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En dehors de ceux qui étaient des acteurs des casses perpétrées qui savait que les destructions allaient atteindre de telles proportions ? Ce que l’on peut retenir, c’est que pendant longtemps les fans du football malien ne cessent de ruminer des déceptions. Pour preuve plusieurs entraîneurs se sont succédés en un temps record, pratiquement après chaque grande compétition où les espoirs sont déçus.

Et pourtant les joueurs sont de mieux en mieux motivés afin que le succès soit au rendez-vous. De même, le contrat signé avec l’actuel entraîneur Pierre Lechantre est plus alléchant que tous les précédents. Cela dénote du souci des autorités pour la promotion du football malien. Qu’est-ce qui a donc pu se passer pour que les supporteurs en viennent à de tels actes?

Ce que l’on sait, c’est qu’à la veille du match Mali-Togo, ils étaient nombreux; les supporteurs à nourrir de l’espoir que la surprise devait arriver avec la victoire cette fois-ci. Mais hélas, ce fut le retour à la case départ.

Le ton de la passion inquiétante pour le football avait été donné depuis longtemps et le doigt accusateur était pointé sur la fédération malienne de football. On se rappelle que plusieurs marches` pour réclamer la démission de la Femafoot avaient été organisées.

Ce qui était déjà révélateur de sérieux problèmes pour le football et les supporters maliens. Il semble que l’on ait minimisé une telle tendance. Ainsi, sans pouvoir justifier les casses, le fait d’avoir entretenu pendant longtemps une situation aussi explosive est condamnable.

APRES LE 27 MARS QUE RESTE-T-IL A FAIRE ?

De présumés coupables des actes de vandalisme ont été jugés, certains condamnés, d’autres relaxés. Et, fort heureusement, il n’a pas été demandé d’infliger des sanctions exemplaires, mais de les juger normalement, sans passion, ni préjugés.

Cela fut une bonne chose. Les auteurs des casses avaient cru qu’ils pouvaient se permettre tout au nom du football sans être inquiétés. Les autorités viennent de démontrer que cela était ni plus, ni moins qu’une illusion, que dans un Etat de droit il y a une autorité et qu’elle s’exerce dans l’intérêt exclusif de toute la population.

A présent, l’on comprend au sein de l’opinion qu’on peut considérer qu’il n’y a pas d’autorité de l’Etat ou qu’elle a faibli, mais à tort. La passion du football est forte et cela n’est pas vrai seulement au Mali. Mais elle ne saurait être un prétexte pour les anarchistes, des gens sans foi ni loi pour accomplir leur ignoble dessein.

Le plus important aujourd’hui, c’est non pas d’organiser les Etats généraux du football malien pour envisager des thérapies à ses maux, mais de renoncer aux tâtonnements et à l’entêtement en mettant plus d’ordre dans les structures d’encadrement du football, en opérant de bons choix et en disant la vérité au peuple, rien que la vérité.

En effet, l’esprit sportif veut qu’on soit optimiste avant n’importe quel match, mais il ne sert à rien de faire croire aux autres ce dont on n’est pas soi-même convaincu, car l’esprit sportif veut qu’on assume, selon le cas, la défaite ou la victoire.

C’est cela qu’il faudra inculquer aux supporters pour que, comme l’ont déjà dit certains, plus jamais on ne profite d’une défaite des Aigles pour s’attaquer aux biens publics et privés, pour compromettre les efforts de développement.

Cela interpelle à la fois les joueurs, l’encadrement, les supporters, les autorités pour un diagnostic de conscience, pour comprendre si tous ont été sincères dans les actes qu’ils ont posés jusqu’ici.

Moussa SOW

15 avril 2005