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L’harmonisation des points de vues des praticiens

Dans le cadre de sa mission de défense des droits de la femme, WILDAF/Mali, en collaboration avec l’Aide de l’Eglise Norvégienne, organise depuis le jeudi 9 octobre 2008 un atelier d’harmonisation des points de vues des praticiens de droit sur les conventions de promotion et de protection des femmes au CICB.

Cet atelier qui va durer trois jours (les 9, 10 et 11 octobre 2008) a pour objectif de mettre les praticiens sur un même niveau d’information par rapport aux conventions et autres accords signés, ratifiés et ou adoptés par le Mali en vue de leur applicabilité.

Ainsi, durant les trois jours, une cinquantaine d’hommes de droits (juges, avocats, notaires…) venus des régions du Mali et du District ont échangé sur la présentation des modules sur la CEDEF (Convention pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes) ; le protocole de Maputo leur invocabilité et recevabilité devant les tribunaux et l’essai d’une technique juridique d’application.

La présidente de WILDAF/Mali

A la cérémonie d’ouverture de cet atelier, la présidente de WILDAF/Mali Me Djénéba Diop Sidibé a rappelé que les Constitutions qui ont régi les 3 Républiques qui se sont succédé au Mali ont en commun d’assurer les mêmes droits aux citoyens sans aucune discrimination.

Avant de préciser que dans le préambule de la constitution du 25 février 1992, la République du Mali <<proclame solennellement sa détermination à défendre les droits de la femme>>. Selon elle, certaines dispositions de cette constitution ont un impact direct sur l’équité entre les sexes et notamment sur le statut de la femme.

En plus de la Constitution, le Mali a ratifié plusieurs conventions et traités internationaux dont la suprématie sur la loi nationale est établie, a-t-elle rappelé. Parmi ces conventions, on peut noter la Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Egard de la Femme (CEDEF) ratifiée depuis le 10 septembre 1985 et le protocole de Maputo.

A en croire Me Djénéba Diop Sidibé, en dépit de toutes ces dispositions les femmes maliennes continuent de subir des discriminations souvent dictées par les coutumes locales et par le comportement des hommes. Selon elle, souvent ces discriminations prennent leur fondement dans certaines dispositions du droit positif malien.


Des problèmes d’interprétation et d’application

Pour elle, au niveau national, la prise en compte et l’application des dispositions internationales qui protègent les femmes font l’objet de controverse de la part des acteurs judiciaires (Magistrats, Avocats, Notaires).

Ce constat constitue un défi majeur pour le WILDAF/Mali qui se doit de le relever. Elle a par ailleurs rappelé qu’en 2007, lors de l’atelier de réflexion et d’échange avec les magistrats et avocats sur la question des violences faites aux femmes et leur prise en compte par l’arsenal juridique du Mali.

Il est ressorti que la juxtaposition du droit positif et du droit moderne, interne et international, coutumier et religieux pose des problèmes d’interprétation et d’application.


Les recommandations

Dans les recommandations formulées au cours de l’atelier, il a été retenu l’organisation d’une session d’échange et de réflexion pour harmoniser la compréhension et la prise en compte par les praticiens des conventions qui protègent mieux des femmes face aux questions de violences et de discrimination et qui sont ratifiées par le Mali, a-t-elle précisé. D’où l’organisation de cet atelier.

Dans son intervention, la représentante de l’Aide de l’Eglise Norvegène Mme Awa Soumano a rappelé que le Mali a ratifié la convention des droits de l’enfant et la convention pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes mais la persistance des violations de droits des femmes et des enfants reste une réalité : soit par vide juridique, soit pour non-conformité avec ces conventions internationales ratifiées par le Mali, soit à cause des poids de la tradition et de la religion.

Pour elle, cet atelier va permettre d’examiner minutieusement les dispositions législatives et pratiques discriminatoires à l’égard des femmes maliennes, particulièrement dans les domaines de la santé, de la famille et dans les nombreux secteurs de la vie économique afin d’harmoniser les points de vues sur nombre des zones d’ombre.

Dado CAMARA

13 Octobre 2008