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La démocratie malienne, si jeune soit-elle, a permis aux acteurs politiques d’accumuler des expériences qui semblent ne pas servir à tous au fur et à mesure des compétitions électorales. De 1991 à ce jour, il y a eu plusieurs élections et on a enregistré des avancées significatives dans la compréhension de certains aspects des élections, de la gouvernance, bref de la pratique démocratique.

Pour autant, les lacunes et insuffisances sont nombreuses à tous les niveaux. Pourquoi cela? Que faut-il faire? Par où commencer? C’est la question qui se pose à un moment où les autorités sont en train d’accélérer le processus de réformes de l’administration dont les errements sont devenus depuis quelques décennies un secret de polichinelle.


Lacunes et insuffisances de la gouvernance démocratique

C’est donc dire que, dans la marche du processus démocratique au Mali, il y a beaucoup à faire pour combler les attentes des populations. En témoigne l’organisation programmée de plusieurs états généraux: sur la corruption dont les travaux s’ouvriront le 25 de ce mois, du foncier.

Ces assises se tiendront après le forum sur l’éducation, la réflexion sur le processus démocratique et les efforts soutenus des autorités pour le renouveau de l’action publique. Toutes ces initiatives marquent la volonté des autorités qui ont conscience des lacunes et insuffisances d’y remédier à travers l’implication de toutes les compétences nationales.


L’intérêt de la nation, la seule chose qui doit compter

L’exercice consiste à faire en sorte qu’au sortir de ces rencontres, des propositions concrètes soient faites qui prendront en compte les desiderata et les aspirations profondes de l’ensemble des Maliens sans exclusive. Telle est une exigence de la bonne gouvernance qui insiste sur la prise en compte de l’intérêt de toutes les sensibilités.

C’est pourquoi à la veille de toutes ces rencontres, des appels sont lancés à tous pour des contributions de qualité et ce, dans l’intérêt exclusif de la nation.

Certes, il y a dès fois des résistances de la part de certains représentants de l’opposition qui, on dirait, souhaiteraient le déluge. Cela est une erreur quand on sait qu’il ne s’agit pas d’un pouvoir ou d’un homme, mais bien de la nation, de l’avenir des générations montantes.


De nouvelles approches à exploré

Si tous avaient bien compris cela, nous aurions plus de chance d’aboutir à des résultats tangibles dans plusieurs domaines intéressant la vie de la nation. Dans ce cas, n’y a-t-il pas lieu que certains se repentissent et au finish, changent de méthodes d’approche afin de contribuer à donner des chances à la résolution de certains problèmes qui existent bien avant l’ouverture démocratique?

A notre avis, c’est la seule chose qui doit compter aujourd’hui où le monde est frappé par l’austérité économique. Aucun pays n’est épargné par les conjonctures économiques et financières actuelles. C’est pourquoi les réflexions sont en cours partout pour chercher de nouvelles approches de développement et de gestion mieux adaptées aux réalités actuelles.


Saisir l’opportunité qui s’offre

Mais il reste entendu que, malgré les critiques des oppositions, au Mali comme ailleurs, elles n’ont pu suffisamment jouer leur rôle au début de la pratique démocratique çà et là. Le contexte ne s’y prêtait pas. A présent que la situation a beaucoup évolué, de plus en plus, on se rend compte que l’opposition a elle aussi son mot à dire en ce qui concerne les actions de développement socio-économique.

A preuve on tend surtout à inviter toutes les sensibilités à prendre une part active dans tout ce qui est entrepris par le pouvoir en place, notamment les concertations sur les grandes questions d’intérêt national. Au Mali, c’était le forum sur l’éducation, les états généraux du foncier sont en cours, il en aura à partir du 25 Novembre sur la corruption.

Toutes ces concertations sont des tribunes aussi bien pour la mouvance présidentielle que pour l’opposition. Elles sont aussi une opportunité de tester la bonne foi des uns et des autres par rapport à la gestion des questions d’intérêt national. Ainsi, au lieu de les boycotter, certains n’ont-ils pas intérêt plutôt à y participer pour se racheter face à l’histoire?

En tout cas, il n’est un secret pour personne que la responsabilité dans certaines affaires est purement collective. En effet, qu’il s’agisse de la crise scolaire ou de la corruption ou encore de la rébellion dans le septentrion malien, aucun régime n’a pu, jusqu’ici y trouver des solutions idoines.

A ce niveau également il y a lieu de se repentir. Cela passe nécessairement par des contributions fécondes et fécondantes plutôt que par des critiques acerbes, parce que n’aidant pas à faire avancer les choses.

Chacun doit jouer sa partition

Et il est responsable et logique que chaque partie joue sa partition, surtout en ces moments où partout, c’est seulement avec le développement de synergie entre toutes les sensibilités du pays que beaucoup d’attentes pourraient être comblées comme on le souhaite ardemment, non pas pour ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui et qui, un jour, vont passer le relais à d’autres, mais par souci d’une contribution de tous à l’amélioration des conditions de vie des millions de Maliennes et de Maliens.

Pour atteindre cet objectif, il y a lieu de se débarrasser des remords, des rancœurs, de se repentir. Mais pourquoi doit-on se repentir? Demanderont certains. Ce qui est indéniable, c’est qu’à toutes les étapes du processus démocratique malien ou peut faire des reproches aux gouvernants et qui sont irréfutables.

Faudra-t-il mettre tout au compte de l’ignorance? Au bout du compte, il y a le devoir de s’assumer. En effet, l’une des grandes difficultés de la démocratie malienne et de la gouvernance est l’impossibilité pour les dirigeants à prévoir les situations catastrophiques. De ce fait, tout nous tombe dessus et ce n’est qu’à ce moment qu’on commence à s’agiter pour envisager les voies et moyens de la gestion des crises.


Commencer la rigueur par soi même

Au moins, si les solutions préconisées étaient bien adaptées et durable, ça pourrait être une bonne chose, malheureusement ce n’est pas toujours le cas de l’ouverture démocratique à ce jour. Alors, ne faudra-t-il pas être d’abord exigent envers soi même, ensuite envers les autres? Ce qui est sûr, c’est que si l’on faisait mieux avant l’arrivée d’ATT au pouvoir, il aurait la tache facile, or c’est dans tous les domaines qu’il y a des problèmes.

Ce qui fait dire souvent que tout est prioritaire et qu’il est nécessaire de commencer par la priorité des priorités, une manière de dire qu’on ne peut pas tout faire au même moment. Alors, il faut de la méthode. Ceux qui ont déjà géré le pouvoir savent ce qu’il en est, mais cela n’empêche pas certains à tout banaliser sur leur passage.

A vrai dire, ce n’est pas ainsi qu’on construit un pays, qu’on travaille à améliorer les conditions de vie et de travail des millions de Maliennes et de Maliens.

Moussa SOW

20 Novembre 2008