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Certes, l’Apartheid a fait des centaines et des centaines de morts. Certes, dans cette Afrique australe longtemps dominée par l’arrogance d’une minorité, les larges couches noires étaient, dans tous les pays, des majorités opprimées. Mais le combat de toute une vie pour Mandela, c’est bien l’égalité et la justice.

L’Afrique du Sud doit donc s’interdire les discours extrémistes entendus de part et d’autre d’une ligne communautariste qui est plus aujourd’hui plus un point de rupture que de suture pour la nation arc en ciel. A cet égard, le meurtre d’Eugene Terreblanche est une redoutable épreuve pour Zouma, l’ANC et le Mouvement Afrikaaner.

Le président sud africain a été clair : le crime sera puni et l’Afrique du Sud doit surmonter aujourd’hui les démons de la division. Partout dans le pays, les appels au rassemblement, à la réconciliation et à l’unité se font entendre. Peut-être arriveront-ils à avoir raison des propos séparatistes d’une minorité de la minorité blanche ou des emportements passionnels de nombreux jusqu’au boutistes noirs. Il faut souhaiter l’apaisement au plus vite.

Car la première puissance de l’Afrique et par ailleurs vingtième économie du monde est aussi et malheureusement le pays des problèmes gelés plutôt que gérés. Vitrine des inégalités les plus criardes, il est sans doute demain, le terreau de violences qui ensanglanteront le rêve de Mandela, si une réponse déterminée et exhaustive n’est pas apportée au mal. A sa racine donc.

Car là est tout le problème. Trente mille fermiers blancs emploient huit cent mille actifs agricoles et l’ANC en est consciente et préoccupée. Elle n’aimerait pas que ce problème réel soit aussi mal réglé qu’au Zimbabwe . Mais comment s’assurer de la patience d’une communauté noire qui salive devant la galaxie huppée de Stanton avant de s’en retourner le soir dans entre les punaises de Soweto ?

Moins d’un pour cent de la population possède 70% des richesses nationales. Et comme par hasard cette minorité est blanche alors que les crève la faim, eux, sont noirs. Structurellement donc, un problème de justice sociale et de redistribution est posé devant lequel les Sud africains pourraient se montrer de plus en plus impatients.

Et même s’ils aiment brûler les réfugiés zimbabwéens comme ils l’ont montré lors d’émeutes récentes, leur héros est plus le radical Mugabe que le mesuré Zouma. D’où l’urgence d’agir sur le fond mais aussi de circonscrire immédiatement l’incendie qui couve en ce moment et en ce pays de Madiba.

Adam Thiam

08 Avril 2010.