« Les centaines de millions d’armes en circulation dans le monde attisent les conflits, engendrent des catastrophes humanitaires, contribuent à bafouer les droits humains, entretiennent la criminalité et handicapent le développement de nombreuses sociétés » (document Oxfam). Ces armes estimées à environ 639 millions dont 8 millions circulent illégalement en Afrique de l’ouest, soit environ une arme pour 25 personnes contre moins d’un médecin pour mille personnes.
C’est pour contrôler ce phénomène et réduire au mieux le danger lié à cette prolifération anarchique des petites armes que se tient ce présent atelier de trois jours dont le but final est l’adoption d’ici à 2006 d’un traité sur le commerce des armes afin de réduire au maximum leur utilisation et leur circulation illicite.
La rencontre de Bamako est une initiative d’Oxfam en collaboration avec la Commission Nationale de Lutte contre la Prolifération des Armes Légères du Mali.
Elle ambitionne, selon M. Michel Anglade directeur régional adjoint Oxfam GB, de « contribuer à la protection des populations contre la violence armée et les abus en assurant que le commerce et l’utilisation des armes sont strictement contrôlés ». Pour lui, il s’agit, au terme de ces échanges, d’arriver à l’adoption d’une convention en lieu et place du moratoire sur l’importation, l’exportation et la fabrication des armes légères de la CEDEAO qui a déjà montré ses limites.
Le même constat est fait par le document « Contrôlons les armes » qui indique : « depuis la conférence des Nations Unies de 2001, les massacres et violations des Droits Humains dues à la prolifération des armes légères continuent ». D’où la mise en cause des gouvernants qui, selon toujours le document, n’ont pas entrepris d’actions concertées allant dans le sens de l’éradication du fléau.
Pour le représentant du ministre de la Sécurité du Mali, président de séance, ces nombreux conflits qui ont ruiné la sous-région ouest-africaine cette dernière décennie, se justifient par la disponibilité des armes, leur faible coût d’acquisition, de la facilité de leur dissimulation et de leur manipulation et surtout du fait de leur longevité.
« Ces armes légères constituent de redoutables moyens qu’utilisent les acteurs de conflits pour perpétrer les violences les plus atroces, de la manière la plus gratuite et sans discrimination sur les populations les plus vulnérables qui deviennent les victimes innocentes au coeur des conflits sans jamais savoir ni pourquoi, ni comment » a-t-il martélé avant de rappeler le combat diplomatique mené par le Mali depuis les années 1998 dans le cadre de l’adoption du moratoire.
Durant 72 heures, les Etats membres de la CEDEAO, le système des Nations Unies, les institutions de recherche ainsi que les organisations de la société civile travailleront sur des documents comme l’avant projet de convention régionale sur les armes, la stratégie pour l’adoption de la convention de la CEDEAO en décembre 2005, la présentation du projet de convention et recommandations au Niger et au Libéria, etc.
Pour le représentant du secrétaire exécutif adjoint de la CEDEAO chargé des affaires politiques, de défense et de la sécurité, la recontre de Bamako présente des lueurs d’espoir puisque constitue le début d’une étape importante dans la réalisation des objectifs de la communauté qui sont la création d’un espace stable, sécurisé, permettant l’épanouissement des peuples et un développement économique durable.
Amadou OMBOTIMBÉ
17 Mars 2005