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Dans le cadre de ses prérogatives et conformément à son règlement intérieur, le bureau de l’Assemblée nationale sous l’égide du premier vice-président, Me Mountaga Tall avait décidé d’interpeller suite aux violences perpétrées après le match Mali-Togo, le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile, le colonel Sadio Gassama et son homologue de la Jeunesse et des Sports, Moussa Balla Diakité. C’était au cours de sa réunion hebdomadaire du mardi 29 mars dernier.

Comme les députés étaient en intersession (ils reprennent le travail parlementaire ce lundi 4 avril) une délégation restreinte de cinq membres du bureau a été désignée pour écouter les deux ministres du gouvernement sur les évènements du 27 mars, au cours desquels Bamako a été livrée aux vandales.

Ce sont : le premier vice – président lui même, Me Tall, le deuxième vice président, Assarid Ag Imbarcawane, le deuxième secrétaire parlementaire, Issa Togo, le puissant questeur, Mahamadou Cissé.

Aussi, les ministres concernés ont-ils été informés de cette décision et le rendez-vous a été fixé pour le vendredi 31 mars, à 15 heures dans le bureau du premier vice-président, Me Mountaga Tall.

A l’heure « H » les honorables députés étaient au grand complet et les deux ministres absents. Ils ont attendu plusieurs dizaines de minutes, malgré tout le colonel Sadio Gassama et Moussa Balla Diakité ne sont pas venus.

Pire, ils n’ont même pas daigné téléphoner aux représentants du peuple pour se faire excuser. Finalement, Me Tall, très en colère a levé la séance.
Au sortir de son bureau, les autres parlementaires ont également manifesté leur mécontentement et la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans les allées de l’Assemblée nationale.

Et, depuis, les commentaires vont bon train. Pour les uns « le comportement de ces deux ministres prouve encore une fois le peu d’égard que les membres du gouvernement ont vis-à-vis des députés ».

Pour les autres, ils se sont moqués du premier vice- président, Me Tall parce que le président IBK est en déplacement, dans le cadre des travaux du parlement panafricain (il devait revenir la nuit dernière).

D’aucuns estiment que c’est la faute du Premier ministre, Ousmane Issouffi Maiga sinon comment comprendre que les deux ministres aient manqué tous deux à l’appel ? Ils soutiennent que c’est une action coordonnée par la Primature tendant à défier l’institution parlementaire dans sa mission de contrôle de l’action gouvernementale.

Cette situation a mis en colère nombre de députés qui n’ont pas hésité à déclarer : « il nous faut initier une motion de censure contre ce gouvernement qui ne nous respecte guère et qui ne répond d’ailleurs pas aux préoccupations du peuple qui ploie de plus en plus sous le fardeau de la pauvreté grandissante ».

En tout cas, la tension est montée d’un cran entre l’Assemblée nationale et le gouvernement qui doit être en principe au grand complet, cet après midi à l’hémicycle, à l’occasion de l’ouverture solennelle de la session d’avril.

Il est fort à parier que le locataire du perchoir profitera de cette opportunité pour inviter le gouvernement à changer d’attitude à l’endroit de l’institution qu’il préside. Parce que tout manquement à l’Assemblée nationale l’est également pour son chef.

Ce n’est, ni plus ni moins, qu’une défiance à l’autorité d’IBK. Dans une démocratie digne de ce nom, un ministre ne fuit pas une interpellation des députés. Ceux-ci sont plus importants et mieux considérés que des ministres sans légitimité. Mais au Mali, c’est tout le contraire.

Ce qui est sûr, c’est que les députés reviendront sur la question, au cours de cette session. Il n’est donc pas exclu que les ministres Gassama et Diakité soient cette fois ci, interpellés en plénière. Et s’ils refusent encore de répondre à la convocation des élus de la nation, bonjour la crise institutionnelle entre l’Assemblée nationale et le gouvernement.

Rappelons que lors de la session budgétaire d’octobre dernier, il y a eu des accrochages entre ces deux institutions pour la simple raison que Pinochet voulait réduire le budget des députés. Finalement, ATT est intervenu en faveur de ces derniers.

Précisons que dans les autres pays de la sous région, l’Assemblée nationale adopte son budget et l’envoie au ministre des Finances pour insertion. De même, les parlementaires avaient demandé une session extraordinaire afin d’adopter les projets de loi jugés urgents par le gouvernement à la fin de la session budgétaire, Pinochet s’y était opposé.

Il a fallu encore une fois l’intervention d’ATT pour que le chef du gouvernement accepte de signer le décret de convocation de la session extraordinaire de janvier dernier.

Chahana Takiou

4 Avril 2005