Après le soutien du parti de l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD) au Chef de l’Etat, lors des échéances présidentielles de 2002 et de 2007 qui ont consacré l’élection et la réélection du candidat ATT, beaucoup d’observateurs de la scène politique s’attendaient à une quelconque récompense de celui qui avait clamé haut et fort son soutien à l’homme qui préside aujourd’hui aux destinées du Mali.
A présent, c’est chose faite depuis le mois dernier : après avoir maintes fois été pressenti pour devenir ministre, celui qui dirige le parti, Me Hassan Barry, a été nommé Ambassadeur plénipotentiaire en Guinée Conakry. Ce qui représente un mérite pour l’Enfant de Koro (Mopti), vu son engagement constant auprès d’ATT depuis 2002.
Mais une autre question reste pendante au sein du microcosme politique malien : c’est l’avenir du parti de l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD) sur l’échiquier national. La question est d’autant plus cruciale que 2009 constitue un moment important pour l’implantation des partis politiques sur le territoire national.
En effet, cette année-là, le Mali vibrera au rythme des élections communales. Et bien des responsables politiques pensent que cet évènement constitue un passage obligé, voire obligatoire, vers les législatives et la présidentielle de 2012. Or, sauf cas de force majeure, de par sa nomination, le président du “parti de la Colombe” sera désormais absent du pays jusqu’en 2012 au moins. Qu’en sera-t-il alors de l’UDD?…
Pour qui connait Me Hassan Barry, l’existence et la forte présence politiques de l’UDD sont dues, en majeure partie, à son dynamisme et son dévouement. Et d’aucuns n’ont pas hésité à soutenir que l’UDD se résumait uniquement à la personnalité de Me Barry.
D’ailleurs, cela avait provoqué le départ de certains responsables du parti, dont Tiénan Coulibaly, fils du premier président du parti et non moins président du Conseil Economique, Social, et Culturel, M. Moussa Balla Coulibaly. Même si Tiénan Coulibaly et compagnons ont été réintégrés, lors du dernier congrès du parti. Malgré tout, Me Hassan Barry continue de gérer le parti, contre vents et marées, pourrait-on dire.
“C’est grâce à son pragmatisme, sa conviction et son courage que l’UDD existe encore. Du coup, Me Hassan Barry est écouté, au parti ainsi que dans les autres partis politiques. Mieux, il est considéré et consulté sur les questions concernant les pays et surtout, par rapport à l’ADP. C’est sans surprise qu’il est le président de ce regroupement né à la veille de l’élection présidentielle d’Avril 2007“, a déclaré un militant du parti.
Comme on le sait l’UDD est membre, voire l’initiatrice de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) qui, à l’époque, avait regroupé 44 partis politiques, et qui avait soutenu ATT en 2007 et continue de le faire, même si ce soutien n’est aujourd’hui que “de façade”, selon des observateurs politiques.
On se rappelle encore la période agitée due aux adhésions massives de responsables et militants de partis politiques et d’associations vers l’Adéma-PAS. Ou encore des fusions pures et simples de certains partis ou association dans le parti de l’Abeille.
C’est ainsi que des responsables et militants du RPM et de l’URD avaient “déménagé” à l’Adéma, avec armes et bagages. C’est dans cet ordre d’idée que le RND et plusieurs associations se sont également fondus dans le parti des Ruchers. Avec cette campagne dévastatrice de “débauche” entamée par les responsables de l’Adéma, des rumeurs avaient circulé dans tout le pays, pour prédire que plusieurs autres partis politiques fusionneront dans le parti de la Ruche.
C’est ainsi que l’UDD avait maintes fois été citée parmi les partis susceptibles de rallier les Ruchers. A l’époque, presque toutes les “Unes” des médias avaient glosé sur une éventuelle disparition de l’UDD de la scène politique malienne. Il avait fallu que Me Hassan Barry y mette le hola en “sortant les griffes”, coupant ainsi court à toutes les rumeurs, avant de s’en prendre vivement au président de l’Adéma, Dioncounda Traoré.
“Ce n’est pas en procédant à des tapages médiatiques truffés de mensonges que l’Adéma pense fusionner tous les partis politiques du Mali en son sein. Même si c’est le cas, l’UDD ne fusionnera jamais à aucun parti politique, à plus forte raison, l’Adéma ! Nous sommes un parti politique fort, digne ; et nous avons des ambitions légitimes basées sur un projet de société pour le bonjeur du Mali. Quand on aspire remporter les échéances prochaines, ce n’est pas sur du faux et des discours creux et irréalistes“, avait lancé le Maître de l’UDD.
Cette sortie musclée de Hassan Barry avait, depuis lors, calmé les ardeurs des responsables de l’Adéma. Ainsi, la rumeur avait tourné en déception (du côté des Abeilles) et suscité de l’espoir, du côté des partisans du “parti de la Colombe“. Et depuis lors, plusieurs initiatives avaient été menées en vue de consolider davantage les acquis du parti, avec des formations des différents cadres du parti.
Notons que l’UDD est représentée à l’Assemblée nationale, et dispose de conseillers municipaux et de maires un peu partout dans le pays. Le départ de Me Hassan Barry en Guinée Conakry ne risque-t-il pas de freiner les ambitions du parti, dans les mois, sinon les années à venir? Les responsables, qui étaient partis avant de revenir, pourront-ils garder droit le flambeau du parti, jusque-là maintenu par Me Hassan Barry? Les Adémistes ne risqueraient-ils pas de revenir à la charge pour tenter de “débaucher” le parti ou certains de ses responsables?…
Voilà autant de questions, entre autres, auxquelles personne n’est, pour l’heure, en mesure de répondre. Quant à certains militants de l’UDD, ils espèrent seulement que le départ de l’influent président ne soit une occasion de donner raison à ses détracteurs. Dans tous les cas, Me Hassan Barry a été celui qui incarne les valeurs cardinales et le symbole du “parti de la Colombe“.
Sadou BOCOUM
24 Novembre 2008