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Incubé par “Bamako Incubateur”, Agri Innova est une ambitieuse Start-up malienne qui offre des engrais purement “bio” et multifonctionnels qui agissent sur la fertilisation, la lutte contre les insecticides et les herbes nuisibles. Formé dans le cadre du projet Genesys Start-up sous la houlette de Bamako incubateur, Agri Innova a su s’imprégner des difficultés que rencontrent les paysans et agriculteurs maliens pour pallier avec efficience à leur problématique de sauvegarde de l’environnement. Ils travaillent d’arrache-pied pour continuer à innover dans leur domaine devenu aujourd’hui une urgence majeure pour répondre aux problématiques environnementales sur l’échelle mondiale. Et le groupe ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Pour l’instant, la problématique du financement de leur projet reste un obstacle significatif à leur épanouissement. Mais rien ne semble ralentir la cadence de cette jeune entreprise pour continuer à proposer des solutions efficaces et surtout pas chères. Car au cœur de leur stratégie d’après eux, il y’a une philosophie “pro-pauvre” qui promeut un accès équitable à toute sa clientèle sans exception aucune sur un prix moyen de 15.000 FCFA le sac de 50 kg.

Quels sont les projets à long terme? Leur message à la population et au gouvernement? Leurs partenaires? Ci-dessous, les réponses de la startup.

Pouvez-vous nous expliquer en détail ce qu’est le projet Agri innova ?

Le projet Agri Innova est une initiative des jeunes étudiants de plusieurs universités Maliennes qui consiste à valoriser les déchets organiques municipaux pour en faire un engrais bio avec une triple action (fertilisation, lutte contre les insecticides et les herbes nuisibles).

A partir de quel constat avez-vous lancé la start-up ?

Dans nos analyses, nous avons remarqué que les paysans qui utilisent de l’engrais organiques sont obligés d’avoir recours aux produits chimiques pour lutter contre les herbes et les insectes. Chose qui nous a inspirée la mise en place d’un engrais organique multifonctionnel. Deux autres inquiétudes majeures soulevées par les agriculteurs sont le délai de réponses et la rentabilité de l’utilisation de l’engrais bio. Nous comptons pallier ces inquiétudes en proposant un engrais bio qui aura les mêmes délais de réponse que l’engrais chimique dès la seconde année d’utilisation tout en améliorant considérablement le rendement du sol et la productivité des plantes. Nous sommes une start-up composée de dix membres et nous travaillons jour et nuit pour proposer d’autres choix que l’engrais chimique aux paysans maliens dans le but de protéger l’environnement et la santé des consommateurs des produits de culture.

Qui vous soutient dans ce projet ?

C’est d’abord notre incubateur Bamako Incubateur. C’est à lui que nous devons notre équipe. C’est à la suite d’un partenariat entre Bamako Incubateur et les différentes universités (Institut des Sciences Appliquées, I’ Institut Universitaire de Gestion de Bamako et la Faculté des Sciences technique), au compte du projet GENESIS Start-up que nous avons eu l’occasion de développer ce projet. A ce jour, nous bénéficions toujours de l’accompagnement de Bamako Incubateur et les autres partenaires du projet. Par ailleurs, au niveau technique, nous bénéficions du soutien de l’ISA pour tout ce qui est relatif aux travaux pratiques avec les déchets.

Vous avez des projets à court et long terme pour le Mali ?

Nos objectifs à court terme c’est de parvenir à proposer un engrais bio répondant aux besoins des paysans Maliens. Et à long terme nous visionnons de devenir une très grande entreprise réputée en Afrique dans notre domaine, avec beaucoup plus de solutions pour pallier l’utilisation de l’engrais chimique.

La protection de l’environnement est au centre de vos préoccupations ? Que pensez-vous de cet écosystème au Mali ?

L’environnement est au cœur de nos préoccupations, le fait d’avoir les déchets comme matière première le démontre car à travers notre projet, nous proposons une solution pour la gestion des déchets municipaux. Nous dirons qu’il reste beaucoup à faire au Mali pour avoir un écosystème sain, en premier lieu nous exhortons les politiques à soutenir ces genres d’initiatives.

En effet, l’Etat accorde des subventions à l’engrais chimique jusqu’à hauteur de 32 milliard par an et ce sont ces mêmes produits chimiques qui polluent notre environnement.

C’est un appel qu’on lance à l’Etat de faire confiance à ceux qui proposent des solutions pour le bien de la population et dans le sens de la protection de l’environnement. En deuxième lieu, nous exhortons la population et plus principalement les agriculteurs à un changement d’habitude. C’est vrai que l’engrais chimique est rentable mais à quel prix ? Certes le chemin sera long avec les solutions bios mais il faut y croire et de plus c’est un chemin qui garantit un avenir sain pour tous.

Aissata Keita

Bamako, le 13 Novembre 2018

©AFRIBONE