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Mamadou Lamine Doumbia (journaliste à l’Indépendant) :

« En tant que journaliste, j’ai fait plusieurs papiers sur cette affaire. Je dénonce le capitulationnisme des dirigeants maliens. Ils viennent de brader une partie du territoire national non pas à des rebelles mais à des gangsters. Les accords d’Alger portent en eux-mêmes les germes de l’injustice entre les régions, plus particulièrement ils sèment la division entre les trois régions du Nord par le fait que c’est Kidal qui est concerné. C’est une trahison envers le peuple malien. On n’avait pas affaire à une rébellion de ce nom comme au temps de feu le président Modibo Kéita. Se sont seulement quelques bandits armés qui ont pris les armes pour se mettre un peu d’argent dans leur poche. Leur seul moyen a consisté à se livrer au chantage sur l’Etat malien et malheureusement nos autorités sont tombées dans leur piège. Malgré les précautions utilisées dans le langage officiel, on assiste là à l’octroi d’une large autonomie à la seule région de Kidal. Ainsi, Iyad Ag Ghali et Hassan Fagaga ont obtenu ce qu’ils voulaient. On a voulu négocier, mais on a négocié en position de faiblesse soi-disant pour éviter le triste exemple de certains pays voisins. Les accords d’Alger sont les accords de la honte, de l’humiliation, de la réédition. Le peuple malien ne sera jamais d’accord avec ces accords. Tôt ou tard, on va les dénoncer. Nous invitons l’Assemblée nationale à se saisir du problème parce que le Mali est un et indivisible ».

Lanseni Traoré (chauffeur de taxi) :

« Je ne suis pas d’accord avec la signature des accords destinés à mettre fin à la rébellion à Kidal sur le territoire algérien. La rébellion a débuté chez nous et ça devait normalement prendre fin chez nous. Pourquoi aller signer un pacte en Algérie. Ceux qui ont eu l’initiative de se rendre à Alger ne sont-ils pas des Maliens ? N’avons pas nous de territoire pour parler de nos problèmes ? Pourquoi quitter notre territoire pour un autre pour parler d’une crise nous concernant en premier chef ? Je n’en vois pas la raison. Le linge sale se lave en famille. Les autorités maliennes auraient dû rester sur place pour trouver une solution à ce problème qui ébranle le pays. Je le réaffirme : je ne suis pas pour cette signature des accords en Algérie. Les problèmes algériens sont en train d’être gérés en Algérie. Pourtant, ils ne sont pas venus nous voir. Nous savons ce qui se passe là-bas. Le problème a commencé depuis 1960 et les gouvernements qui se sont succédé ont pu le gérer. On ne demande pas la guerre, ni la séparation mais le gouvernement actuel doit s’inspirer de l’expérience de Modibo, de Moussa et d’Alpha pour gérer en toute responsabilité le dossier ».


Macky Diop
(technicien de travaux publics) :

« Je ne vois pas d’inconvénient aux accords d’Alger si c’est pour ramener la paix à Kidal. Néanmoins, il faut reconnaître que l’Etat a pêché en les signant à Alger. Dans mon for intérieur, je me suis dit que cette affaire comporte des dessous pour ne pas dire des non dits. J’aurais voulu la signature du pacte au Mali que dans un autre pays. Encore une fois, si c’est pour ramener la sérénité à Kidal, prions qu’il en soit ainsi ».

Alpha Famanta (secrétaire de direction chez Bakary Nimaga et fils) :

« Je ne connais pas trop le contenu des accords. Mais ça ne valait pas la peine d’aller signer des accords à Alger. Ceux qui ont attaqué des camps militaires à Kidal ne sont que des bandits armés. A mon avis, à partir de 1996 la rébellion a pris fin d’autant que des rebelles ont été intégrés dans l’armée et ceux qui ne voulaient pas ont été désintéressés. Pourquoi les accords d’Alger ? Bien avant cette mutinerie, il y avait eu d’autres accords notamment ceux de Tamanrasset. S’ils ont agi par la violence pourquoi ne pas leur répondre par la violence ? Il est temps que l’Etat réponde au coup pour coup au lieu de procéder à la signature d’accords que le peuple au nom et pour le compte de qui ils sont signés est loin de maîtriser. C’est vraiment du n’importe quoi. A la limite une honte pour notre pays qui a prouvé aux yeux du monde entier son incapacité de négocier sur son propre territoire ».

Propos recueillis par Mohamed Daou

11 juillet 2006