Les questions du député Mahamane Santara de l’Adéma, élu à Djenné étaient relatives à l’attribution d’un marché de fourniture de cahier scolaire au ministère de l’Education nationale. Elles étaient adressées à deux ministres : Mamadou Lamine Traoré et Abou-Bakar Traoré. Ce marché a opposé plusieurs opérateurs économiques de la place.
Après l’élimination de tous les autres avec l’application des critères de préqualification, seuls sont restés dans la course deux opérateurs économiques à savoir Afrique Auto et graphique Industrie. Alors que le premier proposait 761 millions 690 mille F Cfa, et le second 1 milliard 328 millions 444 mille F Cfa, le marché était attribué à ce dernier.
Selon le député Mahamane Santara : «l’interpellation des ministres a pour objet de m’expliquer les raisons pour lesquelles un pays comme le nôtre, sacrifie 600 millions de F Cfa environ octroyés à une entreprise pendant qu’une autre peut fournir les mêmes marchandises moins chères étant moins disante 600 millions de F Cfa».
L’adjudicataire est en l’occurrence graphique Industrie, et le député a accusé les départements interpellés «d’accorder gratuitement 600 millions de F Cfa pendant que le pays se trouve dans une nécessité absolue de trésorerie…».
Le ministre Mamadou Lamine Traoré a riposté en déclarant que l’expression «accorder gratuitement» est excessive.
Mala :» je suis républicain»
Il a invité le député et tout autre personne à porter plainte pour que la justice tranche à propos de l’attribution du marché. «Je suis républicain, s’il y a des choses qui ne respectent pas le jeu républicain, il faut porter plainte» a-t-il déclaré. Le ministre a mis en garde contre des opérateurs qui créent des lobbies à l’Assemblée nationale pour faire des pressions sur le gouvernement, l’objectif visé étant de garantir des emplois aux progénitures et relations collatérales.
Par ailleurs, le ministre a invité le député à faire la différence entre le moins disant et le mieux disant. L’éducation exige des produits de qualité et Afrique Auto que le député semblait défendre n’offre aucune garantie car n’ayant jamais eu à exécuter un marché similaire de cette taille et surtout qu’elle n’est pas une société de construction mais plutôt un opérateur de distribution.
A l’opposée graphique Industrie a l’avantage de fournir des produits de qualité au ministère de l’Education car, cette société en fabrique. Une autre motivation selon le ministre, est l’attribution du marché aux nationaux qui fabriquent par opposition aux produits importés des pays voisins qui ne donnent pas satisfaction et qui peuvent même amener les étudiants à déclencher une grève.
Selon le ministre de l’Economie et des finances l’appel d’offre de ce marché a été publiée dans l’essor. Le critère de similarité des marchés déjà exécutés ne figurait pas dans les critères de préqualification. Par contre les dossiers de post qualification en deuxième phase prévoyaient cette expérience. Ce critère a joué contre du coût Afrique Auto et faisait de graphique industrie l’adjudicataire du marché.
Par ailleurs, la cotisation versée par Afrique Auto à l’OMH n’atteignait pas le montant requis selon le ministre Abou-Bakar Traoré. Il a précisé que dans un marché de commande, contrairement à un marché d’adjudication, le moins disant n’est pas forcément le mieux disant. Et c’est le mieux disant qui est retenu en la matière.
Et Transrail ?
Une deuxième interpellation concernait les questions adressées par le député Mamadou Diallo au ministre Abdoulaye Koïta à propos de Transrail et de la construction des routes. Sur ce dernier point, le député voulait savoir ce qu’il en est de l’aménagement des postes le long des rails dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. surtout entre Kita et Kayes enclavé, les routes Kayes-Bafoulabé, Kati-Kita, Bougouni-Sikasso.
«Monsieur le ministre, pouvez-vous nous faire le point de l’évolution de l’état d’avancement de ces dossiers afin que les populations concernés sachent à quelle date démarreront effectivement les travaux de construction de leur route ?» Le second point concernait les engagements pris par le gouvernement comme préalables à l’adoption des projets de loi concernant Transarail. Quel est le point d’exécution de ces engagements ? a demande ce député.
Les questions posées au ministre Abdoulaye Koïta ont porté également sur le plan d’investissement présenté par le Mali et le Sénégal pour la durée de la concession, le climat social au sein de Transrail et les droits acquis par les personnes âgées.
Selon le ministre de l’équipement et des transports, «la vie des populations riveraines des rails ainsi que les engagements pris constituent notre raison d’être. Nous avons les mêmes préoccupations et nous faisons souvent plus que ce qui nous est demandé». En relation avec la Banque mondiale le gouvernement a décidé de construire une route sur le tronçon Kita-Bafoulabé en passant par Toukoto le long des rails sur une distance de 250 km.
Les préparatifs sont en cours concernant les routes Kayes-Diamou (49 millions de dollar); Kati-Kita.
Selon le ministre en ce qui concerne les populations riveraines des rails tous les engagements sont en cours d’exécution dont la plupart mis en œuvre. Faux, rétorque le député. Rien n’est fait, aucune gare n’est ouverte le long des rails alors que le ministre soutenait que oui. Le ministre parle de commandes de 5 locomotives et de voitures neuves.
L’investissement qui découle du plan se chiffrait à plus de 19 milliards de francs Cfa. Pour le député, ces commandes ne concernent que des locomotives d’occasion.
L’accident de train survenu à Tambacounda faisant des morts et des blessés a été abordés. Le député a dénoncé l’inégalité de traitement du personnel de Transrail, selon qu’il s’agit d’un malien ou d’un sénégalais. Après l’accident, deux Maliens ont été injustement arrêtés du fait qu’ils sont étrangers dans ce pays voisins. Une négligence coupable du gouvernement malien, accuse le député. Mais le ministre pense qu’il faut laisser le soin à la justice de trancher la question.
Il y a 246 veuves qui ne reçoivent plus leurs rentes viagères du fait de la dissolution de la régie des chemins de fer et de son remplacement par Transrail. La société de concession ne veut plus payés ces rentes viagères dont dépendent ces vieilles personnes. Le député s’en plaint. Pour le ministre les rentes sont dans les passifs de la régie des chemins de fer et Transrail n’a pas de ressources pour les prendre en charge, car il s’agit d’œuvre sociale, précise-t-il. Le député Mamadou Diallo s’est dit déçu de la façon dont le ministre a répondu aux question, en essayant chaque fois de disculper le gouvernement et de rendre responsables les pauvres populations de leur malheur.
«Le ministre a pris des engagements, et un homme doit honorer ses engagements» a déclaré le député. Le plan d’investissement est vide, poursuit-il. Les gares n’ont jamais été ouvertes car on y trouve aucune structure de prestation aux populations.
«En temps de crise, la plus grande faute de communication est la médiocrité dans la communication ou le mensonge», a conclu le député. Lors de cette interpellation, le ministre Abdoulaye Koïta n’a fait montre d’aucune qualité digne de son précédecesseur Ousmane Issoufi Maïga dont les élements de reponse quand il a été interpellé par le parlement, ont été salués par tous les élus du peuple.
Boukary Daou
13 mai 2005