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Saïdi Mohamed Jamal, entrepreneur ivoiro-libanais, selon ses avocats, veut faire condamner l’éditeur du livre qualifié de brûlot sur le pouvoir du général Amadou Toumani Touré. Me Jacques Verges demande un million d’euros et 100 euros par livre vendu. L’avocat français s’était rendu à Bamako où il a tenu une conférence de presse en compagnie de deux autres confrères, Mes Harouna Toureh du Barreau de Bamako et Jean-Charles Tchicaya du Barreau de Paris.

Au cours de cette rencontre avec la presse, Me Verges a révélé le nom des témoins nommés par la partie adverse. Il s’agit d’Ibrahim Boubacar Kéita, président de l’Assemblée nationale du Mali, Moussa Balla Coulibaly, président du Conseil économique, social et culturel et président du Conseil national du patronat du Mali ; Jeamille Bittar, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali et Amadou Boré, président de l’Ordre des architectes. Quatre personnalités de premier plan au Mali qui ont manifesté leur étonnement et leur refus de témoigner au procès de Paris.

Approché par nos soins, le directeur de L’Harmattan, Denis Pryen, tient à faire savoir son étonnement « face à la réaction de M. Jamal » en déclarant qu’« il y a plutôt d’autres personnes qui devraient attaquer ». Il demande « pourquoi M. Jamal ? » précisant que le livre « ATT-cratie, la promotion d’un homme et de son clan » est un ensemble de dossiers qui fait 140 pages et que « seulement 21 lignes concernent M. Jamal ».

« Nous avons les preuves de toutes les lignes du livre. Le procès ne va pas rester sur M. Saïdi, Me Verges l’a élargi à d’autres personnalités en déclarant que des accusations les plus surprenantes, les plus scandaleuses et très précises sont portées contre des hommes politiques d’une manière anonyme ». M. Pryen déclare que L’Harmattan n’ira pas au « palais » pour préparer sa défense, « mais auprès des personnes concernées, les citoyens maliens ».

« Des révélations plus graves »

A propos du refus de témoignage, M. Pryen déclare que les quatre personnes en question ont été « nommées » précisément en fonction de leur rôle sur le plan national et parce qu’« elles en savent quelque chose ». L’Harmattan préfère employer le terme « nommer » qui ne les oblige nullement à les approcher. De cette façon, le soin est laissé au juge de faire « citer » les témoins en question.

Précisant que le livre n’a jamais été officiellement commercialisé au Mali, il affirme cependant qu’il s’est bien vendu même si les chiffres restent secrets sur le tirage et le nombre d’exemplaires vendus.

L’homme qui dirige la maison L’Harmattan, affirme qu’en 35 ans d’existence, [Ndlr : la maison a été créée en 1975], L’Harmattan n’a jamais perdu un seul procès en diffamation et se fait un malin plaisir à ajouter « nous avons déjà gagné contre Me Verges ». Pour rappel, il s’agit du procès à propos du pavé « Mobutu et l’argent du Zaïre » dont l’auteur, Emmanuel Dungia était un ancien diplomate et un ancien agent des services secrets de son pays.

Sur le ton comminatoire, il ajoute : « Il y a des choses qu’on n’a pas voulu sortir pour l’instant. Nous allons continuer en apportant les informations de certaines réunions qui se sont tenues, en publiant des comptes-rendus. Ce qui nous intéresse, c’est continuer le travail en profondeur. Nous allons créer un site consacré à chaque tête de chapitre. Il y aura plusieurs autres tomes ou volumes ». L’homme, sûr de lui déclare : « Je ne cours jamais après l’information. L’information vient à moi ».

M. Pryen affirme que suite à la publication, il a reçu d’autres informations mais tente de rassurer en se faisant bonne conscience : « Ce livre n’est pas contre ATT, il pose véritablement le problème d’une nouvelle gouvernance ».

Oussouf Diagola
(envoyé spécial)

19 janv 07