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« Le Mali ne soufflera pas sur les braises pour raviver la rébellion ou la crise ivoirienne, car nous avons d’autres chats à fouetter ».

C’est en substance ce qu’a dit le président ATT à la conférence de presse conjointe qu’il a animée en compagnie du président français Chirac et de la porte-parole de la jeunesse africaine, Marie Tamafo N’kom.

Jamais, ATT dans un discours aussi franc, direct et officiel, n’avait évoqué la crise ivoirienne pour afficher ainsi de façon publique la position malienne dans ce conflit fratricide.

Et la question évoquée par un de nos confrères ivoiriens méritait bien d’être posée aux présidents malien et français.

Car, pour ce qui concerne le Mali, depuis le déclenchement de la crise en 1999 et la prise du pouvoir par Laurent Gbagbo, les autorités ivoiriennes et une partie de sa population n’ont jamais cessé de pointer un doigt accusateur vers les pays voisins en l’occurrence le Mali et le Burkina Faso, les accusant, (même si des preuves n’ont jamais été avancées) de servir d’arrières bases aux rebelles.

A écouter ATT, le Mali n’a aucun intérêt à soutenir une rébellion ou entretenir une crise en Côte d’ivoire pour plusieurs raisons qui sont d’ordre économique, social et politique.

En effet, a souligné le président ATT, au-delà du fait que la Côte d’ivoire est l’hôte de millions de Maliens, ce pays reste pour le Mali le principal point d’accès à la mer favorisant ainsi les échanges avec l’extérieur.

Or cette crise, qui perdure, fait perdre chaque année 100 milliards de francs CFA au Mali, a poursuivi ATT qui a ajouté que cette crise a même « déstabilisé » le Mali.

Le chef de l’Etat, qui a indiqué ne vouloir recevoir de leçon de quiconque en matière de rébellion pour avoir été confronté à cela, a expliqué qu’il faut beaucoup de courage et de volonté politique pour résoudre le conflit ivoirien.

Si cette mise au point du président ATT sur la crise ivoirienne arrive un peu tard, parce qu’il aura fallu la tenue du Sommet pour que le président « parle », elle a cependant le mérite de dissiper les doutes que certains Maliens, tout comme des Ivoiriens, ont quant à l’attitude qu’adoptait le Mali jusque-là dans le conflit ivoiro-ivoirien.

Denis Koné

06 décembre 2005.