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En cette période de soudure, les prix des céréales et autres denrées de première nécessité connaissent une hausse fulgurante. Les consommateurs, laissés à la merci des commerçants véreux, se disent excédés. Les associations de défense de consommateurs, à l’image du Redecoma, invitent les uns et les autres à utiliser l’arme du refus.

Il n’y a qu’a se référer au prix à la consommation des produits de première nécessité ces dernières semaines, pour se rendre compte que les conditions de vie des Maliens se précarisent. Cette année encore et comme en toute période de soudure, la « tradition » s’impose : les consommateurs subissent la loi implacable des commerçants.

Ce sont surtout les amateurs de lait en poudre qui souffrent le plus car le kilo de ce produit est monté en flèche dans l’espace d’une journée de 2200 F à 2700 F CFA. Les accros de Mali-Lait et de lait caillé devront débourser désormais, non pas 125 F le sachet mais 150 F CFA, soit une hausse de 25 F. Sur le marché, il existe une disparité énorme entre les prix du riz, l’une des denrées les plus prisées de la capitale. Ils varient, en effet, entre 250 et 300 F CFA.

Si le marché de la viande connaît une légère accalmie, celui du pain remet sur la table la question de l’augmentation du prix de la baguette. Et certaines boulangeries comme celles des 1008-Logements, sans autre forme de procès, ont ajouté 25 F CFA à la baguette de 225 F CFA.

Le litre d’huile aussi frétille. Qui plus est, ce produit de grande consommation risque de dominer les débats les prochains jours tant sa qualité est sujette à caution. Présentement, sur les marchés, on en trouve de toutes les couleurs et de toutes les provenances.

Mais, à défaut de faire baisser le prix, les autorités peuvent, en revanche, le maintenir à un niveau abordable pour le Malien moyen. La grande déception vient du côté des associations de défense des consommateurs. Dieu sait qu’elles ne manquent pas au Mali. Tous ces regroupements visent, pratiquement, le même objectif : veiller au respect des droits des consommateurs.

Tous les Maliens ont en mémoire la hausse vertigineuse des prix qui a accompagné la crise céréalière que notre pays a traversée en 2005. Les commerçants ont fait valser les prix. Même les mesures prises par les pouvoirs publics pour garantir la disponibilité des produits céréaliers sur le marché n’ont pas suffi à faire baisser une tension artificiellement entretenue par des commerçants obsédés par les gains mirobolants.

En plus des associations de défense des consommateurs, il existe des structures de contrôle de la qualité des aliments. Celles-ci doivent travailler à mettre le public à l’abri de la consommation d’aliments de mauvaise qualité. Malgré cet arsenal de contrôle, les prix prennent l’ascenseur au gré de l’humeur des commerçants et le marché bamakois regorge de produits à la qualité et à la provenance douteuses.

Le front du refus

Le président du Regroupement de défense des consommateurs du Mali (Redecoma) Badou Samounou reconnaît la difficulté que les consommateurs traversent et qu’il assimile à une désorganisation totale. « C’est une période de tension, il y a une désorganisation totale créée on ne sait pour quel but. En tout cas, on est dans ce cycle depuis des années », dit-il. Selon lui, son association est constamment interpellée par les consommateurs. Mais, disposant de peu de moyens, il essaie comme il peut de s’investir et d’interpeller qui de droit chaque fois qu’il y a un problème.

Sur l’augmentation du prix, M. Samounou invite les consommateurs à user de leur arme, c’est-à-dire le refus pur et simple du produit. « La liberté du prix et de la concurrence sont une réalité au Mali », relève-t-il. Saisi du problème de lait, le président du Redecoma affirme avoir tenté en vain de rencontrer les responsables de Mali-Lait. Il préconise le lait de vache, plus nourrissant et plus abordable que Mali-Lait. Le débat sur l’augmentation du pain, souligne-t-il, n’est plus à l’ordre du jour.

« Aux termes de débats houleux entre les différents intervenants du secteur, les autorités et les associations de consommateurs, il a été convenu que les boulangers cèdent la grosse baguette à 210 F aux livreurs. Ces derniers devront les céder aux boutiquiers à 225 F pour les vendre aux consommateurs à 250 F CFA. Donc, il n’ y a pas d’augmentation à ce niveau », explique-t-il. Et tout comme les consommateurs, il interpelle les autorités. « Nous devons avoir des autorités qui gèrent nos problèmes. Elles ne doivent faire autre que ça : l’amélioration de notre quotidien. Elles doivent éviter la gestion politique et arrêter de sacrifier la santé des populations », avertit-il.

Sur l’épineuse question de l’huile, un produit hautement cancérigène, et des pressoirs, le Redecoma, affirme son président, a rappelé le ministre de l’Industrie et du Commerce. En vain. « Nous avons interpellé le directeur national de l’industrie qui nous a dit que le dossier se trouve au niveau du Premier ministre. Il faut qu’on se préoccupe de notre santé, sinon la lutte contre la pauvreté tant prônée par les autorités ne sera qu’un slogan creux ».

En attendant, l’huile est en train d’occasionner des dégâts sur de pauvres citoyens à Sikasso et Koutiala où pullulent les pressoirs locaux.

Sidiki Y. Dembélé

23 mai 2007.