S’il est vrai que l’intégration africaine commence par sa musique -en particulier-, il est encore plus vrai que sur le plan du rythme, du son et de la danse, l’Afrique est non seulement une et indivisible, mais aussi un continent dont toutes les valeurs culturelles sont identiques.
La preuve vient d’en être démontrée par un groupe atypique, AFRICA PERCUSSIONS, dans la nuit du mercredi 12 Novembre 2008, au Centre Culturel Français (CCF), la salle bondée était émerveillée et tenue en haleine par la magie des chants, rythmes, danses et gestuelles de ce groupe aussi uni que cohérent dans l’exécution de leur prestation qui a duré une heure d’horloge (de 20 à 21 heures), et sans arrêt, s’il vous plaît.
Nadine et Patou
Cette idée géniale, qui consiste à réunir, voire “marier” deux cultures africaines (malienne et congolaise), on la doit à une femme : Mme Diakité Nadine Besnard, une femme Blanche de peau, mais Noire par le corps et l’âme. Car, au delà du fait que son mari est un Malien résidant en France, Nadine est surtout parvenue à atteindre son but : réussir l’intégration africaine par la culture, notamment la musique.
Le groupe de ces authentiques “Percussions d’Afrique” a vu le jour par la détermination d’un sociétaire des “Tambours de Brazza”, Patou Kimbally, qui a débuté sa carrière musicale en 1995, dans les “Tambours de Brazza Juniors“. En 1998, il co-fonde le groupe “Tambours Sans Frontières”. Et en 2000, il crée le groupe de percussions ”Les Lionceaux“ de Pointe Noire (Congo Brazzaville).
Durant dix ans (de 1995 à 2005), le jeune Patou enrichira son parcours artistique et musical à travers le continent africain. Ainsi, en 2004, il entreprendra une tournée en Afrique Centrale, en compagnie du Ballet National du Congo. En 2005, il fera une autre tournée, cette fois-ci au Cameroun, avec la Compagnie “Ma Nkoussou”.
C’est en 2006 qu’il débarque à Bamako, où il intègre les “Tambours Sans Frontières”. Ainsi, l’opiniâtre implication de Nadine Besnard, alliée à l’expérience de ce globe-trotter musical (Patou) feront le reste : les fondements du groupe AFRICA PERCUSSIONS viennent d’être assis.
Une intégration musicale africaine
Tout en associant magistralement les percussions traditionnelles du Congo (dont le ngoma) à celles du Mali (balafon, calebasse, doun-doun bâ, “guitare” traditionnelle dite kamalén ngoni, castagnette et maracas africains), le grouve travaille essentiellement sur les rythmes malien et congolais.
Notons que le ngoma est un tam-tam longiligne à trois pieds, attaché au musicien par une corde. La particularité du joueur est qu’il joue en effectuant des mouvements et des déplacements. L’autre particularité du ngoma, c’est que c’est un tam-tam sacré du Congo. Quant au doun-doun bâ, à la calebasse et au kamalén ngoni, ce sont les instruments de musique les plus prisés et usités au Mali.
Une particularité du groupe, toute spéciale, celle-là : aucun instrument dit “moderne” n’est utilisé ! Rien que des instruments authentiquement africains ! La fusion de ces instruments et rythmes du Mali et du Congo vise également à une ouverture vers les autres pays du continent. Une expérience parfaitement réussie par AFRICA PERCUSSIONS.
La magie du rythme et du corps
AFRICA PERCUSSIONS est composé de 5 percussionnistes de ngoma , qui jouent également le rôle de danseurs, de chanteurs d’animateurs, d’un percussionniste de doun-doun, d’un joueur de balafon et d’un joueur de ngoni : ce dernier est en même temps chanteur principal et joueur de castagnette et de maracas africains. C‘est dire que les 8 musiciens des “Percussions d’Afrique“ sont polyvalents. Et combien, dynamiques, cohérents, complémentaires et unis sur scène!
Le groupe mêle tradition et modernité. Et les musiciens danseurs renouent avec les rites et gestuelles ancestraux d’Afrique, tout en offrant au public un spectacle dominé par le chant et le langage des percussions. Le groupe est formé de musiciens maliens, de joueurs et danseurs congolais qui ont évolué dans des groupes de danse traditionnelle.
Les deux nationalités ont ainsi su parfaitement s’intégrer, à tel point qu’à les voir sur scène, on ne sait plus qui est Malien ou Congolais : voilà un parfait exemple d’intégration culturelle africaine qui mérite non seulement d’être connu en Afrique et de par le monde, mais qui doit être soutenu par les Etats et les départements africains en charge de l’Intégration Africaine, si tant est que cette Intégration demeure aujourd’hui le voeu le plus cher de tout Africain.
Oumar DIAWARA
14 Novembre 2008