Partager

L’interprétation d’une chanson par l’Ensemble instrumental national, sketches sur l’accès aux structures de prise en charge et la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, à l’éducation des filles, l’alphabétisation des femmes, la formation et l’emploi, la terre, les matériels de production, le crédit et l’énergie par la troupe Nyogolon; messages sous forme de slogans par les femmes ; remise de la toile nationale de la marche mondiale des femmes au président de la République, prestation de Mah Kouyaté N°1, discours de la secrétaire exécutive de la CAFO, Mme Traoré Oumou Touré, du ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Mme Diallo M’Bodji Sène, et du président de la République, Amadou Toumani Touré. Voilà la longue liste des temps forts de la Journée internationale de la femme célébrée hier mercredi 8 mars au Mali.

Cette journée s’inscrit désormais dans les annales du Mali pour la simple raison que c’est la première fois qu’un Chef d’Etat préside un tel événement. Il était accompagné, pour la circonstance, de son épouse, Lobbo Traoré, du Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga et des membres du Gouvernement. La salle Bazoumana Sissoko était pleine à craquer car les femmes sont venues de tous les coins du Mali pour donner un éclat particulier à leur fête.

Instituée par l’Organisation des Nations Unies, la Journée internationale de la femme vise à sensibiliser les opinions nationale et internationale sur la situation des femmes dans le monde et la nécessité d’améliorer leur statut.

C’est l’occasion de faire prendre conscience aux hommes et aux femmes des rôles que peuvent jouer les femmes dans l’édification d’une société juste et équitable. C’est aussi l’occasion de rendre hommage aux femmes pour le rôle qu’elles jouent dans le processus de développement socioéconomique et culturel des nations.

En effet, le thème retenu cette année sur le plan international est « Femmes dans la prise de décision ». Etant donné que ce thème avait déjà fait l’objet de débats au Mali lors des précédentes journées, le comité d’organisation, à travers la direction nationale de la promotion de la femme, a jugé nécessaire de placer cette journée sous le thème « Egalité des chances pour un développement durable« .

Le ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Mme Diallo M’Bodji Sène, estime que « réaliser l’égalité des chances, tel est le sens du combat des femmes à travers le monde et au Mali en particulier. Il s’agit d’assurer un accès plus équitable pour tous aux services, aux activités de développement, à la vie publique. Promouvoir l’égalité des chances, c’est reconnaître que les besoins de tous, femmes, hommes, ont une importance égale et que c’est en fonction de ces besoins que toute société doit être régulée« .

Selon elle, la mise en œuvre du plan d’action pour la promotion des femmes par le Commissariat à la promotion de la femme, la création d’un ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille en 1997, avec l’élaboration et la mise en œuvre du 2è Plan d’action (2002 à 2006), la prise de conscience des femmes et des hommes sur l’importance de la participation dans tous les domaines socioprofessionnels et la ratification du protocole de Maputo relatif aux droits des femmes montrent que beaucoup de progrès ont été déjà réalisés.

Mme M’Bodji Sène n’a, pas oublié la gratuité des antirétroviraux pour les personnes vivant avec le VIH-Sida, la gratuité de la césarienne dans les établissements publics de santé et l’accès des femmes du monde rural au crédit, à la terre et aux équipements productifs de l’élevage, de la pêche, de l’artisanat et du secteur informel.

4% seulement des femmes rurales vivent à moins de 5 km d’un centre de santé

M’Bodji Sène a saisi l’opportunité pour évoquer certaines difficultés auxquelles les femmes maliennes sont confrontées aujourd’hui. Il s’agit surtout du taux de mortalité maternelle estimé à 582 pour 100 000 naissances vivantes, soit un décès toutes les 3 heures, de l’éloignement des structures de santé en milieu rural quand on sait que 4 % seulement des femmes rurales vivent à moins de 5 km d’un centre de santé contre 63 % en milieu urbain. S’y ajoute le faible accès à l’emploi, 78,8 % d’hommes contre 21,2 % de femmes constituent l’effectif de la fonction publique.

La secrétaire exécutive de la Coordination des associations et ONG féminines (CAFO), Mme Traoré Oumou Traoré, a déclaré que « par rapport à la participation de la femme à la vie politique, les femmes du Mali ont une forte interpellation car, malgré quelques percées significatives, nous rejetons vigoureusement les idées de ceux qui pensent que le Mali doit se faire sans les 51,7 % de sa population, ceux-là mêmes qui, dans la recherche de leur ascension au pouvoir, se servent de cette extraordinaire et précieuse ressource bétail électoral en rejetant le principe du quota« . Pour elle, une loi sur le quota n’est qu’une reconnaissance et un respect des droits fondamentaux des femmes.

Si le principe du quota, a-t-elle dit, est interprété par certains comme anti-constitutionnel, les femmes du Mali réclament la révision de la Constitution, s’il le faut, pour atteindre l’égalité entre les sexes quand on sait que le Mali est partie prenante de la Déclaration de l’homme et du citoyen.

Elle a ensuite, au nom de toutes les femmes du Mali, réclamé le dépôt du code des personnes et de la famille qui, loin d’être un code de la femme, est un indicateur pertinent pour mesurer l’impact de la démocratie et de l’Etat de droit sur la vie des hommes et des femmes du Mali.

ATT favorable à l’égalité des chances entre hommes et femmes

Le président de la République, Amadou Toumani Touré a déclaré que son adhésion à la promotion du genre est totale. Selon lui, « pour que la femme participe à la prise de décision dans les affaires politiques, administratives et publiques, il faut qu’elle soit non seulement consultée, mais surtout qu’elle soit présente au niveau de la prise de décision« .

Il n’a pas manqué d’affirmer son adhésion à l’égalité des chances entre hommes et femmes, au choix des femmes pour occuper les postes élevés de responsabilité, à l’équité et au respect des quotas au niveau mairie, conseil de cercle et assemblée régionale. Pour répondre aux différentes interventions, il a donné l’assurance que le micro crédit sera renforcé, soutenu et qu’une part importante sera réservée aux femmes et aux jeunes.

Pour ce faire, il rencontrera, dès ce mois, les différents acteurs de la micro finance pour un engagement plus appuyé. Il a rendu un vibrant hommage à Ellen Johnson, présidente du Liberia pour son élection.

ATT estime que « Johnson est une brave femme, intellectuelle, cultivée». Il pense qu’il y a «beaucoup de Ellen au Mali, mais que cela doit leur donner des idées« .

Alou B HAIDARA

Des journalistes primés

La célébration du 8 mars, journée internationale de la femme est une occasion pour le ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille de récompenser les journalistes qui se sont battus pour la cause de la femme malienne.

En effet, dans le cadre du suivi de l’image de la femme, de l’enfant et de la famille, dans les médias, quatre lauréats, notamment de la presse écrite et de la radio, ont reçu leur récompense hier mercredi.

Le prix du meilleur article de presse écrite sur la femme a été décerné à Sidiki Youssouf Dembélé du journal « Les Echos  » pour son article «  Regard croisé sur la promotion féminine » paru dans le numéro 2542 de juillet 2005.

Tandis que Mariétou Konaté du journal « Le Malien  » a reçu un prix d’encouragement pour la promotion de l’enfant grâce à son article « Enregistrement des naissances, un devoir de citoyen« .

Les lauréats des radios sont l’émission « Gouadouma » de la Chaîne II animée par Lamine Sissoko et ses épouses et « Baroni » de radio Liberté.

Tous les lauréats ont reçu chacun une enveloppe de 150 000 F CFA des mains de l’épouse du chef de l’Etat, Mme Touré Lobbo Traoré.

09 mars 2006.