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Les signes sont nombreux pour se persuader que la conférence régionale africaine de Bamako sur l’alphabétisation qui a pris fin hier, a de fortes chances de ne pas ressembler à d’autres réunions africaines demeurées sans effet. La présence massive des Premières dames africaines et leur engagement solennel de s’investir entièrement pour la cause de l’alphabétisation est une raison de croire à la réussite de ces assises.

La sensibilisation à grande échelle et à tous les niveaux qu’elles promettent aussi de mener pour sortir les Africaines de l’illétrisme est un grand motif d’espoir. Plus d’un participant à quitté le forum avec optimisme et détermination.

Il y a aussi la parfaite identité de vue de tous les responsables sur le sujet. En effet qu’il s’agisse du président Amadou Toumani Touré, des Premières dames ou des ministres, tous reconnaissent l’impérieuse nécessité d’œuvrer à la promotion de l’alphabétisation.

Tous souhaitent que plus de moyens lui soient consacrés, comme pour dire qu’aucun effort ne sera de trop pour alphabétiser une écrasante majorité d’Africains.

Ainsi à la cérémonie de clôture, l’épouse du président de la République, Mme Touré Lobbo Traoré, s’exprimant au nom des autres Premières dames du continent, le ministre de l’Éducation nationale et de la Culture au nom de ses pairs et le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga au nom du gouvernement, ont tour à tour, en des termes presque identiques, plaidé fortement en faveur de l’alphabétisation en Afrique.

Mme Touré Lobbo Traoré a, dans la synthèse établie par les Premières dames, remercié l’Unesco pour l’invitation adressée aux épouses des chefs d’État à prendre part à la conférence. Et comme pour prouver à l’institution qu’elle ne s’était pas trompée de partenaires, les Premières dames se sont engagées à inclure davantage l’alphabétisation dans leurs actions sociales notamment au niveau des fondations que nombre d’entre elles dirigent.

Elles ont en retour recommandé aux États de revoir à la hausse les budgets qu’ils alloueront à l’éducation non formelle, de mener une vaste campagne de lutte contre l’illetrisme qui gagne du terrain sur le continent.

Les Premières dames exhortent l’Unesco à accorder une place de choix à l’alphabétisation à l’avenir par la mise à disposition de fonds et de moyens conséquents. Elles souhaitent aussi que l’institution oriente davantage l’alphabétisation en direction de l’enfance déscolarisée ou non scolarisée et demandent à la société civile et au secteur privé un soutien plus marqué à l’alphabétisation.

Enfin les épouses de chef d’État insistent sur le lien très étroit existant entre l’alphabétisation, la santé et la nutrition. A ce propos, elles ont invité les partenaires techniques et financiers à prévoir dans les budgets et programmes de développement un volet spécial consacré à l’alphabétisation.

La table-ronde des ministres en charge de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle reconnaît dans sa synthèse, la nécessité de soutenir l’alphabétisation par une volonté politique plus affirmée.

L’APPEL DE BAMAKO :

Ce qui prouvera que la question constitue pour les États une priorité absolue et un droit inaliénable. Les ministres ont aussi souhaité l’accompagnement des PTF dans la mise en œuvre des programmes d’alphabétisation, l’amélioration du niveau de traitement des animateurs et facilitateurs, l’érection d’un département ministériel autonome dans chaque pays pour gérer le sous-secteur.

Ils n’ont pas manqué de demander l’engagement ferme et soutenu de l’Unesco dans les efforts des États pour éradiquer le fléau qu’est l’analphabétisme. Les ministres ont enfin suggéré l’inscription de l’éducation non formelle dans une logique de complémentarité avec le système formel.

« L’Appel de Bamako » lu par Coumba Boli de l’ADEA a rappelé aux participants l’interpellation du regretté doyen et sage Joseph Ki Zerbo qui soulignait que l’Afrique n’a qu’un choix : « éduquer ou périr« .

L’appel de Bamako fait de cette mise en garde du sage Burkinabé, un devoir et même une obligation pour tous les Africains de faire de l’alphabétisation une réalité en terme de droit humain fondamental exercé par toutes et par tous.

Quant à Noureini Tidjani Serpos, le sous-directeur général de l’Unesco pour l’Afrique qui représentait le directeur général de l’institution onusienne, il a salué l’engagement du président Touré en faveur de l’alphabétisation et a exprimé la gratitude de son institution aux ministres de l’Éducation et surtout aux Premières dames dont le nombre élevé à la conférence et la qualité des travaux constituent en soi la preuve de leur engagement dans la lutte contre l’analphabétisme.

Les résultats des travaux une fois pris en compte dans les politiques nationales de nos pays, contribueront sans nul doute à impulser toutes les actions pour l’organisation, l’accès, l’équité, la qualité et le financement de l’éducation non formelle en général et de l’alphabétisation en particulier.

Le Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga qui présidait la cérémonie de clôture a mis en garde les Africains contre les dangers de l’analphabétisme, notamment le chômage, le désœuvrement. Ces facteurs font à leur tour le lit de la paupérisation.

Le chef du gouvernement a relevé que l’analphabétisme n’est pas une fatalité et que nous devons la combattre et la vaincre. Il a, par conséquent, salué l’engagement réaffirmé de tous à Bamako en faveur de l’alphabétisation, facteur clé du développement socioéconomique.

Il s’est aussi réjoui de la détermination des Premières dames d’inclure l’alphabétisation dans la gamme de leurs actions sociales avant de remercier l’Unesco et tous ceux qui ont contribué à la réussite de la conférence.

L’Essor

13 septembre 2007.