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Pour juguler les difficultés alimentaires consécutives au déficit céréalier de 347 000 tonnes à l’issue de la campagne agricole 2004-2005, le Mali avait mis à contribution son stock national de sécurité alimentaire de 35 000 tonnes et le fonds de sécurité alimentaire de 5,5 milliards de F Cfa. Pendant la campagne agricole 2004-2005, la faible pluviométrie et l’agression des criquets pèlerins avaient plongé 103 communes en difficultés alimentaires et 83 autres en difficultés économiques. A l’époque, le système d’alerte précoce avait estimé qu’un million de personnes étaient concernées. Grâce au dispositif mis en place, notre pays a pu gérer cette situation. Mais convaincu que le niveau du stock national de sécurité alimentaire de 35 000 tonnes n’est plus suffisant pour faire face à des crises majeures, le gouvernement avait souhaité son augmentation à 70 000 tonnes. Mais, les partenaires du Mali ont émis des réserves.
Selon eux, la gestion d’un stock de 70 000 tonnes de céréales entraînerait des dépenses trop importantes. Face à ce refus poli, le Premier ministre, de commun accord avec les partenaires techniques et financiers, a commandité une étude. En attendant les résultats de cette étude, le gouvernement a demandé au Commissariat à la sécurité alimentaire de prendre des dispositions pour la reconstitution du stock national de sécurité alimentaire. Au même moment, le gouvernement s’est donné les moyens de constituer un stock de souveraineté de 35 000 tonnes. Depuis le conseil national de la sécurité alimentaire du 20 octobre 2005, le Premier ministre Ousmane Issoufi Maiga a instruit au Commissariat à la sécurité alimentaire de démarrer ses opérations d’achat de céréales. Cette décision du premier ministre avait été motivée par la présence sur les marchés maliens d’acheteurs étrangers. Dans l’impossibilité d’interdire la sortie des céréales du territoire national, les autorités ont estimé que l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM), à travers ses fournisseurs, pouvait aussi écumer les marchés pour la reconstitution du stock national de sécurité. « C’est dans ce contexte que nous avons engagé notre premier programme d’achat de 12 000 tonnes de mil et sorgho, grâce à un financement du programme de restructuration du marché céréalier », a indiqué Youssouf Touré, directeur général de l’OPAM.

Le deuxième programme d’achat exécuté par l’OPAM porte sur 8 000 tonnes de céréales. Cette opération financée par le gouvernement à 1 milliard de F Cfa est destinée à la constitution des 35 000 tonnes de stock de souveraineté. Le troisième programme, en cours d’exécution par l’OPAM, est financé par le PRMC et porte sur 9 000 tonnes. Les perspectives sont prometteuses. Si tout marche comme prévu, le Mali va bénéficier d’une aide japonaise de 4 milliards de F Cfa pour acheter 35 000 tonnes de céréales dont 10 000 tonnes de riz. Des experts de la sécurité alimentaire sont formels : « Cela va permettre au gouvernement de boucler son stock de 35 000 tonnes de souveraineté et sera mis à profit pour boucler le programme des banques de céréales et étendre les ventes d’intervention ». Le directeur de l’OPAM a indiqué que les 10 000 tonnes de riz et 5 000 autres tonnes mises à la disposition du Mali par le gouvernement japonais et en cours de réception seront utilisées pour assurer l’approvisionnement des marchés pendant la période de soudure. A ces 15 000 tonnes, il faut ajouter 1 500 tonnes de riz déjà disponibles dans les magasins de l’OPAM au titre du reliquat d’un achat financé par la Banque islamique de développement pour aider le pays à juguler la crise passée. « Comme vous le voyez, après la grande crise, toutes les dispositions sont prises pour mettre le Mali à l’abri d’une éventuelle surprise », a estimé le directeur général de l’OPAM.

Assane Koné

L’approvisionnement de l’OPAM : ce qu’il faut savoir Au début de chaque campagne d’achat, un groupe de travail se réunit au Programme de Restructuration du Marché Céréalier (PRMC). Sur la base des informations de l’Observatoire du Marché Agricole (OMA), le groupe de travail détermine le prix auquel l’OPAM est habilité à acheter les céréales. Les textes de l’OPAM l’autorisent à acheter par offre publique d’achat ou par appel d’offre. Cependant, depuis une dizaine d’années, les donateurs du PRMC ont marqué leur préférence pour la formule de l’offre publique d’achat. Selon eux, cette méthode évite les ententes préalables entre les opérateurs économiques. L’offre publique d’achat, préférée à l’appel d’offre, permet à l’OPAM de demander aux opérateurs économiques de lui fournir du mil et du sorgho à un prix fixé par le groupe de travail qui se réunit au niveau du PRMC. A partir de cet avis, les opérateurs s’adressent à l’OPAM et font des offres de fournitures si le prix est rémunérateur. Mais, s’il n’est pas rémunérateur, les opérateurs seront réticents à faire des offres de fournitures. Cela obligera le groupe de travail du PRMC à se réunir pour revoir le prix. Dans ce schéma, l’OPAM n’est pas directement en contact avec les producteurs. L’idéal serait de le voir acheter directement aux paysans. Mais, à la date d’aujourd’hui, l’OPAM n’est pas outillé pour cela. Le schéma d’achat applicable actuellement à l’Office ne fait aucune place à un préfinancement des achats. Les opérateurs économiques financent leurs achats auprès des producteurs et les transportent jusqu’aux différents magasins de l’OPAM pour livraison. Après le contrôle de qualité, le magasinier et le délégué de l’OPAM ou l’agent administratif signent le bon d’achat et la fiche de paye. Muni de ces documents, l’opérateur économique lève sa facture pour se faire payer au niveau de la direction générale de l’OPAM.

A.K

18 avril 2006