Au sortir de trois semaines d’une campagne menée au pas de charge, les différents candidats à l’élection présidentielle, essoufflés par une débauche d’énergie, de temps et d’argent, attendent impatiemment le verdict des urnes. Ils ne seront pas tous choisis, certes, mais chacun sera récompensé proportionnellement à son mérite et à la sueur de son front.
Du président sortant Amadou Toumani Touré à la candidate écologiste Mme Sidibé Aminata Diallo, tous auront mouillé le maillot ou presque. Le hic est que, entre les candidats alignés sur la ligne départ, il y avait des riches et des pauvres.
Parmi les mieux lotis ATT et IBK auront parcouru la quasi-totalité du territoire pour transmettre leur message aux populations. Tiébilé est arrivé comme un troisième larron pour mener une campagne de proximité qui est allé droit au cœur des populations. On a vu Oumar Mariko accueilli à Niono par les paysans de l’Office du Niger comme un libérateur tandis que Boubèye se pavanait comme un paon dans sa ville natale de Gao.
Quant au reste de la troupe, à savoir Madiassa Maguiraga qui a tourné en rond à Bamako, Mme Sidibé Aminata Diallo qui a fait une apparition furtive à Kayes, Blaise Sangaré dont on a perdu (même la presse) toute trace, on dirait qu’ils se sont égarés dans le désert. Il suffit simplement de savoir que la caution d’ATT a été payée par les femmes (une première dans le monde) et que mise à part la candidate écologiste dont les sous auraient été versés par le président lui-même, les autres candidats ont eu du mal à joindre les deux bouts.
Pauvreté n’est pas vice, qu’à cela ne tienne, chacun y est allé de son petit bonhomme de chemin en brodant sensiblement sur des thèmes qui se recoupent. Il s’agit, pour l’essentiel, de l’école, la santé, les problèmes du Nord, l’immigration, la lutte contre la corruption, le coton, la CMDT. Toutes choses qui préoccupent les Maliens à l’heure actuelle. Chacun est parti avec son étendard sur lequel était écrite sa profession de foi.
Le président sortant Amadou Toumani Touré ne pouvait que s’abriter derrière son bilan » ATT, pour un Mali qui gagne » fait de construction de ponts, de routes, d’hôpitaux et de logements sociaux ainsi que la gratuité de la césarienne.
Mais ses adversaires ont trouvé des failles énormes dans son système de défense. Pour IBK, en particulier, avec » ATT c’est un Mali qui perd « . Tiébilé a dénoncé la duperie de l’homme du jour, Boubèye le mensonge comme système de gouvernement pour finalement conclure à la nécessité du changement. En tout cas, les cotonculteurs ne pardonneront pas au président-candidat leur endettement excessif et le prix exorbitant des intrants agricoles. Les colons de l’Office du Niger, qui croulent sous le poids de la redevance eau et la confiscation de leurs terres au profit des nantis, aimeraient tourner la page. Ecole à vau-l’eau, manque d’eau potable et pénurie d’eau, en cette période de grande chaleur, coupure intempestive du courant dans les foyers, hausse vertigineuse du prix des denrées alimentaires, pied de nez aux Maliens de l’étranger, manque de médecins dans les CSCOM, finalement, il y a plus de démons que le sorcier n’en pensait vaincre alors que les populations n’ont pas la mémoire courte.
Dans ces conditions, ATT ne risque t-il pas de passer à côté de son bilan ? Surtout si l’on ajoute à ce lourd passif ce que Madiassa Maguiraga « monsieur salaire » appelle le bradage des ressources minières et Oumar Mariko la privatisation sauvage de la CMDT, de l’Huicoma et de la Régie des Chemins de fer.
En tout cas pour le Général, l’addition est salée, le fardeau lourd à porter. Parler dans ces conditions de changement dans la continuité, c’est nous amener à prendre du mirage pour du miracle.
Celui-là même qui est allergique aux critiques a déclaré, lors de son dernier meeting au stade Modibo Kéïta qu’il sera bel et bien réélu président de la République du Mali. Puis, sur un ton de mépris il a ajouté que ses adversaires ont glissé sur un terrain que son éducation ne lui permet pas d’emprunter.
Son opinion va toutefois à contre-courant de celle du président de la CENI, Fodié Touré, qui a déclaré aux diplomates réunis au CICB que toute la campagne s’est déroulée dans les règles de l’art et qu’il n’y a eu aucun dérapage. Mais chassez le militaire, il revient avec tambour et trompette.
Mamadou L. Doumbia
30 avril
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