En dépit des accords signés entre le Snesup et les autorités pour la sécurisation de l’espace scolaire et universitaire, les autorités maliennes tardent à trouver une solution à ce problème récurrent. Pour preuve, après Djibonding Dembélé et Ibrahima Cissayé, le professeur Souleymane Dé a été victime d’une agression, de surcroît par les forces de l’ordre.
Après l’agression du chef de DER (Directeur des Etudes et de Recherche), Ibrahim Cissayé et du professeur de droit administratif, Djibonding Dembélé de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP), le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur (Snesup) avait vivement protesté pour que des sanctions et des mesures soient prises à l’endroit des agresseurs au sein de l’espace scolaire et universitaire.
Dans cette optique, un protocole d’accord avait été signé, il y a quelques mois entre les responsables du Snesup et ceux de quatre ministères (sécurité intérieure et protection civile, administration territoriale et collectivités locales, enseignement secondaire, supérieur, de la recherche scientifique et le ministre de la justice pour la sécurisation de l’espace scolaire et universitaire.
Mais le constat est que ce protocole n’a pas été respecté, parce que les professeurs continuent d’être agressés. La dernière agression date du 17 septembre dernier. Elle a été faite sur la personne du professeur assistant en droit public de la FSJP, M. Souleymane Dé par les policiers chargés du service de maintien d’ordre de ladite faculté. Pourquoi a-t-il été tabassé par les policiers ?
En fait, c’est pour réfléchir sur une proposition de sortie de crise à laquelle la faculté est confrontée, que les professeurs assistants avaient pris rendez-vous avec le doyen Harouna Dembélé pour une séance de travail. Initiateur de cette rencontre, il est venu le premier à la FAC. Mais, il sera bloqué à la porte par les agents de la police. Malgré les explications données, ils n’ont pas voulu le comprendre. «On se fiche de vos explications. Les ordres sont les ordres, on a même l’habitude de refuser l’accès de la faculté au doyen Harouna Dembélé à plus forte raison un simple professeur.
La police est la loi, nul ne peut outrepasser la loi, m’ont-ils fait savoir avant de s’emparer de ma moto et de mon ordinateur qu’ils jetèrent à terre. Face à leur détermination, j’ai téléphoné à Harouna pour l’informer de la situation qui prévaut. En descendant de la colline, j’ai été intercepté par les agents qui sont au niveau de la faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FSEG). Eux m’ont molesté, jeté à terre et menotté. Grâce à l’intervention du doyen, ils m’ont laissés partir».
Comme conséquence de cette agression, aucun enseignant n’est prêt à s’exposer aujourd’hui et à prendre des initiatives pour la sortie de crise. Après l’acte crapuleux des agents de police, le Comité syndical de Snesup FSJP/FSEG a directement écrit au ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection Civile, Sadio Gassama pour qu’il prenne les mesures qui s’imposent afin que les agents agresseurs ou fautifs soient sanctionnés.
Mais depuis, les responsables du Snesup ignorent les dispositions qui ont été prises par Sadio Gassama à l’encontre des agents agresseurs.
Ainsi, inquiet de la culture de l’impunité qui est en train de s‘installer à la FSJP, le Comité syndical Snesup FSJP/FSEG a animé une conférence de presse jeudi 6 novembre 2008 à la Maison de la presse. D’une part pour condamner avec la dernière rigueur le traitement dégradant des agents à l’endroit de Souleymane Dé.
D’autre part, pour prendre l’opinion nationale à témoin avant de déclencher des actions de cessation de travail. Animée par le secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur, Abdou Mallé, le secrétaire général du Comité syndical Snesup FSJP/FSEG, Djibonding Dembélé et l’agressé lui-même, la conférence devait avoir lieu le 31 octobre dernier. Mais le forum sur l’éducation qui est un événement national a motivé son report.
Les syndicalistes déclarent qu’ils ne seront jamais intimidés par qui que ce soit et que l’Etat n’a qu’à prendre des dispositions contre l’insécurité qui règne au sein de l’espace scolaire et universitaire afin qu’ils n’arrêtent pas tout un jour. «Nous ne sommes pas d’accord avec la violence qui règne à l’école, la manipulation des examens et l’immixtion du ministère dans les affaires des facultés. Il faut qu’on ait la liberté de circuler» a déclaré Abdou Mallé.
Est-ce que nous devons continuer à être en insécurité dans nos familles, dans la circulation, dans nos services ? s’est interrogé le secrétaire général du Snesup. Et de conclure : «si jamais ils n’arrêtent pas de nous harceler et que des dispositions ne sont pas prises pour nous protéger, un jour on arrêtera tout. Dans ce cas, on convoquera un forum national sur le comportement des Maliens».
Pour Djibonding Dembélé, ceux qui pensent les intimider se trompent, car ils ne céderont à la pression de personne. Rappelons que les motifs des agressions de Djibonding et de Ibrahima sont presque les mêmes. Le premier a été tabassé, car il s’est opposé clairement au repêchage des étudiants qui ont eu 6 et 7 de moyenne. Le deuxième a refusé de trafiquer les notes des examens. En tout cas, le forum sur l’éducation a recommandé que la violence doit disparaître de l’espace scolaire et universitaire.
H.B.D
07 Novembre 2008