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poubelle2.jpgA la faveur du Sommet Afrique-France tenu à Bamako en décembre 2005, la mairie du District avait lancé le pari de rendre la capitale coquette. Afin de sévir contre l’insalubrité sur les espaces et les voies publiques, plus de 300 corbeilles à ordures avaient été installées à travers Bamako. L’objectif était de récupérer les petits déchets. Les paquets et mégots de cigarettes, les emballages de bonbons et de chewing-gum, les divers petits sachets, ne devaient plus salir les voies et les lieux publics.

De tout temps, ces petits ouvrages ont existé à Bamako. Selon les explications de Adama Koné, directeur national des services urbains de voiries et d’assainissement (DSUVA), le Mali s’est approprié ces outils depuis les années 1980. Les corbeilles à ordures ont disparu du panorama de la capitale.

« Au début, raconte un commerçant du Grand marché de Bamako en pointant du doigt une corbeille installée devant sa boutique, nous étions tous contents de l’installation de ces petites poubelles. Car elles avaient contribué à éliminer les tapis de petits déchets qui couvraient les devantures de nos vitrines. »

Pendant cette conversation, un passant lâche au sol une peau de banane qu’il tenait en main. « Voyez-vous« , s’indigne l’interlocuteur, en incriminant ce geste.

Cependant, même si la corbeille existait, cela allait-il changer quelque chose à ce comportement ? Rien n’est moins sûr. Si les uns étaient enthousiasmés par l’idée, d’autres n’ont apparemment aucune notion de l’utilité de ces outils.

Une manutention difficile. Lansana Coulibaly est un habitant de Bamako-coura, un quartier qui recèle le plus grand nombre de corbeilles. Ceci s’explique par la position géographique de ce quartier. Il abrite le plus grand nombre d’espaces réservés au public (marchés, immeubles, cinémas, gares routières, jardins publics etc.). C’est pourquoi, selon le chef de la DSUVA, la mesure visait effectivement ces endroits supposés accueillir le plus gros volume de déchets.

Huit mois après leur installation, les corbeilles à ordures n’ont pas eu le succès escompté à cause de la malveillance de certains usagers ajoutée à l’incivisme des citoyens et une manutention difficile. Une seule chose frappe les yeux du passant aujourd’hui. En passant devant ces installations, on constate qu’elles débordent d’ordures de toutes sortes.

En plus de l’ignorance des usagers qui déversent toutes sortes déchets dans les corbeilles (solides et liquides), les conducteurs de voitures percutent à longueur de journée, ces matériels qui ont coûté plusieurs millions de francs à l’État à travers la DNACPN, qui en est le concepteur.

Pour répondre à la question de savoir pourquoi les corbeilles n’ont pas eu de succès, Adama Koné évoque plusieurs facteurs. Le choix des lieux d’implantation des corbeilles est très déterminant dans leur réussite. Elles sont fixées souvent près des passages piéton et peuvent gêner le passant.

On retrouve d’autres qui côtoient les abords des routes et obstruent la circulation. Mais ce n’est pas tout. Dans toute entreprise humaine, il faut un minimum de « design » pour attirer le public. Or ce n’est pas le cas desdites corbeilles, regrette-t-on à la voirie, bien qu’étant le maître d’ouvrage du projet.

En effet, la manutention des corbeilles n’est pas facile, indique le responsable de la DSUVA. A cause de son dispositif peu commode, la vidange par les services affectés se trouve compliquée. Or, avec un modèle plus flexible et plus maniable, il est aisé pour les videurs de faire leur travail.

Malgré ces problèmes, la DSUVA ne démord pas. Les acteurs comptent revenir à la charge avec beaucoup d’innovations. Un nouveau programme prévoit en effet, 400 nouvelles corbeilles beaucoup plus performantes. « Nous allons exiger que les nouvelles corbeilles soient choisies par nous-mêmes, indique le chef de la voirie. Car il faut qu’elles soient facilement maniables, attirantes et faciles à entretenir. Les nouveaux modèles doivent avoir une image plus attractive. »

Selon nos sources, la gestion des corbeilles était jusque-là confiée aux Groupements d’intérêt économique (GIE). Ces derniers ne disposant d’aucune compétence en la matière, ne suivent pas correctement l’entretien des outils.

Cette situation exige que le suivi des corbeilles soit assuré par une structure capable et professionnelle, souligne le chef de la DSUVA. Il s’agit vraiment d’améliorer aussi la qualité des futures corbeilles qui seront lancées prochainement.

Ceci sera peut-être l’ultime solution pour éviter la déception de la première expérience.

C. A. D- L’Essor

28 août 2007.