Réunie le 29 janvier 1992 au stade Omnisports de Bamako, la Conférence nationale de l’Adéma/PASJ a choisi, à l’unanimité des délégués des 55 circonscriptions électorales du pays, Alpha Oumar Konaré comme candidat du parti à l’élection présidentielle de 1992.
La première élection présidentielle du Mali démocratique est remportée par Alpha Oumar Konaré après un deuxième tour qui l’a opposé à Tiéoulé Mamadou Konaté (paix à son âme), leader du Bloc pour la démocratie et l’intégration africaine (Bdia/Faso jigi), une scission de l’US-RDA. Investi le 8 juin 1992 à la tête de la République du Mali pour un mandat de cinq ans, Alpha Oumar Konaré sera réélu en mai 1997 pour un nouveau mandat de cinq (5) ans.
Désigné comme « L’homme du peuple » Alpha Oumar Konaré, fils d’enseignant, est né le 2 février 1946 à Kayes. Après ses études primaires dans cette ville et secondaires à Bamako, à Dakar (Sénégal) et à Kayes, il fera son entrée à la section lettres de l’Ecole normale secondaire de Katibougou (Koulikoro), d’où il sortira major en 1964.
A 18 ans il fut enseignant, et va interrompre momentanément cette activité professionnelle, en 1965, pour intégrer l’Ecole normale supérieure (EN Sup) de Bamako (histoire et géographie), d’où il sortira également major en 1965. Il poursuivra ensuite des études post-universitaires à Varsovie (Pologne) où il décroche en 1975 son doctorat de 3e cycle dans la spécialité histoire/archéologie.
A son retour au bercail, Alpha sera chargé de recherches à l’Institut des sciences humaines (ISH). De 1975 à 1978, il dirigea la division du patrimoine historique et ethnographique au ministère chargé de la Culture. Appelé au gouvernement pour occuper le portefeuille de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture, le premier président malien démocratiquement élu, siégera de mai 1978 à août 1980, date à laquelle il démissionnera pour raison de divergences politiques avec le régime du général Moussa Traoré.
Alpha le syndicaliste
Humaniste et grand homme de culture, militant des causes justes, fin politique averti et homme d’Etat patient et visionnaire, le premier président de l’Adéma/PASJ Alpha Oumar Konaré posera les jalons d’une démocratie citée en exemple en Afrique et dans le monde.
Militant syndicaliste, il fut l’un des fondateurs de l’Association des élèves de l’Ecole normale supérieure, du Syndicat national de l’éducation et de la culture (Snec) et de la Coopérative culturelle Jamana, créée en 1983, et sera directeur de publication du journal « Les Echos », édité par cette Coopérative et dont le premier numéro fut lancé le 17 mars 1989, date anniversaire de l’assassinat du leader estudiantin Abdoul Karim Camara dit Cabral.
C’est sûrement à travers ses activités journalistiques, qu’Alpha Oumar Konaré va, avec d’autres camarades, contribuer le plus à l’éveil des consciences des populations face au règne dictatorial du pouvoir militaire. Alpha aura été de tous les combats qui ont permis la chute de la dictature militaire et l’avènement de la démocratie au Mali, en mars 1991.
Intellectuel clairvoyant et organisateur d’hommes, Alpha à la tête de la République du Mali a pu répondre aux attentes de ses concitoyens dont le souci majeur était un Mali libre et démocratique. Homme d’une très grande modestie, le président Alpha Oumar Konaré, dans une dynamique de grande sagacité a redonné confiance à ses compatriotes en faisant régner dans le pays une vision optimiste, c’est-à-dire en donnant la preuve que les choses pouvaient réellement changer dans le bon sens.
Idéaliste mais pragmatique, Alpha, va, au cours de son second mandat, inscrire ses actions prioritaires dans une dynamique de lutte contre la pauvreté qui est encore le lot quotidien de l’écrasante majorité de la population malienne. Dans le but de mieux gérer, dans la transparence et l’équité, les finances publiques au profit des populations et de préserver les maigres ressources de l’Etat, le président de la République du Mali a engagé son gouvernement dans une lutte probante contre la corruption et la délinquance financière.
Alpha le diplomate
Sur le plan internationaliste, Alpha s’est surtout distingué par son engagement panafricaniste convaincu, à la Commission de l’Union africaine (UA) qu’il conduit durant deux mandants au cours desquels l’ancien président du Mali a posé des actions honorables dans la gestion des grandes crises qui assaillent notre continent.
Rentré au pays de façon honorable, Alpha contrairement aux mauvaises langues, dit à celui qui veut l’entendre « Je ne suis pas partant pour 2012 ». Cependant, il entend poursuivre son combat pour plus de justice, de démocratie et de développement.
Amadou Waïgalo
23 Octobre 2008