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A Conakry où il est arrivé lundi en milieu de journée, le chef de l’État a été accueilli par le Premier ministre Cullou Dalin Diallo. Amadou Toumani Touré qui était accompagné notamment du ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Oumar Hamadoun Dicko, du chef d’État major des Armées le général, Seydou Traoré, du chef d’État-major particulier du président de la République, le colonel Birama Coulibaly et de proches collaborateurs, a eu droit à un accueil populaire.

Sous les vivats d’une foule compacte massée les long des rues de Conakry, il a rejoint le palais présidentiel où l’attendait son hôte, le général Lansana Conté.

Les deux chefs d’Etat ont ensuite eu un entretien en tête à tête. Face à la presse, Amadou Toumani Touré a confié qu’il avait discuté avec son homologue guinéen des moyens de renforcer la coopération fraternelle qui unit depuis toujours le Mali et la Guinée.

Rappelant les actions en cours, le président Touré a indiqué qu’une vingtaine de kilomètres seulement manquaient pour relier les deux capitales sur le bitume. Cette route permettra à notre pays d’utiliser plus efficacement les installations du port autonome de Conakry, une porte d’entrée naturelle pour le Mali.

Les deux présidents ont aussi évoqué les moyens les meilleurs de renforcer la sécurité sur les routes et sur la frontière commune pour que les affaires se portent mieux.

Les questions concernant la sous-région ou encore la participation de la Guinée à la CAN 2006 ont occupé une place de choix dans les entretiens entre Amadou Toumani Touré et Lansana Conté.

Pour le chef de l’État, sa présence à Conakry est normale. Les dirigeants des deux pays se doivent d’échanger régulièrement dans l’intérêt des deux peuples. Il est donc normal que son aîné Lansana Conté le reçoive plus souvent.

En milieu d’après-midi lundi, Amadou Toumani Touré a repris l’avion pour la seconde étape de son voyage, la Mauritanie. Il a été accueilli à l’aéroport de Nouakchott par son homologue Ely Ould Mohamed Vall, président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie.

Pour cette première visite depuis les événements du 3 août 2005 qu’a connus la Mauritanie, le chef de l’État répondait à une invitation de son homologue qui entre dans le cadre des échanges réguliers entre deux pays unis par l’histoire et la géographie.

Devant une foule de confrères à l’aéroport, le président Amadou Toumani Touré a expliqué que sa « visite d’amitié et de travail » constituait l’occasion d’un échange d’expériences.

La Mauritanie vit, depuis 6 mois, une transition démocratique. Notre pays ayant connu une expérience similaire, les difficultés et les succès rencontrés par notre pays étaient susceptibles d’intéresser nos voisins.

Les populations mauritaniennes se sont fortement mobilisées pour accueillir le président Touré. Après la cérémonie protocolaire, les deux chefs d’Etat se sont entretenus en tête à tête pendant plus d’une heure.

Au même moment, la délégation malienne conduite par le ministre Oumar Hamadou Dicko rencontrait une délégation mauritanienne conduite par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Ahmed Ould Sid’ Ahmed.
Dans la soirée, le chef de l’État mauritanien a offert un dîner au palais présidentiel en l’honneur de son hôte.

Hier, mardi, Amadou Toumani Touré et Ely Ould Mohamed Vall ont coprésidé la cérémonie de signature d’un communiqué conjoint sanctionnant la visite du président Touré en Mauritanie.

Envoyé spécial
A. LAM


Coopération Mali-Mauritanie : UN LARGE CHAMP D’ACTION

Le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Oumar Hamadoun Dicko, et son homologue mauritanien des Affaires étrangères et de la Coopération, Ahmed Ould Sid’Ahmed, ont signé le communiqué conjoint sanctionnant la visite en Mauritanie du président Amadou Toumani Touré.

Cette visite, indique le texte, s’inscrit dans une tradition permanente de concertation et de dialogue entre les deux États et procède d’une volonté commune de consolider davantage les relations de fraternité, d’amitié et de coopération existant entre Bamako et Nouakchott.

Amadou Toumani Touré et son homologue mauritanien, Ely Ould Mohamed Vall, qui ont eu des entretiens en tête-à-tête se sont félicités du climat de parfaite entente et de confiance mutuelle qui lient les deux pays et ont réaffirmé leur détermination à œuvrer au renforcement des liens séculaires.

Au plan bilatéral, précise le communiqué, les deux pays ont exprimé leur ferme volonté de consolider la coopération dans tous les domaines et ont souligné leur entière satisfaction pour le suivi diligent des réunions de la Grande commission mixte de coopération Mali-Mauritanie dont la prochaine réunion se tiendra à Bamako en juin prochain.

Saluant le respect du calendrier des rencontres entre autorités administratives, les deux chefs d’État ont engagé les ministres concernés à élargir et à renforcer davantage la collaboration et la coordination à tous les niveaux.

Pour ce qui est de la matérialisation de la frontière, Amadou Toumani Touré et Ely Ould Mohamed Vall ont donné instructions aux administrations compétentes de relancer dans les meilleures délais, le processus entrepris à cet effet. Dans le même temps, poursuit le texte, ils ont noté avec satisfaction des actions engagées pour l’établissement de jumelages entre communes frontalières.

Au plan sécuritaire, les chefs d’État se sont félicités du niveau de collaboration entre les services spécialisés avant d’insister sur la nécessité de multiplier les contacts d’information et de concertation, notamment entre les ministres chargés de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité pour prévenir et lutter efficacement contre le terrorisme et la criminalité transnationale.

Toujours selon le communiqué, ils ont marqué leur intérêt pour les enjeux liés au phénomène migratoire et au développement et ont exprimé leur soutien à l’initiative pour la tenue d’une conférence Europe-Afrique sur les questions de migration et de partenariat pour le développement.

En ce qui concerne le secteur des transports, ATT et son hôte se sont réjouis de l’achèvement des travaux de construction de la route Aïoum El Atrouss-Gogui-Nioro du Sahel et se sont engagés à tout mettre en œuvre pour la réalisation des axes Tidjikja-Kiffa-Selibaby-Kayes, Nema-Nara et Nema Bassikounou-Tonka-Nampala-Niono.

Amadou Toumani Touré et Ely Ould Mohamed Vall se sont par ailleurs félicités du niveau de collaboration dans le cadre de la lutte contre le péril acridien et ont engagé les ministres concernés à renforcer la coopération en matière d’échanges d’informations et d’expériences dans des domaines comme la recherche agronomique et vétérinaire, la qualité des produits d’élevage et la production d’aliment de bétail.

A cet effet, le chef de l’État mauritanien a exprimé au président Touré les remerciements sincères de son pays au peuple malien pour les facilités dont bénéficient les éleveurs mauritaniens en transhumance sur notre territoire.

Les deux chefs d’État ont exhorté les opérateurs économiques privés maliens et mauritaniens à instaurer un partenariat dynamique et multiforme en vue d’accroître les échanges commerciaux et les investissements.

Aux plans sous-régional, régional et international, les deux chefs d’État ont pu constater une identité de vues sur plusieurs sujets, assure le communiqué.

Enfin, Amadou Toumani Touré qui a salué les succès appréciables enregistrés dans le processus de transition démocratique enclenché le 3 août dernier en Mauritanie, a invité son homologue à effectuer une visite officielle dans notre pays. L’invitation est acceptée et la date sera fixée par voie diplomatique.

A. L.

Maliens de Guinée et de Mauritanie : la colonie qui rit et celle qui se déchire

Conformément à une tradition qu’il s’est imposée, le président de la République, de passage à Conakry et à Nouakchott, est allé à la rencontre des Maliens vivant dans ces deux pays.
A Conakry, c’est une communauté malienne qui n’a présenté aucune revendication particulière que le chef de l’État a rencontrée.

Au nom de ses compatriotes, le vice-président du Conseil des Maliens de Guinée s’est félicité du fait que « les Maliens de Guinée vivent en parfaite harmonie avec le peuple frère de Guinée et bénéficient d’une attention toute particulière des hautes autorités » de ce pays.

Mohamed Sidibé s’est ensuite dit satisfait de la gestion des Maliens de l’extérieur par le gouvernement. Il a ainsi salué la place réservée à nos compatriotes vivant à l’étranger dans l’attribution des logements sociaux et la réaction des autorités après les incendies survenus dans des foyers parisiens et les événements dans les enclaves espagnoles du Maroc.

En réponse, Amadou Toumani Touré a salué les autorités guinéennes pour leur hospitalité avant d’inviter nos ressortissants au respect des lois du pays d’accueil. Il a aussi expliqué à nos compatriotes la situation du pays qui se remet des graves épreuves subies suite à la mauvaise campagne agricole 2004-2005.

Le président Touré a ensuite rappelé les efforts consentis dans les domaines des infrastructures, de la baisse du prix des médicaments génériques, de l’aménagement des terres et des logements sociaux. Sur ce dernier aspect, il a indiqué que le gouvernement étudiera la possibilité d’alléger les procédures pour nos compatriotes vivant à l’étranger.

Si la rencontre fut conviviale à Conakry, le ton s’avérera différent à Nouakchott. Ici, malgré l’heure tardive et les informations faisant état de l’existence de tensions à l’ambassade du Mali, Amadou Toumani Touré a tenu à rencontrer la colonie malienne.

C’est la récente mise en place du bureau du Conseil des Maliens de Mauritanie qui a créé une vive tension entre nos ressortissants partagés entre deux tendances rivales incapables de s’accorder. Les deux camps ont continué à s’entredéchirer jusque sous les yeux du chef de l’État.

Amadou Toumani Touré n’a pas du tout apprécié cette attitude qui nuit à l’image de marque de notre pays à l’étranger.

Il a, par conséquent, appelé nos compatriotes à éviter la division et à placer l’intérêt du Mali au dessus de leur intérêt personnel. Ces conseils dispensés, ATT a apporté les nouvelles du pays à son auditoire.

A. L.

L’Essor du 08 février 2006.