Lors de la fête de Ramadan 2008 au Mali, ce n’est pas le thème de la vie chère qui a dominé les causeries, mais plutôt les derniers évènements qui ont touché deux des membres du gouvernement. Car l’un est engagé dans une procédure politique, tandis que l’autre fait l’objet d’une procédure judiciaire.
Ahmed Sow, face aux enquêteurs
En effet, Ahmed Sow a été obligé de quitter, le 29 Septembre 2008, son poste de ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, pour se mettre à la disposition des enquêteurs de l’Union Européenne. Du coup, il est le deuxième proche du Président de la République, après Mme Ba Fatoumata Nènè Sy, à quitter trop tôt le navire Modibo Sidibé. C’est Mamadou Igor Diarra, précédemment PDG de la BIM-SA, qui le remplace à ce poste.
En quittant le gouvernement, Ahmed Sow tentera de mieux organiser sa défense. Déjà, on lui reproche le fait de ne pas rester tranquille, malgré la poursuite judiciaire lancée contre lui par l’Union Européenne. Il faut tout de même préciser que la procédure n’est qu’au stade des enquêtes, et ce qu’on retient contre le désormais ex-ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, ce sont des indices de culpabilité. C’est la suite des enquêtes qui prouvera s’il est coupable ou pas. Aussi faudrait-il un procès, avec le prononcé d’une décision de condamnation, pour remettre en cause son innocence.
Quid de Oumar Touré?
Quant à Oumar Ibrahim Touré, bien qu’il reste à son poste au sein du gouvernement, sa responsabilité est déjà établie. A preuve, il est suspendu de toutes les activités de l’URD pour “travail fractionnel”. On accuse également le 2eme vice-président de l’URD de s’agiter après le prononcé de la sanction, alors que les textes lui permettent plutôt, pour le moment, de se pourvoir devant la commission nationale d’arbitrage et de conciliation, contre la décision du BEN. Il va batailler dur pour assurer sa propre défense dans la procédure politique qui l’oppose à son parti, afin que la suspension de six mois n’aboutisse pas à son exclusion pure et simple de l’URD.
Faut-il le rappeler, par un communiqué daté du 28 Septembre 2008 portant la signature de Mamadou Diawara, secrétaire général adjoint, représentant le président du parti, le Bureau Exécutif National de l’URD a décidé de sanctionner le 2ème vice-président du parti.
Le BEN a pris sa décision, lors de sa réunion ordinaire du samedi 27 Septembre 2008, après examen du procès-verbal et la résolution de la conférence extraordinaire de la section de Ségou tenue le 6 Septembre dernier, relatif aux agissements et comportements de M. Oumar Ibrahim Touré, 2e vice-président du parti.
Le BEN sévit
Selon le communiqué, le BEN reproche à Oumar Ibrahim Touré de “se réunir nuitamment avec plus d’une dizaine des secrétaires généraux de sous-sections convoqués à cet effet par des personnes non habililées et n’appartenant pas aux structures du parti, mais surtout en évitant soigneusement d’en informer les membres du bureau de la section” .
Entendu au sujet de ses agissements et comportements, les explications et justifications du 2ème vice-président n’ont pas convaincu la majorité des membres du BEN présents à cette réunion, poursuit le communiqué. Et comme “le travail fractionnel est fortement préjudiciable à la cohésion et à l’unité du parti, le BEN a donc voté à une majorité absolue la sanction de suspension pour six mois, à compter du 27 septembre 2008, de M. Oumar Ibrahim Touré, de toutes les activités du parti” .
Le communiqué précise que Oumar I. Touré a pris part à toute la procédure de suspension et a même apporté ses contributions quant au respect strict des textes en la matière. Cette sanction lui a été notifiée séance tenante en lui précisant la possibilité de faire appel devant la commission nationale d’arbitrage et de conciliation dans les 15 jours suivants, conformément aux textes du parti.
Les langues se délient
Après le prononcé de cette sanction, les commentaires fusent tant à l’URD que dans la classe politique. “On ne sait pas pourquoi Oumar Ibrahim Touré s’agite tant. S’il n’avait pas eu un poste, on pouvait comprendre ses agissements, parce qu’on fait la politique pour améliorer ses conditoins. Mais Oumar I. Touré est ministre depuis 2002. Il a fait le premier mandat d’ATT et il participe au second. Peut-il alors dire que l’URD ne lui a rien apporté? Que dire des autres qui n’ont même pas eu encore la chance d’être nommés simples chargés de mission?”, s’est interrogé ce membre de l’URD.
“Personne ne sait ce que veut Oumar I. Touré. Il est l’enfant gâté du parti, pourtant il est le seul à faire du travail fractionnel. C’est Soumaïla Cissé qui lui a tout permis. Aujourd’hui, avec son portefeuille ministériel, la moutarde lui est montée au nez, et il pense en imposer aux autres. N’est-ce pas lui qui a l’habitude de déclarer dans la presse qu’avec ou sans l’accord de Soumaila, il briguera la présidence de son parti? ”, dira ce responsable d’un des partis politiques de la place.
“ Je pense que la sanction qui frappe Touré n’est pas mauvaise en soi. Le BEN veut faire comprendre à toutes et tous que le travail fractionnel n’est pas bon dans une formation politique comme l’URD qui se veut un parti politique fédérateur. Or, à force de chanter qu’il fait partie de ceux qui ont démissioné de l’ADEMA pour créer l’URD, qu’il a participé à l’ancrage de ce parti, Oumar Ibrahim Touré tient un discours qui gêne plus d’unsau sein du parti, car certains sont venus à la suite de fusion, d’autres après dissidence de leurs partis politiques respectifs”, explique cet autre responsable politique.
“Au début de ses agissements, j’ai cru à une méprise. Mais je me rends compte que 0umar Ibrahim Touré n’est plus le même quand on quittait l’ADEMA. Le pouvoir l’a considérablement changé. Je pense aussi que son entourage et ses courtisans sont pour beaucoup dans ses agissements au sein des son parti”, reconnaît cette dame qui a participé à la création de l’URD.
A la différence de Oumar, elle ne voudrait pas qu’on vexe les autres qui sont venus avec une revendication ayant trait à un quelconque statut de membre fondateur au sein du parti.
Comme on le voit, les agissements et comportements de Oumar I. Touré ne sont bien acceptés tant à l’URD que dans l’opinion. Mais le BEN ne semble pas opter pour la rupture avec lui, puisque la suspension de six mois est pédagogique, et le 2è vice-président peut se ressaisir en faisant appel de la sanction.
Par ailleurs, il peut se frotter les mains pour n’avoir pas écopé des mêmes sanctions que son collègue NDiaye Bah de l’Artisanat et du Tourisme. En effet, le secrétaire général du CNID avait été exclu du parti pour des agissements similaires.
Pour regagner les rangs, Oumar I Touré ferait-il lui aussi son mea culpa, comme l’avait fait, en son temps, son camarade du CNID, ou fort des propos de son entourage et de ses courtisans, irait-il jusqu’au bout dans son bras de fer contre le BEN?
Oumar SIDIBE
06 Octobre 2008