indentité.

Au niveau du parti du Tisserand, aucune initiative pour le moment dans ce sens. Par contre, au niveau de l’URD frange dissidente de l’ADEMA, de grands mouvements sont en cours pour récupérer la fusion RND-RDP et alliés, sans compter la récupération à son compte des égarés de l’UDD.

Toutes ces initiatives ne visent en réalité qu’un seul objectif : le positionnement pour 2007. Pour ce faire, le Général-président doit déjà commencer à se préparer et à se rassurer du soutien des plus fidèles. Pourra-t-il à cet effet compter sur l’un de ces trois partis ou doit-il pour se prévaloir d’un parti politique, accepter la transformation du Mouvement Citoyen en parti comme le réclament à cor et à cri certains de ses proches ?

Selon plusieurs analystes de la scène politique, cette dernière option serait suicidaire pour le Président car toute velléité dans ce sens contribuerait à retourner la classe politique contre lui. L’option salutaire serait de rester indépendant et de négocier avec des formations politiques qui accepteraient de partir avec lui, faute de candidat crédible.

Amadou OMBOTIMBÉ – 24 février 2005