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C’est seulement après cette première alerte chaude que les autorités du Mali ont pris à bras le corps la lutte contre l’ennemi commun. Un PC opérationnel a été installé, à l’époque au sein du ministère de l’Agriculture qui coordonnait les actions de lutte anti-acridienne.

Beaucoup d’observateurs ont affirmé que tous les pays envahis par les criquets avaient été prévenus de l’imminence de ce danger depuis janvier 2004, soit 6 mois avant la catastrophe.

Un malheur ne venant jamais seul, ce premier dégât a été suivi d’une pluviométrie capricieuse (pluies mal réparties et hauteurs insuffisantes). Tout cela a grevé nos récoltes d’un déficit céréalier de 347 000 tonnes.

Sur les 703 communes du Mali, 101 sont aujourd’hui en difficulté alimentaire avec comme corollaire 1.150.000 personnes de 93 communes menacées de famine.

L’appui du gouvernement à ces populations s’est traduit par la distribution gratuite de 9 146 tonnes de céréales dans 83 des 93 communes touchées, l’importation de 60 000 tonnes de riz et la commercialisation de 15.000 tonnes d’aliment bétail tous exonérés de TVA.

Malgré ces efforts tardifs certes, mais méritoires de nos «guerriers», le danger criquet n’a pas été entièrement endigué. En ce mois de mai 2005, après seulement quelques fines pluies, plusieurs villages du Mali revoient avec stupeur la réapparition des criquets.

Les localités de Diafounou, Dily, Goumbou, Nara et Mourdiah signalent déjà des passages d’essaims serrés qui comme en 2004 s’abattent sur les derniers arbres rescapés et sur les épineux.

La FAO, la Banque Mondiale et les autorités des pays menacés se doutaient bien de ce retour des acridiens. C’est face à ce danger que les 6 pays du Sahel ont tenu à Bamako du 25 au 29 avril derniers un atelier sous-régional.

Objectif : planifier les plans nationaux de lutte contre les criquets en 2005. Ils étaient assistés pendant ces 5 jours de travaux des experts de la FAO, de la Banque Mondiale et des spécialistes de la lutte anti-acridienne.

Après ces travaux, tous ces spécialistes ont procédé jeudi dernier à une restitution des résultats de leurs travaux. Avec l’appui de ces partenaires financiers et experts techniques, on peut espérer que la lutte contre les criquets migrateurs sera plus efficace cette année.

Quant à nous, simples novices, nous pensons que la lutte doit s’engager dès maintenant. Cela d’autant plus que l’on observe déjà des essaims de criquets dans plusieurs localités du Mali. Comme dit l’adage «rien ne sert de courir il faut partir à temps».

Cette année, nul ne pourrait, une deuxième fois, pardonner à notre ministère de l’Agriculture et à toutes nos autorités de ne pas sortir vainqueur de la lutte anti-acridienne.

Pour ce faire, nous pensons qu’il faut un système d’alerte efficace, des moyens de lutte adaptés, et la promptitude de réaction contre le moindre essaim.

Tiémoko TRAORE

9 mai 2005