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A l’auto gare de Sogoniko, où il se passait des choses que nous avions déjà dénoncées plusieurs fois dans nos colonnes, a fait les frais d’une descente démolition. Mais déjà, nous osons espérer que ces actions ne sont pas des feux de paille et qu’elles ne visent pas seulement à donner à Bamako un éphémère visage présentable en prévision du sommet Afrique-France qui se tiendra bientôt dans notre pays. Et qu’elles continueront au-delà de l’événement.

Mais déjà, la brigade des mœurs doit continuer et justifier ses missions. L’une de celles-ci consiste en la protection des mineurs, tous les mineurs. Or dans l’entendement populaire, la notion de mineur ne s’applique qu’aux seules filles qui n’ont pas atteint la majorité. Ce qui fait que les garçons du même âge sont ignorés ou oubliés. Pourtant, c’est surtout chez ces garçons que la prévention et la répression doivent être importante.

En effet, les constats quotidiens et les statistiques démontrent à suffisance que les taux de banditisme et de criminalité, de délinquance juvénile sont plus élevés chez le sexe masculin. Il se trouve que hommes, bandits ou criminels, ont été d’abord des enfants, qui ont grandi dans des environnements à leur développement.

Aujourd’hui, un tour dans les cabarets, notamment dans les quartiers populaires et/ou périphériques, permettra de faire le constat de la présence de plusieurs garçons. Certains consomment de l’alcool mais la plupart se drogue déjà en inhalant les gaz de certains produits chimiques dont de la colle forte, utilisée par les menuisiers ou cordonniers, et/ou de la dissolution utilisée pour coller les chambres à air.

Des produits beaucoup moins cher que les drogues classiques et qu’ils peuvent se procurer facilement et presque partout. Leurs revenus ? Ils sont cireurs de chaussures ; vendeurs de cigarettes ou de bricoles, coxeurs, mendiants, etc. pour certains ; voleurs, escrocs vivant de larcins et de rapines pour d’autres. Ils évoluent avec des adultes déjà mal barrés qui les utilisent abusivement et leur refilent souvent de la petite monnaie.

La plupart de ces enfants, déjà délinquants, sont sans domiciles, passent leur nuit à la belle étoile, dans les marchés, les terrains vagues et autres découverts, lieux sur lesquels les ignorent les services de protection des enfants. En oubliant qu’ils sont des criminels en puissance sinon en acte.

Pour en revenir à la démolition des bordels de Sogoniko, le geste est certes louable, mais doit être suivi de certaines mesures d’accompagnement car il y aura des retombées négatives. Les services de la mairie du district n’ont fait que démolir, en interpellant quelques proxénètes tout en oubliant que la plupart de ces filles délogées appartiennent à des réseaux de malfaiteurs.

En outre, elles vivent avec des bandits et criminels qui n’ont pas été raflés. Tout ce beau monde se trouve actuellement au centre ville à la recherche de nouveaux territoires à conquérir. L’effet ne s’est pas fait attendre car, en commune II par exemple, il y a une recrudescence des cas de vols et d’agression.

Les accusations sont portées sur les anciens pensionnaires des maisons closes de Sogoniko. Dans le quartier de Médina-coura, par exemple, il n’y a que quelques rares endroits où ces malfrats peuvent avoir trouvé refuge, des endroits connus des éléments du commissariat de police du 3è arrondissement qui les visitent régulièrement.

Il s’agit maintenant pour la police de cette commune à faire en sorte que les personnes et les biens de ces quartiers soient sécurisés ; ils le peuvent car la traditionnelle excuse du manque de moyens humains et matériels ne tient pas puisqu’ils peuvent à tout moment localiser les malfrats, sachant déjà ou les cueillir.

Ch. A Tandina – 25 février