La mise en place de l’assurance maladie obligatoire et du Fonds d’assistance médicale constitue un des axes majeurs de la politique nationale de protection sociale.
Avec l’institution de ce type d’assurance et la création du Fonds d’assistance médicale, la solidarité nationale se hisse à un palier supérieur.
La sécurité sociale et sanitaire est un droit universel. Tout être humain a donc droit à la santé et au bien-être dans le respect de sa dignité et de son développement personnel. Il y a, évidemment, loin de la théorie à la pratique et le débat international sur l’organisation et le financement des systèmes de santé est récurrent depuis plus d’une vingtaine d’années. Il porte sur l’universalité de la couverture médicale et la recherche d’une plus grande équité dans l’accès aux soins. L’équation met en jeu les systèmes de couverture sociale aussi bien en terme de soins de qualité qu’en terme de financement de la demande et de la maîtrise des coûts.
C’est dans ce contexte que le gouvernement à travers le ministère du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, a initié la création d’un Fonds d’assistance médicale et l’institution de l’assurance maladie obligatoire. Après des études et ateliers, le département a décidé de passer à la vitesse supérieure.
Le Centre international des conférences de Bamako a ainsi abrité hier une journée nationale d’information sur l’assurance maladie obligatoire et le Fonds d’assistance médicale. L’ouverture de cette journée a été présidée par Sékou Diakité, le ministre du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées. D’autres membres du gouvernement y assistaient : Ibrahima N’Diaye (Emploi et Formation professionnelle), Abdoul Wahab Berthé (Travail, Fonction publique et Réforme de l’État), Badra Alou Macalou (Maliens de l’extérieur et Intégration africaine).
D’autres personnalités étaient présentes parmi lesquelles le Médiateur de la République, Mme N’Diaye Fatoumata Diakité, le président de l’Union nationale des travailleurs du Mali, Siaka Diakité, son collègue de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali, Hamadoun Amion Guindo, et le vice-président du Conseil national du patronat du Mali, Mamadou Sanogo.
LE PREMIER CAPITAL
Celui-ci a remercié le ministère du Développement social, de la Solidarité et les Personnes âgées pour cette heureuse initiative. « Le Conseil national du patronat partage entièrement cette vision des choses dans la mesure où la mondialisation en cours, dont les attributs sont la concurrence, la performance et la compétitivité dans tous les domaines, nécessite pour chaque nation et peuple, la mise en place d’un système de protection sociale en matière de santé ciblant le plus grand nombre« , a noté le vice-président du Patronat. Il a, dans cet ordre d’idées, demandé au département de poursuivre la démarche empruntée jusqu’ici, celle qui permettra de définir avec précision la tranche de population concernée.
Mamadou Sanogo a préconisé de mener la réflexion sur un certain nombre de questions : quelles prestations de soins à couvrir par l’assurance maladies obligatoire, comment financer l’assurance maladie obligatoire, qui doit gérer l’assurance maladie, quelles relations entre assureurs et producteurs de soins, quelles procédures adopter pour la maîtrise des coûts ?
La mise en place de l’assurance maladie obligatoire et du Fonds d’assistance médicale constitue un des axes majeurs de la politique nationale de protection sociale, du Projet de développement économique et social du président de la République et de la Déclaration de politique générale du Premier ministre.
« Le Mali va ainsi rattraper son retard en la matière et replacer le développement social au cœur du développement, en lui donnant son âme véritable. Tous les experts en développement reconnaissent la pertinence d’un tel projet. L’homme est le premier capital du développement. Et concilier l’économie et le social, c’est œuvrer pour une plus grande justice sociale« , a de son côté commenté le secrétaire général de l’UNTM, Siaka Diakité, en saluant une initiative qui dans son application sur le terrain, offrira des infrastructures et valorisera les ressources humaines.
Le patron de la centrale syndicale a cependant émis d’utiles réserves : « il faut éviter que l’assurance maladie obligatoire soit une occasion de mettre en place une superstructure onéreuse et budgétivore. Il est important d’identifier les sources de financement de manière à ce que la note ne soit pas trop salée pour les groupes vulnérables et les plus démunies« .
UNE REPONSE ADEQUATE
Le ministre du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, Sékou Diakité, a lui, estimé préoccupantes les statistiques disponibles qui soulignent que seulement 10 % de nos compatriotes bénéficient d’un système de protection sociale formel et plus ou moins efficace. Cette situation confirme l’importance des défis à relever pour étendre progressivement la protection sociale aux 90 % de la population qui n’en bénéficient pas pour le moment. Sékou Diakité estime, à ce propos, que la mise en place de l’assurance maladie obligatoire pour les fonctionnaires et les autres travailleurs et la création d’un Fonds d’assistance médicale pour les personnes indigentes, sont la réponse adéquate à cette situation.
« Cette réforme s’inscrit donc en complémentarité avec la création d’une branche des accidents du travail et maladies professionnelles au profit des fonctionnaires et avec le développement de la mutualité en tant que formule volontaire d’assurance ouverte à toutes les catégories sociales« , a expliqué le ministre Développement social.
Au cours de la journée, les acteurs intervenant dans le développement social ont discuté avec les partenaires techniques et financiers, les données techniques et institutionnelles produites à l’issue des études, concertations et réunions restreintes organisées par le département. De toute évidence, une nouvelle dynamique de partenariat pour le développement social, trace son chemin.
Doussou Djiré – L’Essor
04 Mars 2008.