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L’institution financière africaine mobilisera environ 1.665 milliards de Fcfa pour aider le développement de vaccins en Afrique, a assuré son président Akinwumi Adesina.

L’édition 2021 des Assemblées annuelles, réunions statutaires du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) se tient depuis hier en visioconférence, pour la deuxième fois. Cette année marque la 56è Assemblée du Conseil des gouverneurs de la Bad et la 47è Assemblée du Fonds africain de développement, le guichet de prêts à taux concessionnels du Groupe de la Banque. 

La cérémonie d’ouverture a été présidée par le président du Ghana, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo. Y ont également participé le président de la Bad, Akinwumi Adesina et le président du Conseil des gouverneurs de l’institution, le ministre ghanéen des Finances, Ken Ofori-Atta.  

Les Assemblées annuelles sont un forum unique où les représentants des gouvernements et d’autres partenaires de haut niveau échangent sur les principales thématiques relatives au développement de l’Afrique. Le thème proposé pour ce faire est :«Construire des économies résilientes en Afrique post Covid-19». 

Ce choix se justifie par le besoin de fournir un cadre aux gouverneurs de la Banque pour partager leurs expériences dans la lutte contre cette pandémie et les réponses/mesures politiques qu’ils emploient pour reconstruire leurs économies. Les participants auront également l’occasion de discuter de la nature du soutien dont ils ont besoin de la part des institutions financières internationales (IFI). 

Exprimant ses attentes vis-à-vis de la Bad, le ministre ghanéen des Finances a invité l’institution financière africaine à soutenir les besoins en investissements nouveaux afin de permettre de continuer à créer davantage d’emplois pour les populations. «La Bad doit aider à rebâtir l’Afrique que nous voulons», a plaidé Ken Ofori-Atta.

1.665 MILLIARDS DE FCFA- Intervenant à ce propos, le président de la Bad dira que les économies du continent sont sur la voie de la reprise économique. Cette reprise, a nuancé Akinwumi Adesina, est conditionnée à l’accès des Africains aux vaccins et à la question de la résolution de la dette.

En la matière, «l’Afrique n’aura pas à quémander. La Banque mobilisera 3 milliards de dollars (environ 1.665 milliards de Fcfa) pour aider le développement de vaccins en Afrique, en partenariat avec ses partenaires», a annoncé l’ancien ministre nigérian de l’Agriculture et du Développement rural. Rappelant les efforts de son institution en matière d’amélioration des taux d’accès aux services sociaux de base, aux infrastructures de communication, d’industrialisation, il a renseigné que la Banque va adopter un plan d’actions devant permettre une meilleure gouvernance de la dette. Avant de préciser que la Bad a été nommée meilleure institution financière multilatérale au monde en 2021.  

Au regard des efforts fournis, le président de la Commission de l’Union africaine a salué le président de la Bad pour son leadership. Moussa Faki Mahamat a noté la pertinence et l’urgence pour le continent de se doter d’un mécanisme de stabilité financière. Il a exhorté Akinwumi Adesina à mettre en place les institutions financières continentales nécessaires pour garantir une stabilité économique et financière. 

Plaidant pour que l’Afrique puisse «renforcer ses capacités de fabrication de vaccins et de création d’industries du médicament pour mettre fin à notre dépendance de l’étranger en la matière», le président de la Commission s’est dit favorable au lancement des banques d’investissement pour l’entrepreneuriat des jeunes. Pour ce faire, il a exhorté à mobiliser les ressources internes, les fonds de la diaspora et de pensions, etc.

Dans son allocution d’ouverture, le président du Ghana a mis l’accent sur la création des conditions de la résilience de nos économies aux effets de la Covid-19 et de la crise de la dette. «Nous devons avoir ce lien de solidarité entre le groupe de la Banque et les autres institutions», a insisté Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, avant d’inviter les actionnaires et contributeurs à «croître les ressources et la position de la Banque en tant que catalyseur de nos économies».

Rappelons que ces Assemblées annuelles se tiennent à un moment où le Produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique a chuté de 2,1% en 2020, pire performance économique en un demi-siècle, à cause des effets de la Covid-19. On estime à entre 24,6 à 30 millions le nombre d’emplois qui pourraient être perdus en raison de la pandémie. Ce qui portera le nombre total de personnes vivant dans l’extrême pauvreté à 463 millions. La reprise économique est prévue pour 2021 avec une croissance du PIB estimée à 3,4%. Mais les risques demeurent. 

Depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020, les gouvernements ont annoncé des plans de relance budgétaire. Le coût va d’environ 0,02 % du PIB au Soudan du Sud à environ 10,4 % en Afrique du Sud. La Banque estime que les gouvernements africains ont besoin d’un financement brut supplémentaire d’environ 154 milliards de dollars (77.000 milliards de Fcfa) en 2020/21 pour répondre à la crise.

10% DU PIB D’ICI 2021- Pour rééquilibrer leurs économies et aider les citoyens, les entreprises et les institutions publiques à faire face à la crise, les gouvernements ont recours à des politiques monétaires et fiscales expansionnistes dans des proportions sans précédent, entraînant une augmentation des besoins de financement public en Afrique. 

Ces plans de relance budgétaire ont eu en grande partie des implications immédiates et directes sur les soldes budgétaires, les besoins d’emprunt et les niveaux d’endettement.
Avec la croissance atone et le besoin accru de ressources financières pour atténuer les défis émergents, les déficits budgétaires en Afrique devraient doubler. 

Les niveaux d’endettement augmentent de 10% du Pib d’ici 2021- Face à une telle situation, relancer la croissance et éliminer l’obstacle de la dette au développement est une priorité absolue pour l’Afrique. 
En tant que première institution de financement du développement en Afrique, la Bad a adéquatement intensifié ses efforts pour mobiliser des ressources mondiales (financières et non financières) ainsi que le partage de connaissances et d’expériences pour renforcer la résilience de l’Afrique dans un monde post Covid-19. 

Convaincue que cette maladie offre des opportunités d’embrasser l’industrialisation rapide, la numérisation des activités socio-économiques, l’augmentation des investissements dans les infrastructures de santé ainsi que les capacités médicales et pharmaceutiques. Aussi doit-elle être mise à profit pour l’amélioration de la gestion et de l’architecture macroéconomiques et financières publiques, le renforcement institutionnel à grande échelle, l’importance accrue des partenariats public-privé pour un développement inclusif, etc.

Des événements de connaissances se déroulent autour du thème. Ils servent de panels d’échanges sur les stratégies entre pairs. Interrogés à cet effet, des panélistes ont demandé à s’assurer que la dette soit alignée sur les plans nationaux de développement.

Ils ont insisté sur la nécessité de tenir compte des aspects juridiques et institutionnels pour assurer la transparence de la dette. D’autres ont plaidé pour l’amélioration de l’efficacité de la dépense, en cultivant la discipline budgétaire, la transparence des marchés publics. D’autres encore trouvent pertinent de donner la priorité aux investissements à fort impact économique.


Cheick M. TRAORÉ

Source: L’Essor